Les Papiers Sanglants de Vlad Marlinius


Vampires


Il pleut de l'hémoglobine à tous les tournants de rue en cette fin d'année 1997. Loin de moi la prétention d'essayer ici de tout rassembler sur le sujet, mais juste de vous faire part de quelques découvertes qui m'ont fait baisser le taux de globules rouges.

Et si vous êtes sages, cette rubrique sera régulièrement mise à jour sur notre site internet. Mais cela suppose que vous nous donniez un petit coup de main pour nous faire part de vos trouvailles.


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Les Anthologies sont légion. Comment s'y retrouver ? Essayons cependant :
  • Incontournable le gros tome de chez BOUQUINS, Les Evadés des Ténèbres. Aux côtés de Frankenstein et nombre d'autres créatures démoniaques, on retrouve avec plaisir le roman de Stoker.
  • Stoker toujours est au sommaire d'un autre pavé énorme, celui de chez OMNIBUS intitulé Dracula et les siens ; et il est assurément en bonne compagnie avec les contributions dégoulinantes de Polidori, Hoffmann, le fanu, Tolstoï, Anne Rice, Spinrad, Catherine L. Moore (avec son inoubliable Shambleau), Seignole.
  • POCKET nous propose Les Dernières Nouvelles de Dracula, un ensemble fort hétéroclite qui sent bon la commande. Il y a de tout, du vampire gothique, moderne, branché, yéyé, amoureux, alcoolique et que sais-je encore. Je mets au dessus du lot une nouvelle de Dan Simmons, Tous les Enfants de Dracula qui se déroule en Roumanie, à la fin des événements sanglants de 1989, et plus précisément à Sighisoara, dans la maison de qui vous savez. C'est diablement bien vu.

Dur d'être un vampire et de se retrouver tout seul. Alors si c'est votre cas, rejoignez une des nombreuses Associations vampiriques qui ne demandent qu'à vous prendre en charge :
  • Une mention particulière pour le Cercle d'Etudes Vampiriques de V.L. Silhol (5 rue Jacques d'Aragon, 34000 Montpellier, tél 04.67.60.87.06) qui publie l'excellent fanzine REQUIEM et qui organise rencontres, forums etc. On la trouve également sur http://wwwperso.hol.fr/~dimensio. Et quant on sait que cette association est en relations amicales avec ALIENS & VAMPYRES...


Elle est folle, mais alors folle à lier. Elle s'appelle Nathalie Dessart (Nat, ah Nat !), réside au 107 rue Edouard Jossens à 4460 Grâce-Hollogne en Belgique et met régulièrement à jour une Bibliographie intitulée Sur les Traces du Vampire. On y trouve tout, en français, en anglais et en poldève. IL FAUT VOIR CELA, une fois !

  • Dans la série encore plus fou, le père Norbert Spehner (565 rue de Provence, Longueuil Qc, J4H 3r3 Canada, email spehner@odysse.net) vaut franchement le détour. Il nous propose lui aussi une Bibliographie, mais centrée sur les diverses éditions autour de la planète du bouquin de Stoker. Mais bien sûr avec en prime un petit plus, la recension des études publiées sur cet ouvrage. Je ne résiste pas au plaisir de recopier sa petite pub !

    Avis de Recherche

    Si vous habitez en Lituanie, en Finlande, en Bielo-Russie, dans ce qui reste de la Tchéthénie, ou autre lieu exotique, sachez que vous avez là une occasion rêvée de converir le Conte en $ ! Je suis preneur !!!!!


    Tout cela donne un joli booklet de 66 pages où l'auteur nous explique comment il traque les diverses productions stokeriènes grâce à internet dans les catalogues des principales universités mondiales. Un thriller virtuel, quoi ! Et c'est publié par ASHEM FICTIONS, 1425 Arsenault#8, St-Hyacinte, QC, J2S 8N8, email rcmp@gsig-net.qc.ca. Et ça coûte 32 FF.

Vampire

Il ne manquait plus qu'un Dictionnaire consacré au Saigneur des Carpates. Et bien c'est chose faite grâce à Alain Pozzuoli qui nous donne avec Dracula (1897, 1997) la somme indispensable à tout disciple qui se respecte. Il y a tout, et encore plus dans cet ouvrage publié chez Hermé.

