Lovecraft
Et l’Esotérisme
Toujours en compagnie des Grands Anciens, nous avons le plaisir douvrir pour vous ce second « dossier dIrem », sur un sujet qui nous tient particulièrement à cur et nous démange depuis quelques éons. Celui de Lovecraft et de lEsotérisme. Comment un écrivain aussi matérialiste que Lovecraft a-t-il pu inspirer autant de courants ésotériques, voire même de susciter la création dOrdres se réclamant de son inspiration ? Nous effleurons régulièrement le sujet dans Murmures. Voici venu le moment daller plus au fond des choses. Nous vous proposons donc : La traduction du second numéro [1] de Cthulhu Rising, organe de lOrdre Esotérique de Dagon ;
- une traduction signée Ficelle (Aline Lirot) sous une couverture de Christophe Thill.
- La traduction de « Science versus Charlatany », un petit ouvrage publié par Strange Company, et qui oppose le rationaliste Lovecraft à lastrologue J.F. Hartmann. La traduction est signée Jacky Ferjault. Nous remercions au passage S.T. Joshi de nous avoir donné lautorisation de reprendre ce travail.
- Une petite trouvaille de Franck Périgny sur un sujet connexe Lovecraft et lUfologie .. Fallait le faire !!
- Et une conclusion en forme détude signée Denis Labbé.
Que les Grands Anciens veillent sur votre lecture
Introduction
Frater Eibon XXIII*
Au moment où le calendrier sacré marque le début d’un nouveau cycle, il semble approprié d’informer nos membres concernant les derniers événements en date. Depuis la réouverture, le 20 août 1997 e.v., de la Grand Loge de R’lyeh, les choses ont bien progressé. J’ai reçu des demandes de renseignements concernant notre Ordre et ses publications provenant de pas moins de 14 états, ainsi que de pays aussi divers que le Canada, l’Angleterre, la France, la Nouvelle Zélande, la Norvège, L’Espagne et Israël. Nous comptons actuellement 26 membres dans huit de ces états, aussi bien qu’au Canada et en Angleterre. La liste est maintenant la suivante :
Membres de la Loge de Yaddith : Soror Atargatis XXXIII*, Frater Chandraputra XXXIII*, Frater Yoh-Vombis XXXIII*.
Membres de la Grand Loge de R’lyeh : Frater Eibon XXIII*, Soror Juju 0*, Soror Tekelili 0*.
Membres de la Loge d’Ib : Frater Bokrug XIII*, Frater Centre of Pestilence VIII*, Frater Crawdaddy VIII*, Frater Damnatus VIII*, Soror L’mashtu VIII*, Doctor Laban Shrewsbury VIII*, Frater Architeuthis I*, Frater Orcen Moon I*, Frater Robert Olmstead I*, Frater T’la I*, Frater Hoag Hub Mot 0*, Frater Hzuilquoigmuzhah 0*, Frater One Seven One 0*, Frater Sabmon 0*, Soror Melusine (grade en cours de délibération).
Membres de la Loge de Lh’Yib : Frater Lloigor XIII*, Frater Alonzo Typer I*, Frater Van Thal I*, Frater Vrilia I*, Frater Tutulu 0*.
L’Ordre Esotérique de Dagon n’a pas pour vocation l’initiation de ses membres. Tous les grades sont honorifiques, en reconnaissance de leurs contributions au Mythe. Tous les membres commencent en tant que Membres Honoraires, grade 0*. Notez que l’Ordre utilise un * plutôt qu’un °, pratique entrée dans les mœurs au temps de notre troisième Directeur, l’ancienne Soror Azenath.
A la fin de la Période de Silence, le retraitant Nephren-Ka décréta que tous les Membres Honoraires restés fidèles à l’Ordre seraient élevés au rang d’Initiés, grade I*. Quand Frater Eibon XXIII* accéda à la Direction, il réanima le grade en sommeil VIII* pour désigner un Ancien Maître, c’est à dire un individu ayant porté autrefois le grade de Maître ou Maîtresse de Loge. Ce grade est actuellement porté par cinq membres, tous membres de la Loge d’Ib.
Le grade XIII* reste en place, et seuls deux membres le portent : les Maîtres de Loge Bokrug (Loge d’Ib) et Lloigor (Loge de Lh’Yib). Seul le Directeur de l’Ordre porte le grade XXIII*. Le grade XXXIII* honore les anciens Directeurs entrés dans un Grand Retirement Occulte. Ils sont trois : Frater Chandraputra, Soror Atargatis et Frater Yoh-Vombis. Dans les faits le premier Directeur de l’Ordre était Randolph Carter, mais il préféra devenir Frater Zkauba à entrer dans un Grand Retirement Occulte.
A présent je désirerais recruter des membres en Afrique du Sud. Les membres ayant des contacts dans cette zone sont encouragés à leur écrire concernant notre Ordre. Vous pouvez aussi me transmettre leur adresse.
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mars 1997 : j’ai fais le rêve suivant… Je suis de retour au foyer de mon enfance, et je joue dans la rue. Il y a une flaque d’eau sous le pont, alimentée par un petit ruisseau qui coule non loin. Il me faut traverser cette flaque, mais sans marcher dedans, car si je le fais une mousse flottant à la surface m’attaquera. Cette mousse est extra terrestre, ou plutôt la petite partie, camouflée en moisissure flottante, d’un extra terrestre bien plus gros. En fait, cette moisissure est le Fungi de Yuggoth dont parlait H. P. Lovecraft. Si elle me touche, elle se saisira de mon esprit. Elle drainera tous mes souvenirs, et je serais totalement sous son contrôle. Elle adhérera d’abord à ma jambe, puis infiltrera ses racines maléfiques sous ma peau, et fera de moi son esclave zombie.
20 mars 1997 (vernal équinoxe) : Je prend formellement ce jour le nom ésotérique « Bo », et célèbre un rituel dans le but d’ouvrir le Troisième œil. En hébreux, « Bo » s’écrit beth ayin, qui signifie « la maison de l’œil ». Le nombre de Bo est le 72. Il existe un autre nom dont le nombre est le 72 : le Nom Divisé de Dieu, le Shemhamphorash. 72 est aussi le nombre de démons énumérés dans le Goetia, et le nombre d’articulation que compte le corps humain si l’on en croit le Kabbalah. L’inverse de Bo, Ob (que l’on transcrit usuellement Ab), a également pour nombre le 72. De plus, Ob est le nom secret d’Aziluth, qui est le plus haut des quatre mondes du Kabbalah. C’est le monde des nuages, qui est associé au yod dans YHWH. A l’inverse, Bo est une créature aquatique.
22 mars 1997 : Je rêve que je suis au fond de l’océan. Je vois une énorme roue de la fortune, réplique géante de celle qu’on peut voir dans le jeu télévisé qui porte son nom. Ce sont des extra terrestres qui ont placé celle-ci à cet endroit. Ces aliens rôdent non loin dans leur vaisseau sous marin. Ils guident la roue, la contrôlent. La scène passe alors au jeu télévisé, et je vois un participant tourner la roue familière. Je comprend qu’en fait la roue du fond de l’océan contrôle la roue du jeu télé, et par conséquent ceux qui la tournent (et même ceux qui regardent le jeu). Un détail étrange : ce n’est pas Pat Sajak qui présente le show, mais Ray Combs, l’homme qui s’est suicidé lorsqu’on le remplaça par Richard Dawson comme présentateur de The Family Feud (équivalent américain de notre « Famille en Or » NDT).
Le 22 mars est le jour qui vit les membres de l’Ordre International des Chevaliers du Temple Solaire se suicider par immolation en Suisse et au Canada. Ceci ne coïncide pas avec l ‘équinoxe, mais avec le zénith de la comète de Hale-Bopp. Le 27 mars, on retrouva 39 corps en décomposition au Ranch Santa Fe (Ranch de la Sainte Foi), Californie. Ces corps appartenaient aux adeptes de Do et Ti, alias Bo and Peep, alias les Deux. Ils s’étaient suicidé dans le but de libérer leur âme de leur corps afin que celle-ci puisse s’en aller chevaucher le compagnon robot d’Hale-Bopp. Cette imposture véhiculée par Internet une fois démasquée, des rumeurs se propagèrent affirmant que le témoin Courtney Brown s’était suicidé. Brown disait que le compagnon était en fait un vaisseau spatial qui suivait la comète de si près qu’il se cachait derrière elle. Les scientifiques affirmaient qu’il ne s’agissait en fait que d’un morceau de glace qui s’était détaché du corps de la comète. Les adeptes de Bo et Peep préférèrent croire Brown, et parièrent leur vie là-dessus.
Lorsqu’il mourut, Bo avait 72 ans. De la même façon que lettres formant son nom sont les mots hébreux pour « foyer » et « œil », le nom de Peep sa compagne fait référence à la vue (Peep : « espionner » en anglais NDT). Je ne pense pas que ceux qui voient soient Bo et Peep, mais plutôt que tout cela fait référence à l’œil Omniscient de Dieu. Le site web du groupe de Bo et Peep mentionne un travail sur des satellites militaires espions… quelle meilleure image pourrait on choisir pour symboliser l’équivalent moderne de l’œil Omniscient ? Sur le site on trouve aussi en abondance des représentations du triangle et du Globe Ailé d’Isis. Encore des symboles de l’œil.
Le rituel du 20 mars qui devait ouvrir l’œil du Cthulhu a fonctionné. L’œil du Dieu s’ouvrit, et il tourna son attention vers la terre. Alors le faible sombra dans la démence avant de se suicider (suivant l’exemple de Ray Combs, le Temple Solaire, Heaven’s Gate et leurs émules). Et de tout ça, les Fungi de Yuggoth étaient un avertissement en même temps qu’un véhicule.
Comme je terminais le rituel, deux chiens s’approchèrent de moi puis stoppèrent, m’étudiant intensément. Un véhicule s’arrêta non loin de moi. Je me tournais pour le regarder, et les chiens se mirent à aboyer, effrayés par mon mouvement brusque. La vitre de la voiture s’abaissa, et un homme qui était borgne me sourit largement de l’intérieur. Il n’avait pas d’œil de verre, simplement un orbite vide, rose et propre à l’endroit où son œil gauche était censé se trouvé. « Bonjour » dis-je. « Ils pensaient que vous étiez une statue » fut la réponse sibylline que je reçus, puis il eut un gloussement et s’en alla.
Le jour suivant un jury local prononça un verdict de culpabilité dans une affaire de meurtre vieille d’un an. Le meurtre était dû à la conduite en état d’ivresse. Une petite couronne mortuaire que la mère de la victime avait disposée à l’endroit de l’accident disparut. On apprit plus tard que c’était la famille du coupable qui avait enlevé la couronne et l’avait jetée dans la rivière environ un kilomètre en amont. A l’endroit précis où le rituel de l’ouverture de L’œil de Cthulhu avait été exécuté.
A la fin de la semaine des pluies torrentielles amenèrent la rivière à sortir de son lit. L’eau monta de presque 50 centimètres, oblitérant l’endroit où le rituel avait été célébré. Les eaux redescendirent quelques jours plus tard. Dans les mois qui suivirent je n'eus plus aucun doute quant au fait que l’œil de Cthulhu avait bien été ouvert. En effet, une chance intervint dans mes affaires qui ne pouvait qu’être symboliquement liée à l’œil et à rien d’autre.
Je passe sous silence un résultat direct du rituel, qui arrive juste comme les chiens venaient sur moi. De même pour la nature du rituel lui-même. Toutefois, neuf mois plus tard (durée de la gestation humaine), lors du solstice d’hiver, un enfant naquit, L’enfant, El Niño. Nommé d’après el niño Jesus, l’enfant né à Noël est en fait Horus l’égyptien, dont l’œil est suspendu dans le ciel diurne pour répondre à l’œil Ailé d’Isis, qui lui s’ouvre la nuit. El Niño apparut dans le Pacifique sud. Tout comme R’lyeh.
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Lettre du 12 Avril 1997.
