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PhP
Philippe
Marlin et Nicdouille ©
Regarde ce que ton Dieu a fait de moi
!
Dracula.
Je
connais la Roumanie pour y être allé plusieurs fois.
La première, en 1973, en bon touriste de base, dans le
cadre dun voyage organisé en bus..... Ben oui, les
pays de lest me fascinaient à lépoque,
et cétait le seul moyen de les découvrir.
Jy suis retourné à plusieurs reprises au milieu
des années 80, pour raisons professionnelles. Mais je navais
pas encore pu réaliser mon fantasme secret : un pèlerinage
sur les traces du Saigneur des Carpates !
Après moultes discussions, jai pu persuader le conseil
dadministration de la World Marlinius Cie de la nécessité
de ce voyage : réaliser un dossier pour lannée
du centenaire du Dracula de Bram Stoker (1997) et, à titre
accessoire, négocier avec Nicolae Ariton la reprise par
lODS de son fanzine au parfum des Carpates, Aliens &
Vampyres.
Alors les billets sont dans la poche, Nicolas, mon fidèle
assistant, fin prêt.......
Laventure
peut commencer.
Je
ne bois jamais....... de vin Dracula.
Aller en Roumanie, en 1996, est effectivement une aventure. Pas
facile de sortir des sentiers battus touristiques qui se résument
à lhabituel séjour sur les plages de la mer
Noire ou au sempiternel tour en bus. Mais jai fini par dénicher
une agence de voyages spécialisée -HORA Voyages-
qui propose la formule avion+voiture de location+hôtels.......
La liberté quoi, encore que lon doive, pour plus
de sécurité ( ?) résever ses hôtels
à lavance, et donc en quelque sorte figer son périple
avant le départ.
19 juillet
Attente
habituelle à laéroport de Roissy, le charter
de la TAROM étant en retard. Je suis un vieux routier du
transport aérien, mais je dois avouer que monter à
bord dun appareil de la compagnie roumaine me provoque un
petit pincement au cur. Entièrement justifié
du reste. Lavion est un vieux Bak socialiste, les sièges
en piteux état et les hôtesses nen finissent
plus de nous montrer quon les dérange...... Constatation
que nous ferons tout au long du voyage ; le personnel des hôtels-restaurants
(lorsquon en trouve !) a manifestement beaucoup de mal à
oublier quil nest plus fonctionnaire.
Bon, bref, le Bak vole sur ses deux ailes et nous arrivons vers
21 heures |1|
à laéroport de Constanza.
Nous sommes attendus par un correspondant (honorable) de lagence
de voyages française dont la délicate mission consiste
à nous remettre une voiture. Et pour une voiture, cest
une véritable surprise qui nous attend. Une Dacia bleu
marine, et toute neuve sil vous plaît ! La Dacia est
une copie de la Renault 12 de la fin des sixties en France. La
Roumanie dalors, sous la conduite éclairée
du Génie des Carpates, avait passé un accord avec
la Régie et acheté la licence. Plus de 30 ans après,
le monstre antédiluvien est toujours fabriqué et
sefforce de rouler dignement. Et vous savez que ces bêtes
ont la vie dure....... Après de bons et loyaux services
en Roumanie, elles commencent une seconde vie....... quelque part
en Amérique Latine......
Notre correspondant (honorable) se propose de monter avec nous
pour nous indiquer le chemin de notre hôtel, ce qui nest
pas un luxe car on a omis de nous remettre les adresses des palaces
qui nous ont été réservés ! En loccurrence,
pour ce soir, lAmbassador à Mamaïa.
Il fait nuit et nous naurons quun bref aperçu
des plages de la Mer Noire. La grande attraction touristique du
pays, avec ses stations balnéaires aux doux noms de Vénus,
Neptune, Saturne...... Béton, Coca-Cola et Marlboro. Et
une musique disco omniprésente. Ces stations étaient
lorgueil du Soleil des Balkans, cherchant à promouvoir
activement le tourisme pour faire entrer des devises. En, fait,
elles étaient surtout le moyen bien commode pour les familles
séparées par le mur de Berlin de se retrouver le
temps des vacances.
Nous incurgitons rapidement notre premier repas roumain, tout
en découvrant avec complexe le faible coût de la
vie. Le repas nous revient à 40 frs chacun, et cest
un prix de luxe, comme nous lapprendrons par la suite !
|2|
20 juillet
Lever
aux aurores, afin de retrouver Nicolae Ariton pour midi à
Tulcea. Lever certainement trop matinal, car leau est glacée
dans la salle de bain ! Leau chaude ne fonctionne quà
partir de 8 heures.... Tant pis. Après avoir avalé
un café turc et des saucisses (sic !), nous nous retrouvons
dans la Dacia, et en route.