Dévoré le bouquin de Jeanne Faivre d'Arcier publié chez Pocket, La Déesse Ecarlate. Un somptueux poème vampirique sur fond de mythologie hindoue et d'érotisme brûlant. Le héros s'appelle Jonathan, un hindou récupéré par un couple franco-indien afin de le sauver d'un karma redoutable. Un Jonathan qui n'est pas sans rappeler celui de Jacques Attali dans Il viendra ! Moins prophétique, certes, mais lui aussi marqué par le sceau de feu d'un destin hors du commun. Assurément une pièce maîtresse de la littérature fantastique contemporaine.

Les Fanzines ne sont bien sûr pas en reste pour cette fête rouge :
  • Chimères de notre bonne Josiane Kiefer (23 bis rue Kleber, 93700 Drancy) sort un numéro 37 consacré aux Maigres Bêtes de la Nuit. Avec en morceau d'honneur une interviex de Jeanne faivre d'Arcier !.....


Le Figaro nous a copié (pour ne pas dire l'inverse) avec un numéro spécial du Fig Littéraire daté du 17 avril 1997 et intitulé Les 100 ans de Dracula ! Malgré ce titre accrocheur, rien ou pratiquement rien à mettre sous mes quenottes avides.

En 1871, l'écrivain Irlandais Joseph Sheridan Le Fanu édite un des grands classiques de l'épouvante, un livre précurseur en matière de vampirisme avant même le Dracula de Bram Stoker. On y rencontre une demoiselle issue d'une illustre famille Slave qui supporte assez mal la lumière solaire et qui emploie ses charmes tout au long du livre à faire succomber la fille de la maison qui l'a recueillie. En 1996, Yvon Hecht achève un hommage au mythe de Carmilla, sous la forme d'un court roman d'un peu moins de 170 pages, dans lequel une jeune femme noble est courtisée par un prince Allemand qui s'émeut de ses petites manies; entre autres celle de se nourrir de petits animaux par drainage d'énergie. Pour ne rien arranger, elle aussi fait partie d'une ancienne famille maudite. Ce roman s'analyse plutôt comme une histoire parallèle à celle de Carmilla que comme une suite logique. On y retrouve le charme du XIXe siècle et de la Restauration, avec un tour des cours d'Europe très bien documenté. L'exhaustivité descriptive du cadre vaut aussi pour les personnages, dont on suit l'évolution sur de longues années, à tel point qu'on a le temps de voir notre couple s'adjoindre un poupon charmant mais qui prend vite les mauvaises habitudes maternelles. La psychologie l'emporte aisément sur le fantastique, tant les personnages sont détaillés: on ne perd rien de l'idylle, pas même les petites attentions du prince pour sa dulcinée, dont nous sommes témoins en détail. Ces envolées romantiques laissent une place fort réduite au fantastique, transformant le récit en une variation de Guerre et paix plutôt que de Carmilla, par moments. Aussi, ne cherchez ni horreur, ni frisson, il n'y en a pas. L'histoire est très fluide, très élégante, gracieuse, mais pas effrayante pour un sou. Peut-être parce que le sujet principal ne concerne pas tant le vampirisme qu'un hommage aux arcanes du XIXe siècle.

(S.F.) HELENA VON NACHTEIM, Yvon Hecht

Présence du Fantastique N°51



  • Si vous aimez le Jeu de Rôle solitaire, essayez dans la collection le livre dont vous êtes le héros Le Château de Dracula chez Folio (no 401). L'ambiance est assez bien rendue.
  • Plus sophistiqué, le Jeu de Plateau La Fureur de Dracula (Games Workshop, distribué en France par Oriflam) vous entraînera dans une course échevelée ou il ne fait pas bon incarner le personnage de Jonathan Harker.


Lovecraft manquerait à la partie sans cet extrait de l'excellent papier de Jean Marigny dand le feu fanzine Karpath; Et si vous voulez le consulter dans son intégralité, vous pointez votre mulot sur http://www.mygale.org/04/cthulhu/.

La nouvelle de Lovecraft qui se rapproche le plus des histoires de vampires traditionnelles est sans doute The Shunned House (La Maison Maudite) (3). On y voit les occupants successifs d'une vieille maison de Providence mourir d'une mystérieuse et inexorable anémie jusqu'à ce qu'un homme plus curieux que les autres, le narrateur, découvre dans la cave un gigantesque cadavre boursouflé qui semble s'être nourri pendant des années de leur sang. Les victimes ayant été retrouvées pratiquement exsangues au moment de leur mort, il y a bien eu un phénomène de vampirisme, mais celui-ci s'est fait sans morsure, à distance, comme par une mystérieuse osmose. Le mystérieux mort-vivant, à la différence des vampires traditionnels qui se réveillent la nuit, mène une sorte d'existence végétative au fond de sa tombe d'où il ne sort jamais. A noter que le narrateur n'utilise pas le moyen classique qu'est le pieu pour éliminer ce redoutable vampire, mais il préfère déverser sur le corps six bombonnes d'acide sulfurique, ce qui est tout à fait inhabituel dans ce genre de récit.