L |
e rêve de Frater Bokrug dans lequel l’Ordre portait l’ultime secret du Mal est la stricte vérité ! Nous savons tous qu’il n’est nulle chose plus mauvaise que l’Ignorance Humaine. De la même façon que Dagon est le mal, vivre n’est jamais que le mal écrit à l’envers (en anglais : Evil : le mal. To live : vivre. NDT). Certain dieu tribal d’un culte de la mort (Jehovah) manipulé en propagande psychique durant le génocide des peuples de Palestine autres que les juifs… enlevons le yod de Jehovah et nous obtenons eva : « être vivant » en hébreux. L’Ordre n’est ni Ancien ni Nouveau, car nous n’avons ni début ni fin. Nous sommes en dehors du Temps. Les étoiles étaient en position bien avant la présente incarnation. Jamais nous ne dormons, et même dans nos rêves nous sommes éveillés. Certains d’entre nous restent éveillés même lorsqu’ils sont dans un profond sommeil. En Da’ath je crée en modulant ma voix les mots qui président à la formation non seulement de mes rêves, mais de ceux d’autres personnes. Et nos yeux sont tels ceux des poissons, qui jamais ne se ferment même l’espace d’un instant. Seule la partie visible de l’Ordre Esotérique de Dagon fut un temps silencieuse.
De même que le Haut Prêtre de Leng,
je dois vous demander de regarder dans les écrits de Lovecraft et de voir
s’il y a relation entre l’OED et le Monastère de Leng. Le Temple de Leng
possède sa propre société secrète, dont les rangs et le fichier grossissent
tous les jours davantage au fur et à mesure que les initiés découvrent
leur propre affiliation au Monastère. Quelqu’un à l’intérieur de l’OED
pourrait très bien affirmer leur suprématie en tant que Grand Prêtre de
Leng, mais cet état de fait est dû uniquement à la Loa (pour employer
un terme vaudou) qui a choisit de parier sur eux. Comme il est drôle d’entendre
dire : « ils devraient se retourner contre le dieu qu’ils adorent » :
cette phrase elle-même sonne tellement «chrétien » ! Je crois
quant à moi que ce sont les chrétiens qui auraient tout intérêt à se retourner
contre le dieu qu’ils vénèrent, Lui qui est le Père du Mensonge !
Il est clair qu’en disant cela je critique le contenu du rêve de quelqu’un
d’autre, et j’en suis désolé. Mais les rêves sont les instants privilégiés
durant lesquels nous projetons nos désirs enfin satisfaits et les confrontons
aux contradictions de ce que nous pensons être le monde réel… sauf que,
bien sûr, nous dormons.
On peut dire énormément de choses sur une personne au vu de la philosophie
qui se dégage de ses rêves. Pour ma part, j’ai été un de ceux qui lisaient
les compte rendus de rêves des gens, afin de décider qui pouvait entrer
dans l’EOD d ‘origine, et qui devait rester dehors. Je crois que
notre plus grave erreur fut de laisser entrer Crowley dans l’Ordre. Bien
que cela ne m’ennuie aucunement de laisser entrer la Bête ou Bes pénétrer
dans l’Ordre. J’aurais permis à LaVey d’être parmi nous, s’il l’avait
seulement demandé. Les chrétiens «en chambre » posent toujours problème
dans des Ordres comme le nôtre : ils cherchent sans arrêt à détourner
le mouvement au profit de Jésus. J’ai moi-même été un «bouddhiste en chambre »,
et je croyais pouvoir démontrer la vanité d’une organisation telle que
l’Ordre. Mais alors j’ai vu dans mes rêves une Chose plus Ancienne même
que la Mère Tantras de Bonpo. Et cette obsession ridicule des éons…
Faites le calcul du vacillement de la Terre, celui qui fait que le Zodiaque
a l’air de reculer, et ajoutez 23°! Ce qu’on appelle l’Age Nouveau a commencé
aux environs de l’an 300 C.E., au moment où les chrétiens commençaient
à acquérir un certain pouvoir politique, en profitant pour détruire peu
à peu notre culture tant chérie. Cette culture fondée sur les oracles
de ceux qu’on appelle maintenant les anciens dieux… En réalité, le Temple
Préhistorique de Leng n’a jamais été dans la sphère d’influence de cette
corruption occidentale. Pour ce qui est de sauver le monde, le propos
de l’OED n’est pas de sauver le monde tel qu’il est, mais bien plutôt
d’opérer sur lui un nettoyage psychique. Si vous regardez au-delà l’écran
de fumée de l’apocalypse, vous verrez que le monde a toujours été nettoyé,
et que Da’ath n’a jamais été détruit, restant en dehors de tous
ces stupides éons. Le Secret de l’Ordre est la Clef d’Argent des Rêves.
Elle ouvre le verrou de ces 10 000 dernières années, celui qui fut forgé
dans un état d’éveil apparent. J’aiderais Dagon aussi loin que ma force
me le permettra ! Je resterais seul, dans l’attente du jour où les
Anges de Lumière se changeront en Anges des Ténèbres. A ce moment-là le
monde connaîtra la paix. Mais pour le moment, les Pouvoirs de la Lumière
et des Ténèbres sont parfaitement égaux, créant une situation de dualité
par laquelle ces agents de la Lumière autoproclamés ont émasculé leur
dieu. Le Livre du rêve de Bokrug possède une vérité profonde. Le Livre
a été publié dans le but d’attirer l’attention de l’OED. Le Rite de Dagon
est ailleurs. Nous continuons à le chercher sans relâche, et un jour cela
se révélera payant.
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Notes Préliminaires
Sur La Vierge de Guadaloupe
et le Nouveau Mythe de l’EOD.
L |
orsque Frater Bokrug XIII* célébra le rite du 20 mars 1997 qui marqua la fin de la Période de Silence, il le fit au bord d’une rivière connue dans la région sous le nom de El Rio de la Virgen de Guadalupe. La Vierge de Guadalupe est une déesse noire adorée de milliers de catholiques du Mexique aux Etats Unis. Peut-être alors, pensais-je, cette Vierge est-elle liée à l’OED d’une façon ou d’une autre… après tout, on reconnaît que la gnose lovecraftienne va bien au-delà de l’analyse des concepts strictement attachés aux textes du canon lovecraftien…. On étudie aujourd’hui comme appartenant à cette gnose des choses aussi diverses que New Aeon English Qabalah, Thelema, the 23 Current, la cryptozoologie, etc… Un auteur a même qualifié ces études de « Nouveau Mythe de l’OED »(1).
La naissance du culte de la Vierge de Guadalupe remonte au 9 décembre 1531 à Mexico City, alors la ville aztèque de Tenochtitlan. Les conquistadores espagnols avaient conquis le Mexique, et leurs prêtres enseignaient avec beaucoup de vigueur le catholicisme aux indigènes. L’un d’entre eux, un paysan pauvre du nom de Juan Diego (il s’était appelé Aigle Chantant avant son baptême) traversait Tepeyac Hill, afin d’aller au catéchisme pour qu’on lui enseigne sa nouvelle foi. Passant à un endroit où un temple dédié à la déesse Tonantsi s’était autrefois élevé, il vit la silhouette brillante de la Sainte Vierge. Elle parla à Juan et lui dit d’informer l’évêque qu’un sanctuaire devait être érigé à l’endroit précis où ils se tenaient à ce moment. Juan couru avec enthousiasme porter la nouvelle à l’évêque. Au début, celui-ci ne voulut pas croire Juan, mais la Vierge lui dit de persévérer. Elle lui dit qu’il pouvait cueillir une des roses qu’elle avait fait pousser là et les montrer comme preuve. Ces roses se révélèrent être des roses de Castille qui non seulement avaient poussé hors saison mais étaient aussi apparues en un point aride où de mémoire d’homme on avait jamais vu pousser de roses. Juan cacha les roses dans sa tilme (2) et courut à nouveau chez le prêtre. Lorsqu’on l’introduisit il laissa tomber les roses à terre. Comme il faisait cela on vit qu’une peinture de la Vierge était apparue de façon miraculeuse sur l’intérieur de sa cape. L’évêque fut convaincu et le sanctuaire érigé. C’est aujourd’hui une vaste basilique, et une des attractions principales de Mexico City (3).
Maintenant, pour ce qui nous (4) concerne, un des aspects les plus intéressants de cette histoire de la Vierge de Guadalupe est le fait qu’elle soit une déesse noire (cependant les anthropologistes Moss et Cappannari font la distinction entre les Vierges Noires d’Europe, associées à la fertilité, et les Vierges africaines qui sont noires parce que les indigènes le sont (5)). Dans le monde entier les Vierges Noires sont associées à la fertilité, à la sensualité, aux mystères féminins (6). Et aujourd’hui, tout comme au temps de Juan Diego, les couples sans enfants viennent prier la Vierge de Guadalupe de faire en sorte que des petits pas résonnent bientôt dans la maisonnée.
Tonantsi, la déesse aztèque dont le temple avait jadis occupé le site du sanctuaire dédié à la Vierge, était elle aussi une déesse de la fertilité. De fait, les indiens Nahua du Mexique adorent Tonantsi encore aujourd’hui, et considèrent qu’en fait Tonantsi et la Vierge ne sont qu’une seule et même déesse. Ils célèbrent le culte de Tonantsi au cours de rituels pleins d’alcool et d’extase (7).
En terme de Mythe lovecraftien, on pourrait peut-être associer la Vierge de Guadalupe à Shub-Niggurath, la Chèvre Noire aux Mille Chevreaux, symbole évident de fertilité et des mystères féminins (Müller, par exemple, interprète « Shub-Niggurath » comme [S]hub-nig-gur-es, ce qui signifie « Porteuse, Mère ou Déesse de Tout ce qui Donne la Vie » (8) en babylonien). Noter également l’association de la rose, symbolique de la/le/du kteis dans lequel on trouva le saint Graal, avec la Vierge (9).
Pour finir, aussi loin que je puisse faire des associations, superficielles il est vrai, aussi bien les apparitions modernes de la Vierge Marie que le Mythe lovecraftien concernent la Fin des Temps, que ce soit par l’Armageddon et le retour du Christ ou par le sortir des eaux de R’lyeh et le réveil du Grand Cthulhu.
Si on se penche sur le mythe de la Vierge de Guadaloupe en utilisant comme outil le New Aeon English Qabalah (NAEQ6), on obtient quelques résultats intéressants. On trouve par cette méthode que TONANTSI = 112, un nombre riche en significations pour les initiés en matière de contact avec les ovnis. Pour en savoir davantage sur ce sujet précis, il serait intéressant de consulter le Secret Cipher of the UFOnauts de Greenfield, au chapitre 6 (« l’Ufologie Classique décryptée »). Parmi d’autres trouvailles, 112 est le nombre du visiteur extra terrestre INDRID COLD, ainsi que de MARK III, le titre que s’était donné le gourou ufologue Georges Williamson. 112 est également le nombre des phrases WORD OF THE LAW (littéralement : « le mot de la loi » NDT), et WORDS AND SIGNS (les mots et les signes). Curieusement, c’est aussi le nombre de INK AND BLACK (« encre et noir(e) ») (Guadaloupe étant une déesse noire). De fait, 112 est l’un des nombres les plus essentiels dans l’NAEQ. Pour comprendre réellement son importance, la lecture de Secret Cipher of the UFOnauts est indispensable.
Qu’il suffise de dire ici que le fait que TONANTSI soit égal à 112 suggère clairement qu’il existe un lien entre la Vierge de Guadaloupe et la communication avec des entités venues d’Ailleurs (11). Après tout, l’histoire de Juan Diego n’est jamais qu’un exemple de ce qu’on a finit par appeler une BVM (Blessed Virgin Mary Sighting : « Apparition de la Sainte Vierge Marie »), dont les plus célèbres sont celles de Fatima. Autre fait curieux, LOVECRAFT est aussi égal à 112, ce qui convient parfaitement pour notre prophète, dont les histoires racontent les interactions entre humains et ceux d’Ailleurs.
En comparant d’autres personnages de l’histoire de la Vierge de Guadaloupe avec des mots et des phrases du Il Liber Al en utilisant l’NAEQ6 comme outil, on obtient JUAN DIEGO = 120, la valeur de IT IS BLACK (ceci est noir) et RA-HOOR-KHUIT. GUADALUPE = 106, la valeur de I LOVE YOU et LOVELY STAR («ravissante étoile »). Ces deux comparaisons contiennent, je pense, leur propre explication évidente par elle-même (12).