Les 120 kilomètres qui nous séparent du delta du
Danube sont franchis sans encombre, et nous arrivons vers midi
à lhôtel Delta, le palace socialiste du coin.
Tulcea
|3|
est une charmante cité de la Roumanie
Orientale, blottie parmi de petites collines couvertes de vignobles
(le vin roumain est fameux !) et située aux portes du delta.
La ville sétire paresseusement le long du Danube
qui senfonce par de nombreux bras dans une délicieuse
région marécageuse, avant de rejoindre la mer Noire.
Cest le paradis des écologistes, des amoureux dune
flore et dune faune particulièrement riche et préservée.
Mais Tulcea a pour nous dautres charmes puisquelle
est le siège du fanzine de légende au parfum des
Balkans, Aliens & Vampyres !
Jai
rencontré Nicolae Ariton, au début de mon aventure
avec Dragon & Microchips, par lintermédiaire
du fanzine Manticora. Cette rencontre épistolaire
est relatée dans D&M 3 : Nous sommes
un petit groupe des amateurs de littérature SF, réunis
dans un club de anticipation intitilé MILENIUL III.
Nous avons une vaste bibliothèque :
5 livres et la collection incomplète de la revue Solaris.
Notre accès à la littérature SF internationale
est très difficile (notre monnaie nest pas convertible).
Par cela nous avons lhonneur de solliciter de votre bienveillance
quelques livres de cette domaine (revues, fanzine....). dans lespoir
que vous voudrez bien prendre notre demande en considération......
Nous étions alors au milieu de lannée 1991.
Nous avons craqué sans hésitation et envoyé
à notre ami roumain un petit colis de bouquins et bien
sûr D&M. Sen est suivi une collaboration passionnée,
Nicolae nous faisant parvenir des textes documentaires et des
nouvelles de son cru, littérature qui nous a donné
du reste pas mal de fil à retordre. Nicolae écrit
en effet dans un français quil qualifie lui-même
dalien, cest-à-dire très approximatif.......
Nous avons donc dû nous lancer dans de difficiles travaux
de rewriting, et quand je dis nous, ce nest pas seulement
moi-même, mais aussi Gilles Dumay et Alexandre Garcia. Mais
cela en valait largement la peine, et les lecteurs de D&M
ont pu ainsi découvrir de petites perles comme A Monsieur
Johan, avec amour........une longue nouvelle de SF, intimiste
et ayant pour cadre.........le Delta du Danube. Car Nicolae est
un écrivain du terroir, puisant ses racines dans son terreau
natal.
Nicolae est célèbre dans le fandom français
et son nom est utilisé pour qualifier une maladie bien
connue des fanéditeurs, lAritonite. On connaît
tous la technique : il sagit denvoyer une nouvelle
à plusieurs zines en même temps, sans faire état
de cette multi-diffusion, et dattendre...... La même
nouvelle risque alors de paraître simultanément dans
plusieurs supports, au grand dam du fanéd qui croyait tenir
une pièce inédite. Cest ainsi que Nicolae
ma valu quelques petits soucis avec Miniature et
Raymond Milési qui avait planché laborieusement
sur un difficile rewriting, parallèlement à mes
équipes.
Nicolae est allé jusquau bout de sa logique fanique,
à cheval entre la Roumanie et la France, en lançant
il y a un peu plus dun an son propre fanzine, Aliens
& Vampyres. Un fanzine tout a fait original puisque réalisé
en Roumanie, en langue française, et à destination
du public français. Son titre est à lui seul tout
en programme : faire connaître la SF roumaine tout en restant
fidèle aux traditions locales. Mais un fanzine qui est
un chantier complexe à gérer, eu égard aux
travaux de traduction alien-français quil suppose.
Après sêtre appuyé pour le numéro
un sur Gabriel Amboise à Nancy, Nicolae nous a demandé
si lOeil du Sphinx ne pouvait pas prendre la suite.
Grâce à laide de Franck Brenner|4|
à Nantes, cest désormais
chose faite et nous avons dans la valise une épreuve du
numéro deux à soumettre à Nicolae|5|
.