Le bon journal Le Monde ne veut pas rester de la partie et publie un numéro spécial Dossiers & Documents Littéraires (no 16 de juillet 1977) intitulé Quelle Horreur... Recueil d'articles parus dans le Monde des Livres, il fait le tour des créatures de la nuit, avec bien sûr à la une notre ami le Comte. Je relève le passage suivant : Après avoir inspiré les arts et les lettres, la publicité et le cinéma, voilà Dracula devenu une des principales attractions touristiques (et source de devises fortes) de son étonnante Roumanie. Crise économique oblige ! Je me demande si le signataire (Edgard Reichmann) a été voir sur place ! Il est même étonnant que la Roumanie n'exploite pas mieux le mythe. Trouver le château de Poearni, par exemple, est un exploit. Et ne comptez pas y acheter des cartes postales ou autres gadgets.

Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de la collection Héros de chez DML, à la lecture notamment du Bob Morane signé Francis Valéry. C'est au tour cette fois du Saigneur des Carpates de passer sur le grill de cette série à la fois rapide à lire et richement documentée. Tout y est, l'histoire de Vlad Tepes, la bibliographie , la cinématographie, et bien sûr l'analyse du chef d'œuvre de Bram Stoker. A dévorer d'urgence. (P.M.) DRACULA, Philippe Paygnard, D.M.L.

Bram Stoker est de la fête, il ne faut pas l'oublier, une fois ! La seule biographie que je connaisse en langue française est celle d'Alain Pozzuoli, Bram Stoker, Princes des Ténèbres, publiée en 1989 chez Séguier. Un bouquin intéressant, mais qui laisse sur sa faim, dans la mesure où il est plus une recension des œuvres cinématographiques dédiées au vampyre qu'une véritable bio.

Vous avez souri à la lecture du papier inséré dans notre reportage et consacré au Temple du Vampyre. Et bien Massimo Introvigne nous dit tout sur cette secte américaine dans Enquête sur le Satanisme (Dervy Editeur);

LaVey n'est pas certain que les loups-garous et les vampires, au sens littéral du terme, aient jamais vraiment existé. Comme on pouvait le prévoir, jusque parmi ses plus fidèles disciples et jusque dans sa famille, tout le monde n'est pas d'accord, ce qui a donné lieu à de nouvelles scissions. Lucas Martel a fondé à Lacey (dans l'Etat de Washington) le Temple du Vampire. Ce mouvement, né à la fin des années 80, ne s'en réclame pas moins d'origines très reculées, qui remonteraient aux anciens sumériens. Le vampirisme n'aurait jamais cessé d'être la religion des dominateurs. Mieux encore : des "vampires antiques" auraient fondé "le christianisme, le bouddhisme, l'hindouisme, l'islam et les autres principales religions mondiales pour produire - chez les êtres inférieurs - docilité et soumission à la règle des Maîtres". Bien que le Temple du Vampire considère comme théoriquement et magiquement possible le vampirisme au sens physique du terme, avec des effets agréables comme le fait de "voler" et d'acquérir "l'immortalité physique", sa principale activité semble consister à répandre un "matérialisme sceptique" guère éloigné de la doctrine de l'Eglise de Satan. Le credo du Temple du Vampire dit "Je suis un vampire ! J'adore mon ego et ma vie, car ce sont le seul Dieu qui existe ! Je suis fier d'être une bête de proie et j'honore mes instincts animaux." Peut-être est ce pour ces raisons que les rapports entre le Temple du vampire et l'Eglise de Satan sont restés, après le schisme, et malgré les divergences sur la réalité historique des vampires, assez cordiales. D'ailleurs, la revue internationale de l'Eglise de Satan, The Black Flame (publiée à partir de 1989 à New York grâce aux efforts de Blanche Barton et de Peter Gillmore), accepte la publicité (payante) de l'organisation vampiriste de Lucas Martel.



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MAJ au 7 février 1998


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