Je n’ai pas pour but de prouver quoi que ce soit avec ce court article. Je ne fais que démontrer que, maintenant que l’OED revit, le Nouveau Mythe de l’OED peut en fait comprendre bien plus de choses que ce qu’on a pu penser au départ. Ce qui était peut-être à prévoir, en ces temps où les Grands Anciens nous préparent à leur retour imminent.
1 : Voir l’Introduction de Nina Crummett à Eight Arms to Hold You de Ian Blake (Eugene, OR : Sepulcral Press, 1993)
2 : Cape faite de fibre de cactus, habit traditionnel du paysan aztèque.
3 : Voir Bertha Belle Baker, Our Lady of Guadalupe and Other Stories (Los Angeles : Graphic Press, 1941) pour un compte rendu de l’histoire.
4 : Enfin, moi.
5 : Leonard W.Moss et Stephen C. Cappannari, In Quest of the Black Virgin : She is Black Because She is Black. In Mother Worship, ed. par James J Preston (Chapel Hill : The University of North Carolina Press, 1982).
6 : Peter Redgrove : The Black Goddess and the Unseen Real (New York : Grove Press, 1988), appellé ‘The Black Goddess and the Sixth Sense’ dans le reste du monde.
7 : Voir Alan R.Sanstrom, The Tonantsi Cult of the Eastern Nahua In Preston op cit.
8 : W.H.Muller, Polaria : The Gift of the White Stone (Albuquerque : Brotherhood of Life Press, 1996).
9 : Bien sûr c’est une simplification. La rose est un symbole riche et complexe, qui mériterait des années de méditation contemplative.
10 : Allen H. Greenfield, Secret Cipher of the UFOnauts (Lilburn, GA : Illuminet Press, 1994)
11 : En dehors de la planète ou ‘en dehors des cercles du temps’, à chacun de décider.
12 : TEPEYAC donne 128, un nombre pour lequel je ne connais aucune correspondance.
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Un Certain
Arrangement
de l’Arcane Majeure.
M |
on intérêt pour le tarot remonte à mes années d’étude, lorsque j’en fis la découverte. A cette époque, ce qui m’avait surtout motivé était l’Arcane Majeure, un jeu de cartes tellement étranger aux habituels cœurs, carreaux, piques et trèfles, si voilé de mystère et de spéculations qu’il captiva immédiatement mon attention. J’étudiai toute la littérature disponible sur le sujet. Je passai de longues soirées en compagnie de Waite et Papus, des traductions disponibles de Court de Guébelin, et des écrits de Crowley. Ayant acheté plusieurs jeux, je fis de nombreuses lectures de cartes en utilisant uniquement l’Arcane Majeure. Ces divinations me parlaient soit du futur, soit du présent. Les résultats furent divers quoique toujours assez étranges.
Mais je sentais que malgré toutes mes recherches et ma pratique du tarot, une compréhension satisfaisante de la structure interne de l’Arcane Majeure me manquait encore. Je désespérais de trouver une relation qui soit logique entre les différentes images, une relation qu’il serait possible d’illustrer par une certaine disposition des cartes. Mettre en relation l’Arcane Majeure avec Sephiroth et autres traditions mystiques était intéressant, et même instructif, mais semblait artificiel. Artificielle au point d’occulter la véritable explication, qui serait sans doute quant à elle très simple mais très révélatrice.
Au fil des années, mon intérêt pour le tarot s’estompa. Mais il est des feux qui couvent sous la cendre et n’attendent qu’un souffle d’air pour reprendre de plus belle. Un jour, alors que je parcourais les rayonnages d’un libraire local, le tombais sur The Encyclopedia of Tarots, Volume I de Stuart Kaplan.
Kaplan nous apprend que la première référence à l’Arcane Majeure dans une publication à laquelle on puisse avoir aujourd’hui accès se trouve dans Sermones de Ludo Aliis, un sermon écrit à la fin du Xvème siècle (il existe en fait d’autres références au jeu de carte qui sont encore plus anciennes puisqu’elles datent de 1367, mais on n’y parle pas de l’Arcane Majeure). Le listing qu’on peut trouver dans le sermon raviva mon désir de trouver une structure interne de l’Arcane Majeure. La liste donnée dans le Sermones est reproduite ci-dessous.
Inventaire de l’Arcane Majeure
Sermones de Ludo Cum Aliis
1 : Le Jongleur ou Magicien.
2 : L’impératrice.
3 : L’empereur.
4 : La Papesse ou Grande Prêtresse.
5 : Le Pape ou Hierophant.
6 : La Tempérance.
7 : Les Amoureux.
8 : Le Chariot.
9 : La Force.
10 : La Roue de la Fortune.
11 : Le Père Temps ou l’Ermite.
12 : Le Pendu.
13 : La Mort.
14 : Le Diable.
15 : La Flèche (ou la Tour qui s’écroule).
16 : L’Etoile.
17 : La Lune.
18 : Le Soleil.
19 : L’Ange.
20 : La Justice.
21 : Le Monde.
22 : Le Fou.
Des essais avec un panel de jeux donnent la très nette impression que la classification des cartes est arbitraire. En fait, l’un des plus anciens exemples d’Arcane Majeure, le jeu de Visconti Slory, n’est même pas nommé dans le texte. Peut-être alors que l’auteur du sermon n’avait aucune raison de donner les nombres qu’il a donnés aux cartes. Cependant, je choisis de considérer qu’il se puisse être un indice quant à la structure interne du jeu dans les positions ordinales qui leur sont données. Je conserve donc ce facteur constant tout au long de mes recherches.
Après plusieurs séances consacrées à divers essais d’agencement des cartes et à une méditation sur chacune d’elle, je décidai de retirer le Fou de l’arrangement, avec pour seule et unique raison de le faire la possibilité que cela me donnait d’explorer d’autres possibilités rendues impossibles par sa présence dans le jeu. A la fin, après de nombreux autres essais, j’en arrivai à la structure suivante.
21 : Le Monde
20 : La Justice 19 : L’Ange
18 : Le Soleil 17 : La Lune 16 : Les Etoiles
15 : la Flèche 14 : Le Diable 13 : La Mort 12 Le Pendu
11 : Père Temps 10 : La Roue de la Fortune 9 : La Force
8 : Le Chariot 7 : Les Amoureux
6 : La Tempérance 5 : Le Hiérophant 4 : La Grande Prêtresse
3 : L’Empereur 2 : L’impératrice
1 : Le Jongleur
J’arrivai à cet arrangement simplement en plaçant les cartes en une formation triangulaire, en commençant par Le Monde. L’arrangement obtenu est quelque peu provocant. Il satisfait pleinement ma recherche d’une structure interne simple mais instructive. Suit une interprétation très sommaire de chaque niveau.
I : La base des pouvoirs sacré et temporel du monde, chacun contrebalancé par un contraire mâle ou femelle. On peut voir la Tempérance et le Jongleur comme ceux qui s’occupent de la mise en pratique de chaque pouvoir, respectivement le spirituel et le matériel.
II : Le niveau suivant rassemble le temps (Père Temps ou Ermite), la chance (la roue de la fortune), la Force, le conflit (le chariot –de guerre ?-), et l’amour (les amoureux). Vérités éternelles. La Force occupe une place en équilibre, ou de pivot entre les pôles de l’histoire et de la destinée d’une part, et les pôles de toutes relation qui sont l’amour et le conflit.
III : Au-dessus des vérités éternelles se trouvent des concepts encore plus universels, et encore une fois ces concepts sont très bien équilibrés. La libération divine (la Flèche ou la Tour qui s’écroule) et l’emprisonnement malin (le Diable), le changement ultime de la vie (la Mort) et la vie suspendue (Le Pendu).
IV : Suivent les sphères d’influence célestes : le Soleil, la Lune et les Etoiles simplement mis ensemble. La Lune, le plus grand corps céleste visible dans le ciel tant diurne que nocturne, peut clairement être interprétée comme un point d’équilibre, ou plutôt un pont entre deux mondes.
V : Le niveau pénultième regroupe aussi bien la Justice comme équilibre que le Jugement par la Volonté Divine. La façon dont la justice terrestre est dépeinte face à la justice divine ou cosmique est des plus simples.
VI : A la fin, le Monde, ou plutôt le Monde tel qu’on se le représentait en ce temps-là : la création dans son entier, surpassant tout le reste.
Je ne fais pas si grand cas de cet arrangement de l’Arcane Majeure, bien que le fait qu’il existe une structure dans ce mystérieux groupe de cartes, et que cette structure soit plus simple et en même temps plus instructive que beaucoup de celles jusqu’ici proposées, me satisfasse grandement.
De même, je ne prétendrais en aucune façon que mon interprétation des niveaux soit exhaustive ou infaillible. Le lecteur peut tout à fait parvenir à de meilleurs résultats à force de méditation et de recherches appropriées.
[Note de l’éditeur : je pressais Frater Architeuthis d’expliquer comment il utilise cet arrangement pour lire dans les cartes. Il me donna l’explication suivante. Ma question était : « Le Fou est-il vraiment en dehors du jeu ? »]
En fait, le Fou n’est pas hors du jeu. Je l’ai simplement mis de côté pour qu’il ne me dérange pas lorsque je travaillais sur les différents positionnements possibles de l’Arcane Majeure. Je pense au Fou comme à une représentation du voyageur/errant/questionnement/être sur qui les forces du monde se concentrent. Permettez-moi d’être plus clair en détaillant les étapes qui pourraient être suivies pour utiliser la formation en triangle comme outil de méditation.
1 : Mélangez les cartes.
2 : Prenez la 1ère carte (s’il s’agit du Fou remettez le dans le jeu et recommencez) et mettez-la de côté.
3 : Disposez les cartes suivantes en formation triangulaire.
4 : Localisez le fou dans l’arrangement.
5 : Placez la carte que vous aviez mise de côté à l’étape 2 juste en dessous du Fou.
Quant à la façon dont on doit interpréter les arrangements résultants de cette méthode, il s’agit du goût de chacun. Je trouve moi-même utile de me visualiser dans le rôle du Fou (il se trouve des gens pour dire que c’est très judicieux), et la carte en dessous représente mon environnement immédiat. La formation en triangle est-elle une vue du monde actuel ? Est-elle une montagne à gravir vers un but ultime ? Ou bien inverser le triangle inversé est-il la représentation de tous les possibles ? La certitude c’est que toutes ces hypothèses sont également intéressantes.
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Le livre de Yig :
un Tarot lovecraftien.
L |
’investigation de l’Arcane Majeure de Frater Architeuthis est non seulement intéressante mais aussi très opportune. J’ai moi-même travaillé avec Frater Hziulquoigmuzhah 0* sur un Tarot lovecraftien que j’ai nommé Le Livre de Yig. Des esquisses des 9 premiers atouts remplissent déjà les pages centrales. Traditionnellement Le Magicien, la Prêtresse, L’Impératrice, L’Empereur, Le Prêtre, Les Amoureux, Le Chariot, La Justice et L’Ermite, ils sont ici représentés par Randolph Carter, Ech-Pi-Eil, Mère Hydra, Père Dagon, Klarkash-Ton, Keziah Mason et Brown Jenkin, Erich Zann et Cthulhu à R’lyeh. Les descriptions des cartes 10 à 14 sont actuellement entre les mains de Frater Hziulquoigmnzhah, attendant de prendre forme.
J’ai consulté les cartes plusieurs fois quand je préparais ma venue à la Direction de l’Ordre. J’utilisais pour cela le petit jeu de Crowley que je possède. Le 26 décembre 1996, j’ai fais une lecture simple de 3 cartes pour interroger le futur de l’Ordre, alors en pleine période de silence. Je laissais la chance décider de la carte qui représenterait l’état présent de l’Ordre, car je n’en étais pas sûr. La carte qui sortit fut celle de l’Empereur. Je considérais qu’il représentait Frater Yoh-Vombis dans son activité renouvelée. Je tirai le Knight of Disks pour représenter le passé : il représente une période de croissance, celle qui prit place durant la période de silence de l’Ordre. Le 7 of Swords sortit pour le futur. On désigne cette carte comme représentant la Futilité. De plus, les swords sont habituellement à l’opposé des Disks. Cela me procura matière à réflexion. Je décidai de veiller. Je conclus finalement que ce serait le travail d’un autre qui se révélerait futile dans le futur. L’Empereur émergera du sol comme le Knight of Disks et reprendra son activité.