Midi
et demi dans le hall de lhôtel Delta. Notre ami arrive
en compagnie de sa charmante épouse, Milhaia........ Nous
montons au restaurant et, comme à chaque fois que je rencontre
un correspondant en vrai ! , le contact est immédiat,
chaleureux........ Une amicale retrouvaille entre de vieux amis
qui ne se connaissaient que sur papier ! Echange de petits cadeaux
; jai apporté à Nicolae quelques bouquins
de la collection Librio et, vous saurez tout, de leau de
toilette Yves Rocher (la pub est gratuite) pour son épouse.....
Nicolae me remet un superbe portfolio sur Vlad Dracul qui est
lune des pièces maîtresse de ce numéro.
Je
suis une vieille créature balkanique
Nicolae
Ariton
Pas
si vieille que ça en fait. Nicolae a 37 ans, il est ingénieur
du génie civil et enseigne dans un lycée technique.
Sa femme est institutrice. La conversation démarre comme
il se doit sur la situation actuelle du pays. Un sous-développement
criant, accentué par contraste par lirruption du
capitalisme occidental. Mon salaire mensuel est denviron
100 $, et donc il est évident quavec cette somme
il nest guère possible dacheter nos productions.
Doù léclosion dune industrie florissante
de la copie et du piratage à laquelle le gouvernement tente
laborieusement de mettre un terme : CD audio, CR ROM, cassettes
vidéo, livres traduits sans autorisation, etc..... Nicolae
est persuadé que les autorités roumaines devront
faire marche arrière ou du moins fermer les yeux.
En fait, et nous retrouverons cette réflexion chez de nombreux
interlocuteurs, les roumains sont partagés entre ancien
et nouveau régime ; le nouveau, cest la liberté,
le déferlement de la culture occidentale mais qui reste
hors de prix ; lancien, cétait la dictature
la plus sordide, mais avec en contrepartie la sécurité,
le travail assuré et la couverture garantie des besoins
élémentaires. Mais
la conversation soriente très vite sur le Maître
de Transylvanie !
Dracula
est un bon filon que nous ne savons pas exploiter !
Nicolae
Ariton.
p>
|1|
Le
décalage horaire est d'une heure (en plus en Roumanie).
|2|
La monnaie est le Lei. 1 franc français
= 600 Lei.
|3| |Nous
nous sommes reposés, pour l'organisation touristique du voyage,
sur le guide Marcus de la Roumanie, le seul existant en français
à ma connaissance.
|4|
Le patron des Presses du Temps.
|5|
depuis la rédaction de cet article, nous
avons publié le numéro grâce à l'aide
de Jacky Ferjault et de Gremloïc.
Le
Saigneur des Carpates est plus connu à létranger
quen Roumanie. Et pour cause, Ceaucescu nayant jamais
encouragé la diffusion dun tel mythe. Si le vent de
liberté souffle désormais sur la Transylvanie, le
personnage est encore peu exploité. Il est vrai que Dracula
est la création imaginaire de lécrivain irlandais
Bram Stoker qui na jamais mis les pieds dans ce beau pays
mais fait des recherches minutieuses en bibliothèque. Des
recherches qui lont mené sur la piste de Vlad Tepes
(prononcer Tchépèche), lEmpaleur, encore appelé
Dracula (le fils du dragon), comme son père, Dracul, qui
avait reçu du roi de Hongrie lOrdre du Dragon. Mais
laissons Nicolae nous plonger dans lhistoire.... |6|
On peut établir une liaison entre Vlad
Tepes (Vlad lEmpaleur) et la Transylvanie ; cependant, celui-ci
na jamais été le prince régnant de cette
région; sil est bien né dans la ville transylvaine
de Sighisoara (la maison familiale existe toujours...) où
il passa les premières années de sa jeunesse, il dut
la quitter, avec ses parents (dorigine roumaine et hongroise,
appartenant peut-être à la famille Bathory), pour la
Valachie (Valahia, également appelée Muntenia) dont
son père devint le prince régnant. Quand bien même,
le jeune Vlad ny resta pas longtemps, car son père
dut le livrer en otage aux Ottomans, comme gage de fidélité.
Devenu prince à son tour, Vlad Tepes neut jamais dautres
empires que la Valachie, mais il fit de nombreuses incursions en
Transylvanie pour combattre les Sasi (immigrés allemands
établis principalement dans les environs de Brasov et Sibiu)
intéressés pour leur commerce par les routes qui reliaient
la Valachie et lEurope balkanique au Danube et à la
Mer Noire.
