Collection "Les Manuscrits d'Edward Derby" |
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Rêves d’Altaïr
Souvent,
il est de bon ton pour les préfaciers d'anthologies de science-fiction
de se livrer à un historique, un panorama, ou une fine analyse de
notre genre préféré. Ceci afin de l'éclairer d'un jour nouveau aux
yeux des amateurs, voire de l'éclairer tout court pour les néophytes.
Mais d'autres avant moi, et de plus érudits, sont déjà passés par-là avec succès, et bien mieux que je ne saurai le faire. Il arrive aussi que le préfacier, lorsqu'il n'est pas l'anthologiste, explique pourquoi il a accepté de rédiger la préface : l'anthologiste est un ami, il ne peut rien lui refuser, en plus il lui doit beaucoup d'argent, etc. Et s'il est lui-même l'anthologiste, il expliquera pourquoi l'envie lui a pris de réunir ces textes et de les publier : par exemple, outre l'ambition évidente de se couvrir d'or et de gloire, le souci d'offrir au lecteur d'agréables heures de détente, ou l'envie d'offrir à des auteurs, surtout s'ils ont été peu ou pas du tout publiés, l'occasion d'exprimer leur talent et leur imagination. Mais sincèrement, le lecteur s'intéresse-t-il le moins du monde à ces considérations nombrilistes ? Alors, le préfacier entreprendra d'expliquer au lecteur ce que ce dernier trouvera dans l'ouvrage qu'il tient entre ses mains. Des voyages dans les étoiles, d'autres sur notre bonne vieille Terre, et d'autres encore dans des topographies si étrangères que pour l'explorer et en tracer les cartes, l'imagination s'avère mieux outillée que les meilleurs arpenteurs et les plus hardis géographes. Des histoires se déroulant à des époques si éloignées de la notre que nos repères s'en trouvent bouleversés, ou bien si proches qu'il pourrait s'agir de notre propre présent, et cela n'est guère plus rassurant. Et encore des personnages qui, bien qu'humains, nous paraissent des extraterrestres tant ils diffèrent de nous, ou au contraire des créatures extraordinaires qui par un étrange paradoxe nous sont bien plus proches. Mais à quoi bon ces explications, puisque le lecteur constatera tout cela lui-même en parcourant les textes ? En désespoir de cause, le préfacier pourrait se contenter d'exprimer le réel plaisir qu'il a éprouvé, pendant un an, à sélectionner les textes de cet ouvrage, et son espoir d'en retrouver les auteurs, plus tard, dans d'autres pages. Il pourrait aussi remercier les personnes qui ont eu la gentillesse de l'aider dans son travail, à commencer par Philippe Marlin qui n'a pas hésité à lui confier les clés de L'Œil Du Sphinx pour composer ce recueil. Mais, n'appartenant à aucunes de ces catégories, le lecteur aura tôt fait de sauter la préface, et d'entamer sa lecture avec une impatience légitime. D'ailleurs, le lecteur a toujours raison, alors suivez son exemple. Installez-vous confortablement. Vous y êtes ? Maintenant, bouclez votre ceinture, nous passons en vitesse hyperluminique...
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