Le jour suivant je tirai une carte pour chacun des anciens Directeurs de l’Ordre qui s’étaient proposé, dans l’espoir de découvrir leur nature profonde. Je laisse à chaque membre le soin d’interpréter les résultats.
Randolph Carter, fondateur de l’Ordre, et Frater Zkauba furent représentés par une seule carte : the Princess of cups ; pour soror Azenath ce fut 4 of Disks qui sortit, et Frater Nephren Ka fut représenté par l’atout lust. Celui qui a l’époque ne s’appelait pas encore Frater Eibon tira le 6 of Disks. Cette carte était la bienvenue.
Le 30 décembre 1996, je fis une lecture de carte en utilisant 10 cartes et la formation de la croix celtique. Je fis particulièrement attention aux endroits où tombèrent les cartes représentant les 5 Directeurs. 5 des cartes étaient des atouts, signifiant que des forces cosmiques présidaient aux événements concernant la reformation de l’Ordre. Le sens général de la lecture confirma la lecture faite le 26.
4 janvier 1997. Pour voir ce que cela donnerait, je choisis pour moi le nom d’Eibon après avoir éliminé plusieurs autres possibilités. Je demandai aux cartes si ce choix était bon. Elles me le confirmèrent.
Le 6 mars, deux semaines avant la réouverture du Temple de Dagon, je fis une lecture en croix celtique pour savoir de quelle façon j’allais devoir rouvrir le Temple. La carte qui représenta le Temple était le 10 of swords. Les 9 autres étaient :
Accross : the loversAbove : the emperorBelow : fortuneAhead : the devilBehind : artThe temple itself : ace of swordsIts house : princess of disksInner emotions : the starFinal outcome : knight of disks
Cette lecture fut propice. Je laisse au lecteur les détails de l’interprétation. Je voudrais finir en disant que dans la plupart des lectures que je fais au nom de l’Ordre à présent, j’utilise généralement la Queen of cups pour la représenter.
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Le Serpent Secret
Frater Van Thal I*
« Slumber, watcher, till the spheresSix and twenty thousand yearsHave revolved and I returnTo the point where I now burn »
Ces célèbres vers de
mirliton, qu’on peut lire dans Polaris, la nouvelle de Lovecraft
écrite en 1918, font référence au phénomène astronomique connu sous le
nom de précession des équinoxes. Il s’agit d’un cycle de 25800 ans au
cours duquel l’axe de rotation de la terre accompli une révolution autour
du pôle écliptique. Vous n’êtes pas sans savoir que l’étoile qui marque
le pôle nord de notre planète est Polaris. Ce que vous ignorez peut-être
en revanche, c’est qu’il y a 4 500 ans environ, ce rôle était tenu par
Alpha Draconis, ou Thuban, dans la constellation du Dragon. A cette époque,
une croyance bien établie voulait que les dieux viennent du Nord.
De ce fait, on commença à faire référence à ces dieux en terme de Peuple
Serpent ou Dragon, d’après la constellation qui suggérait sans doute quelque
immense serpent lové dans le ciel nocturne. Les années passant, de mystérieux
cultes ophidiens naquirent à travers le monde antique ; florissant
au vu et au su de tous avant que l’apparition de la chrétienté ne les
force à se retirer dans l’ombre. Le Moyen Age donna à cette doctrine secrète
le nom générique d «Hérésie du Dragon », parce que ce culte
allait contre le dogme politico-religieux en place. Et c’est sous ce nom
que des initiés britanniques établis à Skipton Castle, dans le Yorkshire,
l’enseignèrent. Les mêmes initiés influencèrent beaucoup le soi-disant
Invisible College. Cet ordre secret légendaire, voisin de The Phallic
Cerne Abbas chalk figure dans le Dorsetshire, comptait dans ses membres
John Dee, celui qui légua aux générations d’occultistes à venir son précieux
Enochian, « La meilleure voie, éprouvée depuis toujours, par laquelle
les terriens peuvent entrer en contact avec les extra-terrestres ».
A travers cet étrange héritage, il atteignit Aleister Crowley, et à travers
lui virtuellement tous les cultes Typhonians modernes, de même que plusieurs
corporations en relation avec ceux-ci, comme la Loge Grise de l’OED ;
celle-ci ayant son point de chute dans le Yorkshire et prétendant être
«une extension tangible du véritable ORDO INVISIBLUM » (référence
quasi-transparente au Invisible College originel). Les membres de la Loge
Grise mettent en relation les recherches contemporaines sur les OVNIS
et l’antique Hérésie du Dragon ; une induction historiquement formulée
pour la première fois par ce vétéran parmi les mordus de soucoupes, Brinsley
Le Poer Trench, dans ses ouvrages « alimentaires » des années
soixante The Sky People, en particulier Operation Earth.
La théorie de Le Poer Trench postulant l’existence d’une Race Serpent
bénéfique et sage quelque part dans l’univers fut plus tard détournée
par le chercheur américain John Keel ; il la transforma en une parabole
de la lutte du bien contre le mal (cf. : Our Haunted Planet).
Inévitablement, il arrive que les spéculations de Keel aillent au-delà
du vraisemblable et tombent dans la pure fantasy.
De ce fait, le lecteur est prié de faire très attention en abordant cette
œuvre. Le même avertissement s’applique également aux écrits de F.W.Holiday :
The Dragon and the Disc et sa suite The Dyfed Enigma, écrit
en collaboration avec l’ufologue Randall Jones Pugh. Holiday a fait autorité
dans le domaine des cultes du Dragon, mais il mettait en relation les
serpents et l’apparence qui prit Satan dans le Jardin d’Eden, et a interprété
le sujet proposé en accord avec cette vision des choses. S’intéressant
à d’obscures forces, il fit la rencontre d’un MIB en 1973, alors qu’il
observait le Loch Ness. L’année suivante, en revenant au même endroit,
il eut un infarctus. Le moment de sa mort, survenue en 1979, coïncide
avec l’annonce de son co-auteur Randall Jones Pugh selon laquelle il arrêtait
la recherche ufologique, convaincu qu’en continuant il courait le risque
de se heurter à des «entités… dont l’unique but est de détruire la franche
et saine foi en Jésus Christ ».
Il est difficile de savoir ce qui décida Pugh exactement. L’observateur
impartial remarquera que beaucoup de compte-rendus classiques de rencontre
avec des OVNIS présentent des aspects très spirituels, portant la marque
du mysticisme chrétien (cf. : l’Affaire Andreasson). Alors que ce
qui ressort d’autres expériences du même type semble surtout être l’émerveillement
le plus total face à l’immensité de la création. Le cas Schirmer rentre
dans cette seconde catégorie. Au petit matin du 3 décembre 1967, Herb
Schirmer, policier de la route, fut enlevé par des extra-terrestres près
d’Ashland dans le Nebraska. Ses ravisseurs mesuraient environ 1m70, avaient
une peau blanchâtre, portaient des uniformes gris à blason représentant
un insigne au serpent ailé. Détail révélateur, leurs yeux, équipés de
membranes nictitantes semblables à celles des reptiles, ne cillaient jamais.
Avant de relâcher Schirmer, ils lui dirent (durant ce que Jacques Vallée
décrit comme «un moment dont la beauté sublime le hanterait longtemps ») :
« Toi qui observe, un jour tu verras l’Univers ! ».
De nos jours, les expériences relatées d’enlèvement par des extra-terrestres
«reptiliens » sont chose courante ; mais, en 1967, l’histoire
de Schirmer était littéralement sui generis, et en fait ne peut
guère se comparer à d’autres aujourd’hui encore. Divers auteurs ont trouvé
matière à réflexion dans l’emblème que portaient les entités, le rapprochant
volontiers du Quetzalcoatl, le Serpent à Plumes des Mayas (d’ailleurs,
Brinsley Le Poer Trench considérait Quetzalcoatl comme un membre de la
Race Serpent, né dans l’espace). D’autres, aux tendances plus occultes,
imaginent que les entités pourraient s’identifier à ce que le Liber Al
présente en ces termes : « serviteurs de l’Etoile et du
Serpent ». Le Liber Al donne également cet avertissement à l’imprudent :
« Il y a la colombe, et il y a le Serpent. Choisissez bien ! ».
C’est peut-être une conscience grandissante de ce choix à faire qui poussa
Randall Jones Pugh à suspendre ses recherches dans le domaine de l’ufologie.
Sa prudence peut servir d’exemple à tous ceux qui souhaiteraient entrer dans l’Ordre.
Note : Par une de ces coïncidences sans lesquelles la vie serait si fade, j’apprit juste comme je finissais cet article que Brinsley Le Poer Trench était mort à 83 ans (1911-1995). Je lisais sa notice nécrologique en rentrant chez moi après le travail, lorsque je jetai un coup d’œil par la fenêtre du bus. Une fête foraine battait son plein dehors, et le manège le plus proche de la route avait la forme d’un énorme serpent lové autour d’une tour d’acier. Des enfants étaient assis entre ses mâchoires béantes, glissant dans son gosier et ressortant par la queue, excrétés par le Serpent du Temps.
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Du département des Eons.
Liber 49 : Le Club des Sept Rêveurs.
1. Aux derniers jours de sa vie, Lovecraft termine le manuscrit de ce qui sera sa dernière histoire. Le manuscrit a été perdu depuis. Son titre est : « Le Culte des Sept Rêveurs » (« The Cult of the Seven Dreamers »). Et cette nuit-là, avant de partir, il rêve encore une fois de la cité inconnue, et de ses terrasses baignées par la lumière du couchant qui avaient bercé les rêveries de son enfance. Et c’est sur une balustrade dominant les tours et les minarets dorés de cette cité, face à la mer, qu’il rencontre Randolph Carter. Le portrait de ce dernier est celui du « Clergyman maudit ». Lovecraft donne son dernier manuscrit à Carter, puis quitte la terrasse. Il descend les anciennes rues pavées du port en bas, et disparaît dans leurs ombres alors que la nuit tombe.
(Ref : « The Dream Quest of Unknown Kadath », « The Evil Clergyman »)
2. Randolph Carter lit l’histoire de Lovecraft. Celle-ci raconte les sept cent marches qui mènent à la Porte du Profond Sommeil, l’entrée du monde des rêves. Carter quitte alors la cité du couchant. Il descend les marches et entre dans l’épais bois qui se trouve à leur pied. Dans la lumière sylvestre, il découvre une pierre debout, ou menhir, octogonale et très ancienne. Sur ce monolithe se trouve la Clef d’Argent. Carter prend la Clef, et reprend sa progression à travers le bois. Il arrive alors devant un gigantesque mur de basalte qui lui barre le chemin. Au milieu de ce mur est s’ouvre une énorme porte massive de pierre sculptée. Sur cette porte est un étrange signe, un triangle pointant vers le bas encadrant un serpent, ou un dragon, se contorsionnant. Carter, à l’aide de la Clef d’Argent, ouvre la porte et arrive dans les profondeurs abyssales qui se trouvent derrière…
(Ref : « The Dream-Quest of Unknown Kadath », « The Silver Key »)
3. Dans les profondeurs de l’abysse, Carter est transformé. Il devient le sorcier griffu de Yaddith au museau allongé : Zkauba. Et c’est dans un état d’animation suspendue qu’il retourne sur Terre à travers les éons. En arrivant, il prend l’identité du Swami Chandraputra. Sous ce déguisement il visite la bibliothèque de la Miskatonick University d’Arkham, à la recherche du manuscrit original de Lovecraft. Il retrouve le document, ainsi qu’une étrange stèle en bas relief. Il semble que Lovecraft avait créé cette stèle après son réveil du rêve où il avait rencontré Carter dans la cité inconnue. Zkauba/Chandraputra amène le manuscrit et la stèle dans les caveaux de la bibliothèque pour les examiner en détail. Plus tard, dans la lumière d’une simple bougie, il s’endort sur l’histoire de Lovecraft. Il rêve d’une vaste cité en ruines.