Je crois que ces combats contre les Sasi sont intéressants
à signaler. Au Moyen-Age, une grande partie des Balkans était
aux mains des Ottomans. Pour devenir prince régnant, il fallait
payer un tribut à Istanbul ; cest ainsi quont
pu se former les principautés de Valachie, de Moldavie et
de Bulgarie. Or, les Sasi soutenaient dautres prétendants
au trône de Valachie, qui, en échange dargent
laissaient les routes libres de taxes aux commerçants allemands.
Somme toute, les guerres engagées par Vlad Tepes avaient
pour principal intérêt de défendre son pouvoir.
Nous pouvons ainsi comprendre une partie de la légende de
Vlad Tepes, qui devint plus tard Dracula sous la plume de Bram Stoker.
Voyant leurs projets économiques contrecarrés, les
Sasi véhiculèrent une image monstrueuse de Vlad à
travers lOccident. Par le bouche à oreille , le personnage
sanguinaire prit peu à peu forme, inspirant ainsi Stoker
pour son roman. Mais cette caricature germanique du
prince entraîna avec elle la région de Transylvanie,
place des batailles, lui conférant une aura de mystère.
Cependant, il ne faut pas oublier que la Transylvanie fut le territoire
daventures sanglantes, perpétrées par des barbares
ayant conquis la région. Les Daces, les plus anciens habitants
de la Transylvanie, usaient abondamment des rites sauvages. Parmi
beaucoup dautres, on peut distinguer les sacrifices de jeunes
filles vierges empalées, chaque année, afin de communiquer
avec le dieu de la mort, Xalmoxis. Ce sont sans doute ces rites
qui ont inspiré à Vlad Tepes sa "spécialité
" : lempalement.
Mais aux rites sajoutèrent les conquêtes. Lune
des guerres les plus sanglantes de Transylvanie eut lieu entre Romans
et Daces, durant le premier siècle de notre ère, où
Décebal, roi des Daces, se suicida. Sa tête fut tranchée
pour être portée en triomphe à Rome. Après
le retrait des troupes romaines (au IIIème siècle),
les Huns, conduits par le célèbre Attila, déboulèrent
sur les Carpates, puis les Hongrois (au Xème siècle)
conquirent toute la plaine de Panonie, incorporant le pays transylvain,
créant ainsi une discorde éternelle entre Hongrie
et Roumanie. Au début de notre millénaire, la domination
des Sasi saffirma et de petits fascicules imprimés
circulèrent, comme une vengeance historique, faisant ainsi
grandir le mythe du comte Dracula.
Voici donc, tracée à grands traits, lhistoire
de la Transylvanie, ancien centre de la Dacie, surnommée
en latin Dacia Felix ; cest donc deux mille années
de malheur pour ses habitants que représente lhistoire
de cette région, touchée par les guerres et les problèmes
ethniques, le tout orné par les figures mythiques de Vlad
Tepes et de la comtesse Bathory.
Les
documents historiques concernant Vlad Tepes sont très rares
et toutes les informations que nous possédons proviennent
de ses ennemis : les Sasi, les Ottomans et les Hongrois (tous concourant
à donner une image sombre du prince, car il fut - un temps
- perçu en Occident comme le grand adversaire des Ottomans).
La vérité est que Vlad Tepes fut celui qui, à
lépoque, eut le plus dennemis. En règle
générale, chacun, en fonction de son tempérament,
a un certain nombre damis et dennemis. Le tempérament
dur et sanguinaire de Vlad Tepes lui valut le plaisir davoir
des ennemis à titre officiel . Durant quelques
années, il eut comme allié véritable léglise
orthodoxe, très puissante dans la région des Balkans,
ainsi quen Russie. Mais cette alliance fut de courte durée.
Vlad Tepes la perdit alors quil se trouvait dans les geôles
hongroises, à Budapest, où il fut enfermé durant
douze années (il nobtint sa libération quà
la condition dabjurer lorthodoxie pour le catholicisme).
Nous vous proposons des extraits de biographies écrites par
ses ennemis , et aussi par des Roumains (première traduction
française). Nous avons retenu la vision ottomane du prince
Tepes et un fragment de légende du château-fort de
Pnari.
Le maudit maître de Valachie, était désormais
connu, dans la bouche des musulmans et des Ghiauri (nom turc des
roumains orthodoxes) sous le nom de Kaziklu voivoda
(LEmpaleur, le prince régnant), et également
surnommé Kaziklu , pour son habitude dempaler
les condamnés à mort.
Par ses exécutions et le feu, il détruisit toute la
Valachie, jusquau ciel. Pour lui, il nétait point
dommage de détruire sa propre demeure, ni de tuer sa femme
ou ses enfants. Les petites fautes généraient beaucoup
de douleur, et grands étaient les châtiments.