(Ref : « Through the Gate of the Silver Key », « Out of the Aeons »)
4. Dans son rêve, Zkauba est Abdul Alhazred, le prophète du Mythe. Il cherche dans le vide du désert de Gobi le secret de ces vers inexplicables :
« Car il n’est pas de mort qui puisse éternellement gésir,
Et dans d’étranges éternités même la mort peut mourir. »
Il se perd dans une tempête de sable. Il passe la nuit au milieu des colonnes brisées d’une cité ancienne : les ruines oubliées d’Irem. Il rêve de l’histoire ancienne de l’endroit, en un temps où l’homme ne régnait pas sur la Terre. Un temps où Irem était habitée par une étrange race préhistorique, de forme humanoïde avec des têtes et des pattes comme celles des crocodiles, ainsi qu’une queue reptilienne. Dans un temple noir en forme de pyramide, ces êtres adorent la déesse Ashtoreth au cours de rites interdits où ils lui rendent des sacrifices. On conduit Alhazred dans une pièce au centre du temple, et on le confronte à la silhouette vêtue d’une robe et encapuchonnée du Grand Prêtre d’Ashtoreth, celui dont on ne voit jamais le visage. Le Grand Prêtre lui montre alors un livre écrit dans une étrange écriture cunéiforme inconnue d’Alhazred. Les anciens sigils dansent devant ses yeux et il entre dans une transe hypnotique ; un rêve lucide dans lequel il se trouve dans un temple similaire à celui dans lequel il se tient, à la différence que celui-ci se trouve sous la mer…
(Ref : « The Nameless City », « History of the Necronomicon »)
5. Alhazred se réveille dans le Temple de Dagon, à Y’ha-nthlei, sous l’océan près des côtes de l’Amérique du Nord. Il retrouve devant lui le livre ouvert, mais ici c’est la main palmée de la Grande Prêtresse de Dagon, Eliza Pth’thya-l’yi, qui le tient ouvert. De plus, il peut maintenant lire l’écriture étrange… Il comprend son message indicible. Pour la première fois, il comprend réellement le sens de ses vers impies… Et l’affreuse vérité le rend irrémédiablement dément !
(Ref : « The Shadow Over Innsmouth »)
6. Et maintenant les Grands Anciens se rassemblent dans le Temple de Dagon, une pyramide à étages recouverte d’algues posée sur le fond de l’océan. Alhazred et Eliza accomplissent le rituel orgiaque d’Invocation de Dagon devant un monolithe sous marin sculpté représentant le dieu marin. Et tandis que les hordes de Profonds marchent à quatre pattes dans la vase du fond de la mer, le dieu Dagon s’élève d’un abîme sans fond situé derrière la colonne. Il hurle en un hideux et puissant cri l’Ultime Maléfice, la Libération de R ‘lyeh :
« PH’NGLU MGLW’NAFH CTHULHU R’LYEHWGAH’NAGL FHTAGH ! »
Et d’une seule voix, ses serviteurs à la peau squameuse lui donnent la séculaire réplique :
« IA ! IA ! CTHULHU FHTAGN ! »
(Ref : « Dagon », « The Temple »)
7. Au cœur de l’océan pacifique, d’énormes vagues et une gigantesque tempête accompagnent la levée de l’Ile de R’LYEH, sortie à nouveau des profondeurs. Les immenses tours de pierre se découpent contre le ciel parcouru d’éclairs, en angles obtus qui défient toutes les lois de la géométrie et de l’esprit. Au centre exact de l’île est une cyclopéenne porte ou portail, sur laquelle est apposé un immense sigil symétrique. Sous les vibrations d’une puissance phénoménale du Maléfice hurlé par Dagon, la gigantesque porte s’ouvre lentement de côté, sur le dessus et par le dessous en un mouvement non euclidien. Et dans une scène finale de délire total et de démence pure, Cthulhu, le Grand Prêtre des Grands Anciens, sort de son long emprisonnement dans la cité-tombeau de R’LYEH. Il irradie partout l’Appel blasphématoire, rendant folle la population entière de la Terre dans un holocauste d’énergie destructrice. Et comme le Grand Nettoyage commence et qu’un nouvel Age d’Obscurantisme se profile, ses Prêtres et Serviteurs sortent de leur cachette pour le servir…
(Ref : « The Call of Cthulhu »)
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L’Etreinte des Vrilles Marines.
E |
n décembre 1993, au terme d’une nuit passée à boire, je fis un rêve qui me hanta longtemps. A mon réveil, suivant mon désir d’écrire de la dark fantasy, je commençai l’histoire suivante. Fin 1993, la Loge de Yaddith déclara officiellement le début de la Période de Silence. Il est des moments où ma réflexion va plus loin. Une chose est sûre : l’histoire est la transcription fidèle du rêve. J’étais l’enfant. Seule, la fin du rêve a été légèrement modifiée pour ménager une fin au récit. A la fin du rêve, on me lançait trois étoiles phosphorescentes en forme de shuriken. Au moment où je les attrapai d’une main, je me réveillais.
La porte du hangar à bateaux était si lourde qu’Alexander dû la pousser des deux mains. Il savait que les pêcheurs lui avaient ramené quelque chose du fond de la mer et il était impatient de voir ce que c’était. Le bâtiment semblait énorme au jeune garçon, mais il pouvait voir, à travers les planches disjointes et créosotées, la silhouette insolite d’un ancien chalutier à crevette qui mouillait dans ces eaux. Les trois silhouettes bossues des vieux pêcheurs se tenaient à côté du bateau, fixant d’un air médusé le gigantesque poisson qu’ils avaient hissé sur l’appontement. Un des hommes remarqua l’arrivée d’Alexander et lui fit signe d’approcher.
Alexander courut vers le groupe et s’arrêta à côté du poisson géant. Un grand requin baissait sur lui un regard vitreux, sa gueule ouverte révélant une bouillie cauchemardesque de chair et d’os. Il approcha sa main, toucha le ventre boursouflé et luisant, passa sa main sur la peau visqueuse à l’endroit de l’estomac… quelque chose remua sous ses doigts. Alexander retira sa main d’un coup sec, et un rire graveleux se fit entendre dans le hangar. Le garçon jeta un regard acéré aux trois hommes, vieux, maigres et nerveux qui faisaient cercle autour de lui, puis pointa l’estomac du requin du doigt. L’un des hommes produisit alors un large couteau de boucher de sa ceinture, le planta profondément dans le ventre bouffi, puis fit descendre la lame jusqu’à faire une longue incision.
Une créature de la taille d’un chat sortit en se tortillant de l’entaille exsangue. Pour Alexander, cette chose ressemblait à un têtard, jusqu’à ce qu’une myriade grouillante de tentacules ne sorte de petits trous sur ses flancs et ne se mette à s’agiter dans sa direction. La créature atterrit sur le sol avec un bruit mouillé et redressa sa tête vers l’enfant. Alexander éclata de rire : un visage humain le fixait avec des yeux énormes, pourpres et sans pupille. Le garçon-têtard sourit puis tourna son regard vers le cadavre du requin.
Une autre créature sortit alors pars l’incision. Elle était identique à la première, mais son visage était celui d’une fille. Elle sauta à terre à côté de son jumeau, puis les deux créatures plongèrent d’un bond et disparurent dans les profondeurs marines. Un chant d’une intensité particulière se fit entendre alors de quelque part à l’extérieur du hangar. Et bien qu’il ne put en comprendre les paroles, Alexander sut qu’il s’agissait d’un appel, et que cet appel s’adressait à lui. Il se précipita hors du bâtiment. Une foule nombreuse s’était rassemblée sur la plage. Les gens de tous âges faisaient face à la mer, les bras ouverts. Alexander ne put reconnaître parmi eux que son père et sa mère, mais il sentit que d’une certaine façon il les connaissait tous. Comme il arrivait au milieu d’eux, ils s’écartèrent pour le laisser arriver au niveau du rivage. Il fixa intensément un point où les eaux noires commencèrent à bouillonner.
Un mérou monstrueux émergea des vagues écumantes. La tête gargantuesque incrustée de corail s’étira jusqu’à presque toucher le visage d’Alexander, le corps hideux restant sous la surface. Plusieurs paires de petites mains palmées sortirent de la tête et pointèrent l’enfant du doigt. Puis le monstre retourna dans les profondeurs marines.
Un étrange frémissement gagna peu à peu Alexander. Sa peau se mit à palpiter étrangement et il contempla, éberlué, les écailles phosphorescentes qui poussaient sur son corps. Ses vêtements se dissolvèrent et il put voir, fasciné, que des yeux s’ouvraient à présent sur son estomac. La chair de ses mains et de ses pieds fondit, se changeant en de fins tentacules parsemés de petites ventouses roses. Le besoin de plonger se fit alors trop pressant, et il hurla de sa voix glougloutante avec la foule comme son corps frappait l’eau froide. Et, respirant facilement grâce à sa bouche garnie de branchies, il nagea vers sa nouvelle famille.
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Le Père de tous les Serpents.
C |
omme tout un chacun, j’ai contemplé, émerveillé, la diversité de la faune de cet étrange monde. Le cheval, le bœuf, les oiseaux qui suivent d’invisibles sentiers célestes… toutes ces miraculeuses créations dont j’ignore l’origine ou le créateur. Il fut un temps où je regardais ces animaux, et toutes les créatures de la nature, avec les yeux innocents de celui qui a sa place dans le monde qui leur a donné naissance, dans la vie.
Et comme je voudrais aujourd’hui être en mesure de revenir à ces temps d’ignorance bienheureuse… Car maintenant chaque aile garnie de plumes, chaque sabot fendu, se souille dans mon esprit d’un affreux souvenir. Les bêtes stupides et innocentes de ce monde éveilleront à tout jamais en moi d’insidieuses suspicions, et là où jadis je pouvais les toucher avec un émerveillement délicieux, je ne peux plus aujourd’hui que craindre cet émerveillement, et rejeter le nouveau, l’inexploré. Je dois le faire, ou du moins tenter de le faire, chaque fois que le choix m’en sera donné. Mais le choix, souvent, ne m’appartient pas.
Car il est des choses qui se pressent de l’autre côté du seuil. Des choses qui prennent forme en une obscène parodie de la divine création, et de ce fait marquent leur nom d’une ignominie blasphématoire : bœuf, oiseau, souris, serpent. Et ce qui était et devait être fait de beauté, une partie de l’ordre naturel, est singé par l’Essence même. Maintenant que j’ai vu ces imitations grotesques, je ne peux plus m’empêcher de les voir partout, souillant dans mon esprit leur source. Un nouveau nom leur a été donné, et ce nom est peur.
Je suis jeté dans un temple, une suite caverneuse de salles immenses creusées à même le roc d’une montagne située au milieu de la jungle. La lumière du matin, traversant les frondaisons des arbres, frappe durement les quelques larges marches de pierres qui descendent dans les entrailles du temple, donnant assez de lumière pour éclairer mon chemin. Les corridors, également larges, faisaient paraître le plafond plus bas qu’il n’était en réalité. Des plantes rampantes, lianes fines et sombres, s’engouffraient à l’intérieur depuis la jungle dehors. Elles s’accrochaient et s’enroulaient lentement dans les recoins sombres et en travers du plafond, donnant un semblant de fraîcheur vivante à cet endroit froid et renfermé.
Comme je pénétrai dans la lumière glauque, je commençai à entendre un bruit, similaire au bouillonnement d’une rivière ou d’un torrent de montagne, au loin. Comme j’examinais le mur à ma droite, je remarquai que, par dessus les antiques pierres, on avait disposé une couche de ce que je pris tout d’abord pour de la paille tressée en grande épaisseur, mais que je reconnus bientôt pour du roseau, ou mieux, des pousses de bambou. Elles recouvraient chaque mur d’une rangée continue. Elles disparaissaient dans le plafond, cachées sans doute par une fente dans le roc, ou par l’enchevêtrement malsain des lianes, et descendaient vers le sol suintant d’humidité sans pour autant le toucher. Car ces tiges étaient creuses, et de leur embout sortait, comme de quelque maudite pompe, une horreur des plus grandes.
Car le bruit que j’avais entendu n’était pas celui de l’eau, même s’il s’agissaient bien d’un bouillonnement. C’était le grouillement de cette vie immonde qui toujours suinte de dehors, et qui prend forme en une abjecte corruption de ce que nous connaissons. Leur nombre était incalculable, elles coulaient en un flot constant de quelque source inconnue située derrière la pierre qui m’entourait. Elles se répandaient en un épanchement hideux dans le gouttière large et peu profonde qui longeait les corridors du temple. Elles s’enroulaient sur elles-mêmes, glissaient sur le rebord, sur le sol jusqu’à presque toucher mes pieds, telles des racines aveugles et affamées. Elles étaient serpentines, mais non reptiliennes. Avaient la forme de vers sans en être vraiment. Elles n’avaient pas d’écaille, mais ondulaient comme le serpent, et bien que leur corps froid et luisant fusse segmenté comme celui du vers, leur longueur était celle de mon bras, et elles étaient larges comme le bras d’une pelle mécanique. Et si leur peau montrait quelque santé, ça n’était pas pour leur couleur d’un pourpre iridescent. J’imaginai un film translucide allant jusqu’à travers les entrailles. Les bêtes, qui n’avaient ni queue ni tête, puaient comme leur monde souterrain, pourrissant, et je n’osai même pas songer à leur origine, destination, ou raison d’être.
Je ne pus qu’avancer vers le coin opposé en faisant extrêmement attention à ne pas marcher sur l’une de ces vermines idiotes. Je remarquai que la salle formait un immense carré, me conduisant à l’entrée par laquelle j’étais arrivé. Comme je progressais, j’entendis des voix au loin. Leurs façons, leur sonorité, montraient bien que leurs propriétaires n’étaient pas familiers de l’endroit. Qu’ils étaient des intrus, tout comme moi. Ils n’avaient aucune raison d’être ici, et leurs cris et vulgarités faisaient bien voir que ces gens n’avaient aucune idée du respect dû à cet endroit dangereux. J’entendis également le bruit de roues contre la pierre, et le tintement de l’acier contre les marches, et j’eus peur. Peur que ces voix n’aient, en violant par leurs cris ce sanctuaire impie, lancé sur nous tous quelque horrible désastre. Paniqué, je tournais sur moi-même, et c’est alors que je remarquai un autre passage. C’est la lueur qui semblait émaner de l’intérieur qui me le fit voir. Si j’avais été un ignorant, j’aurais pu croire que ce rougeoiement était celui de torches. Quelle qu’en fût la source, cette lueur me permettait de voir assez clairement la volée de marches conduisant à un corridor, en bas. Les murs de ce corridors n’étaient pas recouvert par la simple couche de bambou devenue familière, mais par quatre. Et chacune vomissait en un débit égal son flot de créatures innommables qui descendaient en se tortillant vers la salle au bout du couloir. Cette salle où d’autres ignominies m’attendaient.
De ma position surélevée, je voyais le fond de la salle, et plus particulièrement la niche qui y était creusée. C’était de cette niche que venait la sanglante lueur que j’avais remarquée, contrastant avec l’obscurité compacte de la sculpture de pierre. Aurait-elle été plus proche de moi, je n’aurais pas réalisé qu’il s’agissait d’un motif géométrique, de la taille d’un homme. Et, l’espace d’un instant de terreur suprême, les blocs de pierre symétriques s’assemblèrent dans mon esprit, et je sentis ma poitrine se bloquer sous l’étau impitoyable de la terreur pure. C’était une tête de serpent, ciselée dans le roc. Et en cet instant je sus qu’il s’agissait là du dieu sublime, indolent, de l’endroit. Je sentis qu’il me rendait mon regard, pénétrant mon esprit, le mettant à nu. Certaines parties de la gigantesque tête réagissaient elles différemment des autres à l’action de la lumière ? Ce grondement était-il celui du sang dans ma tête, ou la manifestation d’une colère antédiluvienne sortie d’un monde inhumain ? Etait-ce le grouillement de milliers de grotesques larves se précipitant vers leur maître comme un sang immonde vers l’immense pompe du cœur du temple ? Ce dont j’étais sûr c’était que j’étais pétrifié de terreur, alors que le mouvement des larves allait s’accélérant et que les impudents intrus se précipitaient vers leur destin fatal. Comme je me tenais là, un souffle d’air chaud et fétide monta du passage. Dans un moment, la chose viendrait. Elle viendrait et prélèverait son dû.
Je revins en arrière, retournai je ne sais comment dans mon environnement familier, sain. Mais le Père de tous les Serpents m’avait touché, et souillée était ma vision de mon propre foyer. Et toutes ses bêtes. A jamais.
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H.P.Lovecraft : A Life.
S.T.Joshi
(West Warwick, RI : Necronomicon Press, 1996)
L |
’ex Frater Hali a écrit que : « l’étude de l’œuvre de Lovecraft s’est divisée, au cours des deux dernières décennies, en deux courants distincts de recherche, parallèles l’un à l’autre. De ces deux courants le premier, et sans aucun doute le plus important, nous a révélé des figures telles que S.T. Joshi, Dirk Mosig, Robert Price… dans le domaine des études académiques spécialisées. »(1). H.P.Lovecraft : A Life est le fleuron de cette veine académique. Ce livre est le fruit d’années entières de recherches minutieuses de la part de Joshi et de bien d’autres.
On considère depuis longtemps S.T.Joshi comme l’autorité en matière de recherche lovecraftienne aux USA. Fils de deux professeurs de l’université de Ball State, dans l’Indiana, il « rencontra » HPL à l’âge impressionnable de 13 ans. Il devint très vite l’enfant prodige de l’étude lovecraftienne : c’est à lui, alors qu’il était encore au lycée, que la State University Press s’adressa pour demander de compiler une nouvelle bibliographie de Lovecraft, travail qui fut réalisé, et publié en 1981. En 1982, Joshi sortit de la Brown University de Providence avec un MA. C’est là qu’il rencontra Marc Michaud, fondateur de la Necronomicon Press, qui publiera l’essentiel de ses travaux.
Le premier aspect remarquable de cette biographie est sa longueur : avec ses 704 pages, ce livre réclame beaucoup plus qu’une simple lecture, et un rapide survol ne lui rend pas justice. Car le travail minutieux de recherche de Joshi est plus qu’évident tout au long de l’ouvrage : pour donner une image la plus complète et réaliste possible de la vie de Lovecraft, il n’hésite pas à faire de nombreuses digressions dans des domaines aussi divers que la philosophie, la politique et, bien sûr, l’histoire littéraire… et bien que ceci puisse rendre la lecture parfois un peu ennuyeuse, c’est une contribution indispensable à une compréhension de Lovecraft bien meilleure que ce que l’on peut retirer de précédents travaux biographiques. Après tout, Lovecraft était, comme chacun d’entre nous, un produit de son époque, et c’est pourquoi qui veut comprendre l’homme doit comprendre le climat intellectuel de son temps.
Par contre, le lecteur qui cherchera dans ce livre des informations sur le lien entre Lovecraft et l’occultisme contemporain risque une grande déception. Joshi ne prend en compte que les aspects historique et littéraire de l’œuvre du Vieux Gentleman, laissant l’aspect occulte complètement de côté. Le travail de recherches de grandes figures de l’occultisme tels Kenneth Grant n’est même pas mentionné.
Il y a bien, cependant, une brève mention : à propos de William Lumley, correspondant New Yorkais d’HPL, Joshi écrit : « Comme de nombreux occultistes modernes, il était convaincu de la réalité du Mythe de Lovecraft. Le fait que Lovecraft et ses collègues affirmaient que tout cela n’était qu’invention ne le troublait pas le moins du monde… » (p 517). On voit bien à quel point Joshi est naïf dans sa conception des occultistes lovecraftiens. Or, comme de nombreux articles de membres de l’OED (et d’autres) travaillant sur le Lovecraft Current l’ont démontré, Cthulhu et Cie ne doivent bien sûr pas être compris comme étant des entités réelles, mais considérés comme, par exemple, « des archétypes, ayant une existence réelle dans les tréfonds de la psyché »(2).
Le livre n’en a pas moins une grande valeur. La connaissance détaillée qu’a Joshi de la vie et de l’œuvre de Lovecraft se détaches nettement des conjectures mesquines qui passent bien trop souvent pour des études sérieuses (par exemple le stupide document en circulation prétendant démontrer un lien entre Sonia, la femme d’HPL, et Aleister Crowley).
La façon dont Joshi traite l’œuvre de fiction de Lovecraft est, à mon avis, trop durement critique. De fait, en lisant ces critiques on pourrait presque croire qu’il n’aime pas du tout Lovecraft l’écrivain. Ce qui bien sûr n’est pas le cas : Joshi a consacré sa vie à HPL et le tient en très haute estime en tant que grand écrivain moderne. Il n’empêche qu’il semble bien plus prompt à insister sur les défauts des histoires de Lovecraft qu’à s’étendre sur leurs réussites stylistiques. Peut-être veut-il montrer, en faisant cela, qu’il n’est pas un de ces fans qui ont perdu tout sens critique, se répandant en louanges sur chaque ligne écrite peur leur héros. Si tel est le cas, alors il est allé trop loin dans le sens inverse.
Joshi juge très justement la nouvelle « La Couleur Tombée du Ciel » comme étant le plus grand accomplissement de Lovecraft l’écrivain. Il retient « l’exquise retenue artistique » d’HPL qui « ne révèle pas complètement la nature du phénomène dont il nous parle » (p.420). De fait, voilà une histoire qui mériterait que le chercheur comme l’occultiste s’y attardent. La délicieuse retenue de l’écriture de Lovecraft est propre à éveiller chez le lecteur une bonne compréhension de la nature ténébreuse de 23 Current, au fur et à mesure qu’il avance dans cette histoire écrite dans un style si magnifique.
Certains passages de la biographies sont difficiles à lire. Ceci n’est dû en aucun cas à une quelconque faiblesse dans la prose. En fait, c’est le contenu de ce qui est raconté qui frappe au cœur le lecteur appréciant autant l’homme que l’écrivain qu’était Lovecraft. Quand je lus le passage où il est question du refus de Farnsworth Wright (3) de prendre la meilleure œuvre de Lovecraft, et de la perte subséquente de confiance en lui qui en résulta, je sentis la colère monter en moi. Mais la lecture la plus dure fut sans aucun doute celle du passage traitant de la mort douloureuse qu’endure Howard. Lovecraft fit face à la maladie qui devait l’emporter avec une dignité, une force, et un courage exemplaires (4).
Joshi traite avec beaucoup d’intelligence de la controverse entre ceux qui pensent le mythe de Cthulhu en terme de combat entre les Grands Anciens et les Anciens Dieux bénéfiques et plus puissants (August Derleth, Robert Price) et ceux qui, comme lui-même, reconnaissent en cette idée une invention de Derleth. De fait, il ne semble plus rester une seule raison valable de partager cette vision erronée du Mythe. Derleth défendait son interprétation en produisant la « citation » d’HPL suivante : « Toutes mes histoires (…) sont fondées sur la même croyance fondamentale selon laquelle ce monde fut jadis habité par une autre race qui (…) fut expulsée, mais reste à la frontière en attendant de reprendre à nouveau possession de cette terre ». Or il a été prouvé il y a longtemps (par le lovecraftien David Schultz) que cette citation émanait en fait d’Harold Farnese, un correspondant de Lovecraft. Le « Mythe Derleth » n’a plus qu’à s’effondrer comme un château de cartes…
Le trait le plus marquant de la biographie de Joshi est peut-être qu’elle démontre que Lovecraft n’était pas du tout le reclus excentrique que certains on pu voir en lui par le passé. On savait depuis longtemps que la ghoule asociale dépeinte par De Camp n’était que chimère, mais ici Joshi nous montre Lovecraft, le charmant et digne gentleman de Providence. Il n’était pas parfait, comme le montre par exemple son attitude envers sa femme, mais il était bien plus intègre que pas mal des occultistes modernes qui se prétendent inspirés par son œuvre (5).
1 : The Pylon 2, p.4. Publié par l’ancienne Yog Sothoth Lodge de l’OED.
2 : Frater N’gah Kthun, Response to Editorial : Pylon n°1.The Pylon2, p.5. Notons qu’il existe bien d’autres façons de voir les Grands Anciens.
3 : Rédacteur en chef de la revue Weird Tales durant la plupart du temps où HPL y contribua.
4 : Il alla jusqu’à prendre des notes d’observation sur sa maladie pour le bénéfice de la science, aussi longtemps que son état lui permit de tenir un stylo.
5 : [Le magicien] doit « s’efforcer de corriger tout déséquilibre élémentaire de sa vie. Cela n’est pas facile, mais sans cet équilibre fondamental, on ne peut espérer conquérir ce qui se trouve au delà du monde des éléments ». (Lon Milo Duquette, The Magic of Thelema, Samuel Weiser 1993).
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Notes sur William Lumley.
P |
armi les correspondants et collaborateurs de Lovecraft, beaucoup sont reconnus en dehors du rapprochement de leur nom avec celui du Maître. On connaît Samuel Loveman et Rheinhart Kleiner, par exemple, pour leur participation à la presse amateur. Des gens comme Frank Belknap Long et Clark Ashton Smith sont reconnus pour leur œuvre de fiction. D’autres, bien qu’ayant accompli beaucoup, sont connus de nous uniquement par leur association avec Lovecraft. Se rangent dans cette catégorie George Kirk, Duane Rimel, Zealia Bishop, et William Lumley.
Ces quelques notes ont ce dernier pour sujet. On sait très peu de choses sur Lumley. Pourtant, il fut le premier à voir dans l’œuvre de Lovecraft quelque réalité dans le domaine de l’occulte. Voici ce que Lovecraft écrivit à son sujet dans une lettre à Clark Ashton Smith datée du 3 octobre 1933 : « Il est convaincu que toute la bande –vous, Two-Gun Bob (Robert E.Howard), le petit Belknap, Grandpa Eich-Pi-Eil, et les autres- est une réunion d’agents de Pouvoirs invisibles, semant au long de nos œuvres des allusions trop subtiles pour la compréhension des êtres humains. Nous pouvons très bien penser que c’est de la fiction que nous écrivons, et même (idée ô combien absurde !) ne pas croire en ce que nous écrivons, mais au fond nous disons la vérité à notre corps défendant… » (Selected Letters IV, p.271).
La plus grande partie de cette lettre parle de Lumley, et constitue une lecture d’un intérêt certain du fait qu’il s’agit du seul portrait de lui que nous ayons. Bien sûr HPL, en matérialiste convaincu, parsème son récit d’allusions ironiques, prétendant qu’il avait « été le témoins de rites monstrueux dans des cités désertées, s’est endormi parmi des ruines préhumaines pour se réveiller plus vieux de vingt ans… ». Et pourtant HPL semble séduit par Lumley : il écrit que « … j’aime tellement le vieux garçon que je ne me moque jamais de lui. Il est vraiment des plus aimables –avec une gratitude et générosité spontanée qui seraient presque pathétiques ».
Voilà tout ce que nous savons de Lumley. Aucune des lettres qu’il a écrites à Lovecraft ne semble avoir été conservée. Neuf lettres de Lovecraft qui lui sont adressées furent transcrites par Arkham House pour les Selected Letters, dont six furent retenues pour la publication. Celles-ci ont souffert de coupures qui leur font perdre une grande partie de leur intérêt (je remercie S.T.Joshi de m’avoir envoyé les transcription des neuf lettres). HPL ne rencontra jamais Lumley, et ne fait pas montre à son égard de cette familiarité qu’on trouve, par exemple, dans les lettres à Frank Belknap Long. Il commence toujours par un « Cher Mr Lumley », et signe d’un simple « H.P.Lovecraft », ou (par deux fois) « HPL ». Il semble donc que les deux hommes ne se rapprochèrent jamais vraiment.
HPL révisa la nouvelle de Lumley intitulée « Le Journal d’Alonso Typer ». Il y est question de la dégénérescence (par contact avec les Grands Anciens) d’une lignée de colons hollandais à New York. Ce thème de l’implication d’une famille entière dans des activités liées aux forces de l’Extérieur est typique d’HPL, et il est probable que la plus grande partie de la nouvelle soit de lui. Il serait sans aucune doute intéressant de l’étudier de plus près. Après une lecture rapide, la seule chose qui me frappa fut la mention de l’innommable sorcier Abaddan Corey (Aleister Crowley ?).
Que cette supposition soit juste ou non, HPL mentionne (dans la lettre à CAS citée plus haut) que Lumley connaissait un grand nombre d’écrits occultes, ce qui rend probable l’hypothèse selon laquelle il aurait lu Crowley. Il ne semble cependant pas avoir été membre d’un quelconque ordre occulte ou maçonnique (Kenneth Grant, communication personnelle). Il est très peu probable qu’HPL lui-même ait jamais lu quoi que ce soit de Crowley.
Il serait très intéressant de disposer d’autres informations, mais il n’en existe pas. On pense qu’il était un vieil homme au moment de sa correspondance avec Lovecraft, bien que tout le monde ne partage pas cette opinion. Toutes les tentatives de recherches menées jusque là par des lovecraftiens se sont terminées par des échecs. Les archives de la sécurité sociale révèlent qu’au moment de la correspondance Lumley-HPL, six William Lumley vivaient à New York, voilà tout ce que l’on sait. Il ne fait aucun doute que ce personnage mérite mieux que cette ombre dans laquelle il est resté par manque d’informations. Je tiendrais qui de droit au courant d’une bonne surprise éventuelle. Mais pour le moment, William Lumley demeure une énigme.
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Against the Light, Kenneth Grant
(London : Starfire, 1997)
Critique de Frater Bokrug XIII*
A |
gainst the Light n’est pas le coup d’essai de Kenneth Grant dans l’écriture de fiction, mais il s’agit de son travail le plus ambitieux. Le titre n’est pas du tout une référence à quelque guerre entre l’obscurité et la lumière, mais une citation d’une scène récurrente du récit dans laquelle une illustration, tenue contre la lumière, prend une apparence des plus sinistres.
Ceux qui connaissent déjà l’œuvre de Grant en dehors de la fiction reconnaîtront beaucoup de références dans Against the Light. Les travaux d’Aleister Crowley et d’H.P.Lovecraft y jouent un rôle important. L’auteur nous donne des détails concernant Austin Osma Spare et la sorcière Paterson, de même que la fondation de la Loge de Gnu-Isis de Grant, dans les années cinquante. La profusion de noms donnés dans le premier chapitre semble presque excessive, mais Grant se corrige de ce défaut dans les suivants.
Dans des ouvrages comme The Nightside of Eden et Outside the Circle of Time, Grant se faisait un devoir de réécrire l’histoire de l’occulte pour l’accorder à ses idées sur l’œuvre de Crowley. C’est d’ailleurs pour cela que la plupart des thélémites orthodoxes le traitent de révisionniste. Avec Against the Light, Grant change totalement de cap. Il a décidé de révéler ses propres motivations au lieu de réinterpréter celles de Crowley… quoique ?
Against the Light se présente comme une fiction semi-autobiographique. Où s’arrête la relation des faits, où commence la fiction ? Difficile à dire, d’autant plus que même les éléments les plus fantastiques de l’histoire apparaissent plausibles à qui est suffisamment versé dans l’occulte. Peut-être Grant s’est-il servi de ce moyen pour exprimer ses propres idées à propos de ce qui lui est arrivé et ce que cela peut signifier. A ce sujet, le VALIS de Philip K.Dick me revient en mémoire.
L’histoire se présente sous forme d’une narration, mais on apprend dans l’introduction qu’il s’agit d’une sorte de compte rendu des séances que Grant passa chez une voyante. Les résultats ne sont pas présentés comme une série de transcriptions, mais bien plutôt comme une séquence linéaire d’événements qui se suivent à la manière d’un rêve. Le récit commence en une pauvre imitation de Lovecraft, bien qu’il ne s’agisse pas que de simple fantasy. Les thèmes et symboles récurrents amènent Grant vers quelque chose de capital. Ces symboles, souvent mystérieux, ne sont pas expliqués. Je pense qu’il sont personnels à Grant. Bien qu’il ait à l’origine fait appel à la voyante dans le but de l’aider dans ses recherches sur un de ses ancêtres brûlé pour sorcellerie, il finit par chercher un antique grimoire de famille qui lui révèle son véritable héritage.
Grant est le dernier d’une longue série d’incarnations d’êtres exceptionnels, capables de diriger des entités d’au-delà des cercles du temps. Ces forces sont maléfiques, et le personnage Grant semble peu désireux de les aider. Mais l’histoire est peuplée de souvenirs d’enfance qui semblent obnubiler son esprit alors qu’il apprend la véritable histoire de sa famille. Tout cela n’est-il que nostalgie, ou bien est-ce la réalité ? L’histoire est ambiguë, et je suis convaincu que c’est à dessein.
Le lecteur qui cherche dans ce livre une simple histoire de fantasy ou d’horreur pourra en sortir quelque peu troublé. Le lecteur désireux d’en apprendre plus sur l’homme qu’est Grant pourra penser qu’il en sait moins qu’avant d’avoir lu le livre. Pour celui qui veut comprendre quelques unes des motivations de Grant dans sa recherche concernant l’arcane, ce livre est d’un intérêt certain…
Si l’on prend cet ouvrage comme l’impression que Grant souhaite laisser derrière lui, Against the Light est un succès. En le lisant, je devais constamment réprimer en moi le besoin d’exiger un fil conducteur à l’histoire. Mais il ne vient jamais. Il soulève beaucoup de questions, dont les réponses sont là, quelque part. L’histoire se tient, bien qu’elle laisse place aux conjectures.
Je vais devoir le relire.
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Mon Journal Gris
Frater Van Thal I*
L |
e 19/18/1996, je suis resté éveillé jusqu’à 5h du matin pour regarder les trois films d’une soirée sur Channel 4 sur les vampires. Le dernier de ces films, Mark of the Vampire (1935), racontait les crimes et méfaits posthumes d’un certain comte Mora (Bla Lugosi), condamné à grossir les rangs des non morts par son désir incestueux pour sa fille. Comme l’intrigue progressait, je me mis à réfléchir sur le mot Mora. Il apparaît dans l’Oneironomicon de Frater Eibon (une entité qliphotic du Dr Dee), et joue une rôle prépondérant dans la gnose EODienne (de plus, Marjorie Cameron joue une personnage du nom de Mora dans le film Night Tide). Profitant d’une pause publicitaire, j’allai me préparer une tasse de thé à la cuisine… c’est là que je vis par la fenêtre, à une altitude relativement basse, une étrange lumière rouge animée d’une pulsation régulière, se mouvant approximativement NE-SO (Droite-Gauche dans mon champ de vision). J’ai habité toute ma vie à un jet de pierre d’un des plus grand aérodromes militaires du Royaume Uni, RAF Finningley, et je peux affirmer catégoriquement que ce que j’ai vu ce soir-là ne se comportait en aucune façon comme un quelconque modèle d’avion conventionnel. Encore que je ne sois pas en mesure d’émettre une hypothèse sur sa véritable nature.
Je finis par me coucher aux environ de cinq heure et quart, à demi convaincu que j’avais vu un OVNI, et sombrais immédiatement dans un rêve impressionnant (quoique non lucide). J’étais toujours en train de regarder la télé en bas. Mark of the Vampire venait de se terminer, et la voix off dit quelque chose comme « Et voici maintenant le premier d’une série d’anciens épisodes inédits d’Au delà du Réel : « Les Invisibles ». Etonné par cette étrange coïncidence (compréhensible uniquement pour les membres de l’OED), je me redressai soudain, mon attention éveillée… mais comme le générique commençai, l’écran de la télé devint noir. Je pouvais toujours entendre les dialogues et la musique, mais sinon l’épisode était littéralement « invisible ». A ce moment je me rendis compte que je rêvais, et pris tout à coup conscience que quelque chose me tapotait le visage. Je m’éveillai brusquement pour trouver que c’était ma main gauche qui m’avait réveillé. Je me levai trois heures plus tard et trouvai dans ma boîte aux lettres une missive de Frater Eibon. Il m’exposait son plan pour « une nouvelle phase de l’activité de l’OED », et m’offrait de devenir membre de grade I*.
Je ne sais que penser de cette bizarre succession d’événements. Il semblent avoir une signification cohérente, mais ne la donnent pas, me laissant avec ces indices que je suis incapable de comprendre.
14/11/96 : Rêve d’une rencontre avec Claire de Sangre (Mummy’s Shroud). Elle me dit : « Dans le sommeil, nous devons êtres vertueux ». (Je pense que ce dernier mot pouvait avoir été la qualité chevaleresque de vertu, qui n’a rien à voir).
15/11/96 : Rêve lucide d’un homme à face d’aigle en robe noire. Il porte un étrange casque dressé (comme Karnak dans l’ancienne BD Fantastic Four) et tient une faucille d’or dont tombent de petites langues de feu. En me réveillant je réalise que je l’ai déjà vu auparavant. Il est l’Homme Dansant, lié à Nyarlathotep dans un autre rêve raconté à l’OED.
22/11/96 : Une belle blonde apparaît à mon seuil. Elle me demande si j’ai déjà correspondu avec Genesis P-Orridge. J’essaye de l’attirer dans la chambre, mais elle ne se laisse pas détourner de son sujet et me demande de lui transmettre toute lettre ayant un rapport avec l’Eglise Procédante d’Orridge renaissante (ou reconstituée). (référence à l’OED et sa reprise récente d’activité ?). Si je ne le fais pas, les conséquences pourraient être désastreuses, me dit-elle.
22/11/96 (encore) : Je suis assis sur le bord du trottoir, devant la maison où vivait L.J.. Une blonde se matérialise et s’accroupit à mes côtés. Elle porte des vêtements de randonnée et semble robuste. Elle sort une carte du sud de la France de son sac à dos, une croix révélant l’emplacement d’un trésor caché. Elle me dit que nous devons partir maintenant. Notre destination s’appelle Gateau (sans doute une version rêve de Rennes le Château).
13/12/96 : Une femme se tient en face de moi, une boîte de chocolats magiques (magie noire, bien entendu) à la main. Elle l’ouvre et me montre l’intérieur du doigt : « essaye ceux-là », me dit-elle, « ce sont des nouveaux, saveur poisson ». Je refuse poliment.
14/12/96 : Rêve d’un serpent rouge et vert changeant de peau. Mouvements vaguement obscènes. Des gens dans l’ombre regardent. Le décor semble suggérer une salle de science. Posées sur une des paillasses, des tubes à essai remplis de sable coloré sont suspendus à une sorte de cadre d’une douzaine de centimètres de haut. Je frappe dessus avec une petite torche électrique en jouant l’air de Take Heart (message de l’inconscient d’une évidence frappante : « prend le cœur » (take heart) et ne laisse pas les vicissitudes de la vie t’ennuyer).
21/12/96 : (Après la lecture de The tomb of God) Je suis à nouveau à la recherche d’un trésor psychique en France. Une femme se tient en face de moi, brandissant une carte. Elle suit une ligne avec son doigt et me dit : « Ici la route tu se connez » (encore du français-rêve).
24/12/96 : Je suis dans une voiture, garée dans un parking qui surplombe ce qui me paraît être Derwentwater. Le terrain descend en une pente boisée vers le bord de l’eau. A.C., assise à ma droite, regarde distraitement par la fenêtre. Jetant un coup d’œil dans l’habitacle, je remarque un tabloïd entre mes pieds. Je l’ouvre négligemment, et à ma grande surprise constate que l’habituelle pin-up de la page centrale est ici remplacée par une femme nue en pleine lactation qui se tient de profil (Droite-Gauche) et fait jaillir du lait de ses seins. Dans une convulsion soudaine de désir, je me tourne vers Angie et lui dit : « Montre nous tes nénés ! ». Elle me lance un regard de côté, puis soulève son sweater noir, révélant une paire de seins ronds et voluptueux, bien plus gros et lourds que dans la réalité. Je balance le journal et me jette sur elle, suçant ses gros mamelons avec gourmandise.
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Un Mot pour l’Ere de Cthulhu.
Frater Bokrug XIII*
Q |
uel mot pour l’Ere de Cthulhu ? Aucune réponse satisfaisante n’a encore été donnée au cours des deux décennies d’existence de l’Ordre. On a proposé beaucoup de mots – parmi lesquels « démence » emporte la plupart des suffrages-, mais le problème demande encore une solution. Je suggérerais quant à moi que la réponse s’est peut-être trouvée devant nos yeux tout du long. Mais laissez moi d’abord faire un parallèle avec une autre tradition.
Aleister Crowley proclama que le mot de l’Ere d’Horus était « Abrahadabra », mot qu’il disait être l’original de notre familier « Abracadabra ». En hébreux gematria, « Abrahadabra » se transcrit 418. L’Ere d’Horus et son mot sont tous les deux intimement liés au 93 Current, à tel point que Crowley écrivait souvent 93=418. Le nombre 93, à son tour, était dérivé du grec gematria de « agape » (amour) et « thelema » (volonté).
L’Ordre Esotérique de Dagon proclame, quant à lui, le 23 Current, son nombre ne provenant d’aucune gematria mais des premiers travaux de William S. Burroughs. Burroughs remarqua en effet que le nombre 23 apparaissait plus souvent qu’il n’aurait été normal dans les désastres et autres nouvelles. Et le nombre ne se manifesta que plus dans la vie de Burrough et d’autres une fois qu’il eut faite cette constatation.
Crowley passa beaucoup de temps à expliquer la signification numérologique du 418 après l’avoir trouvé. En conséquence, on peut penser que la valeur du Mot de l’Ere de Cthulhu pourra lui aussi se prêter à de telles analyses. Je pense qu’en ce sens, le mot « Dagon » est digne d’être retenu.
En hébreux, « dag » signifie « poisson ». Par extension, Dagon est le nom du dieu-poisson des philistins, représenté habituellement sous l’apparence d’un ondin. Bien sûr, la version sémite n’incluait pas de voyelles ou de marques diacritiques à l’origine. « Dag » s’écrivait DG. Dagon était DGN, transcrit 707. D’autres orthographes sont DGAN ou DGON. Le premier donne 708, et traduit littéralement réfère à un dieu des moissons. Le second donne 777, et c’est là le résultat que nous cherchons.
Dans An Essay Upon Number , Crowley écrit la chose suivante à propos du 777 : « Utile de la même façon [en tant que négation de l’Unité] que l’affirmation selon laquelle l’Unité est le Qliphoth. Mais il est un outil redoutable, surtout dans la mesure où il représente l’épée flamboyante qui conduisit l’Homme hors de l’Eden. Chat échaudé craint l’eau froide. ‘Les démons croient eux aussi, et tremblent’. Pire qu’inutile si on ne la tient pas par la garde. 777 est aussi la version décuplée du 7, et est inutile à qui n’a pas encore réveillé le Kundalini, l’esprit femelle occulte. Notez aussi que le 7 est l’endroit où le 3, la Mère, et le 10, la fille, se rencontrent ; alors que Netzach est la femme, mariée mais rien de plus. »
Dans 777 Revised Crowley liste les phrases hébraïques suivantes comme ayant la valeur 777 : « Un est le Ruach (esprit) de l’Elohim (Dieu) des Vies » et « Le Monde des Carapaces [Qliphoth] ». Il en déduit que : « L’Epee Flamboyante, si le sentier qui part de Chesed est pris comme = 3. Car [gimel] connecte Arikh Anpin à Zauir Anpin ». On pourra aussi noter que Crowley a choisi précisément ce nombre comme titre de ce volume de valeur gematria
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La Malédiction
Frater Sabmon 0*
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a semaine dernière, je suis allé dimanche soir au Mt. Tabor Pub assister au concert de tambours hebdomadaire. Une bande de hippies et autres tambourineurs étaient assis et joueraient la nuit entière, ou dansaient. Je ne joue pas, mais je danse assez souvent d’habitude. Et puis c’est un bon endroit pour trouver des pépées hippies. Cependant… le cinéma d’un des danseurs au milieu du cercle commencèrent à m’irriter. Il a toujours l’air de faire comme si « la piste lui appartenait » pour ainsi dire. Il ne laisse pas de place aux autres pour bouger, il crie, gesticule, etc.
J’étais sous l’influence de la « Double Black », une bière faite à Seattle avec du café comme ingrédient principal. Du coup, j’étais à la fois excité et à un peu bourré. C’est pourquoi je décidai de faire quelque chose que je n’ai pas pour habitude de faire : maudire ce type.
Maintenant, ce mec est une institution de ces concerts de tambour : il est toujours là, et il fait toujours la même chose. N’empêche, j’en appelai aux Grands Anciens (parmi lesquels Cthulhu, Yog-Sothot, Nyarlathotep, Hastur) et lui envoyait une malédiction. Je dansai ensuite pendant un moment, tout en continuant à invoquer les Grands Anciens en même temps que quelques autres dieux comme Astarte, Pan, Hathor et Bastet.
Un instant plus tard alors que j’étais près de l’entrée de la piste principale, près du gars qui met un timbre sur votre bras, le barman sortit du pub, tenant fermement le type de tout à l’heure. Il le jeta dehors et dit au videur : « Je ne veux plus de ce type ici ».
Cool. Mon petit tour avait fonctionné. Il ne sera plus jamais là pour m’irriter avec ses manières. Encore une fois les Grands Anciens avaient prouvé leur efficacité. N’empêche, je me sens un peu coupable.
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Eibonique
Frater Eibon XXIII*
Eibon est normalement liée à ebon, « noir »- . Sa valeur est soit 137 ou 787, si l’on compte la lettre nun avec sa valeur usuelle (50) ou finale (700). Ophan, littéralement AVPN, a la même valeur numérologique. Ophan signifie « roue ». C’est le singulier du mot plus commun Ophanim, des êtres en forme de roues qui ont peut-être un lien avec les OVNIS. Notez la similarité phonétique entre AVPN et EIBON (prononcé à l’anglaise, NDT). Crowley n’accorde aucun intérêt à la valeur la plus haute, et conte AVPN=137. C’est le nombre de Qabalah et mitsbah , qui signifie « idole ».
Pour avoir toute la valeur d’EIBON il faut prendre
chaque lettre et ajouter les sommes. Hed, yod, beth,
ayin, et nun donnent 10, 20, 412, 130 et 106 respectivement
(encore une fois en prenant ayin et nun avec la plus petite
valeur de nun : 50). Ce qui donne 678, la valeur d’Arabhoth,
l’un des noms que l’on donne au Septième Ciel. Et puisque la septième
sphère (d’après les anciens) appartient à Saturne, l’on ne sera pas surpris
de se rappeler qu’Eibon fuit les prêtres de Yhoundeh par une porte menant
à Cykranosh – le nom hyperboréen de Saturne. Notons que 678 est aussi
le nombre d’adam Belial, qui signifie « homme de Belial ».
Je présume que cet homme est Eibon lui-même. Intéressant aussi le fait
que 678+137=815, le nombre d’Azathoth, et 678-137)541, le nombre d’Israel
–littéralement « celui qui se bat avec El », ce qui est sans
doute encore une référence à Frater Eibon.
Ficelle, notre traductrice avec Jacky F.
Eibon est l’auteur du livre qui porte son nom, Le Livre d’Eibon. On pourrait tout d’abord imaginer que son équivalent hébreux serait Sepher ha-Eibon. Un meilleur titre serait Qabalah ha-Eibon. Ce titre porte le puissant double du 137 original, le 274. Ce qui est la valeur du Ruachin , une des quatre classes de démons, toujours en prenant nun avec sa valeur la plus petite. Et le Livre d’Eibon ne parle-t-il pas des habitudes des démons ?
Puisqu’à chacune des vingt-deux lettres de l’alphabet hébreux correspond un des atouts du tarot, nous pouvons faire une sorte de lecture en prenant les lettres de EIBON. En utilisant le système de Crowley, on obtient l’Etoile, l’Hermite, le Magicien, le Diable, et la Mort, dans cet ordre. Je pense que ces cinq cartes représentent les cinq directeurs successifs de l’OED –Randolph Carter, Frater Zkauba, Soror Azenath, Frater Nephren-Ka, et Frater Eibon.
Randolph Carter : l’Etoile signifie l’espoir. On voit une silhouette féminine versant le contenu d’un vase dans un torrent, habituellement vue comme le signe du Verseau –la nouvelle Ere. Ainsi l’Ordre commence, sous les hospices de l’étoile d’argent.
Zkauba : l’Hermite représente la solitude de l’anachorète. Méditation, pouvoir venant de l’intérieur. Cthulhu dans R’lyeh est l’Hermite.
Azenath : le Magicien c’est l’intelligence, le discernement, l’habileté et la dextérité, ce qui donne 73 –le nombre de Chokmah, la sagesse. Sous Soror Azenath, l’Ordre prospéra et grandit.
Nephren-Ka : le Diable représente l’influence du monde. La direction de Nephren-Ka prit fin brutalement avec la Période de Silence.
Eibon : la Mort est la transformation, le changement, un des objectifs de l’Ordre. Et qu’attendre de mieux après cinq ans de silence ?
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[1] Le premier numéro a été traduit dans le numéro 9 de Murmures.