Lorsquun traître Ghiaur était démasqué,
il le faisait empaler ainsi que tout les autres Ghiauri de son village,
femmes et enfants compris, avec lordre de laisser longtemps
les pales en place. Un fort de bois, Agac Hisar, était le
lieu favori des petits plaisirs du maudit homme. Il disait vouloir
à lintérieur un véritable jardin. Il
fit planter des pals dans le fort et donna lordre dempaler
tous les rebelles de Valachie, de Moldavie et du pays magyar. Le
sang frais de ces victimes étaient des fleurs et les têtes,
été comme hiver, étaient les fruits de ces
arbres... |7|
Un jour, les grands boyars de Tirgoviste se sont assemblés
en secret et ont mis au point une machination pour annihiler Vlad
Tepes : le prendre vivant et loffrir au Sultan.Mais Vlad Tepes
nétait point lhomme naïf quils pouvaient
croire et il prit connaissance de ces intrigues. Le jour de Pâques,
les soldats du prince régnant entrèrent dans léglise
et tous - petits et grands, jeunes et vieux, hommes ou femmes -
furent emmenés, à pied, dans la région de Curtea
de Arges, dans un passage de la montagne appelé Cheile Argesului.
Après une période de repos, le prince régnant,
sur son cheval rouge, dirigea son épée vers le plus
haut sommet, sur lequel trônaient quelques ruines et dit :
- Boyards, mesdames et messieurs, vous qui avez préparé
ma mort en votre château, regardez ce refuge pour oiseaux.
A partir du dimanche de Toma, il aura les murs de pierre dune
forteresse. Avez-vous compris ?
Et il disparut comme un fantôme, sur son cheval.
Les boyards commencèrent leur travail, jour et nuit, sans
relâche, creusant la pierre, la transportant ça et
là, pour finir à temps la forteresse, car ils savaient
que Vlad Tepes ne plaisantait pas. Beaucoup moururent, accidentellement,
ou dévorés par des animaux sauvages.
Avec beaucoup de difficultés, le château fut terminé
dans la matinée du jour dit. Voilà comment Vlad Tepes
punissait l'infidélité des traîtres. Ceux qui
survécurent furent graciés, car ils furent considérés
comme lavés de tous leurs péchés ....
|8|
On l'aura compris, le folklore roumain ne présente pas Dracula
comme un scélérat. Certes, les contes populaires rendent
compte dune cruauté hors du commun, mais toujours dirigée
contre les voleurs, les traîtres et les menteurs.
Difficile
de sarracher à cette passionnante évocation
historique. Il est 15 heures, nous abandonnons nos amis roumains
que nous retrouverons ce soir pour dîner et nous nous embarquons
avec Nicolas pour une petite excursion dans le delta du Danube.
Mattéi nous accueille à bord dun petit rafiot
à moteur dont il nest pas peu fier. Mattéi est
professeur déconomie et a bricolé cette embarcation
de ses mains pour ballader les touristes et mettre du beurre dans
les épinards. Il parle un excellent français, comme
beaucoup de ses compatriotes, et la conversation roule, une fois
encore, sur la situation roumaine. Mattéi est très
pessimiste : les roumains sont paresseux, il leur faudra au moins
40 ans pour sen sortir ! Nous apprendrons plus tard par Nicolae
que Mattéi est également un fan de SF.........
Le
delta est un véritable labyrinthe qui flirte, sur son côté
nord, avec la république dUkraine. Nicolae a essayé
de promouvoir cette région auprès de la jeunesse suisse,
par lintermédiaire du magazine Ticket, organe
helvétique des auberges de jeunesse.
Je cite un extrait de larticle |9|
.
Les
beautés naturelles de la région du delta sont célèbres.
Il y a tout dabord la flore grandiose qui compte plus de 1000
sortes de plantes différentes. On peut même observer
une variété carnivore, lAldrovandato, qui capture
des insectes. Des lianes serpentines et des plantes grimpantes envahissent
les vastes forêts de chênes, de saules et de peupliers
noirs. Un décor digne des films de Tarzan. Des chapelets
de nénuphars aux délicates fleurs jaunes décorent
les lacs, formant un contraste éclatant. Les îles flottantes
que constituent les masses de roseaux sont des abris rêvés
pour les hérons cendrés. De robustes jeunes gens offrent
leurs bateaux à rames et leurs services pour partir à
la découverte du delta. Pour quelques francs de lheure,
ils conduisent les amoureux de la nature jusquaux endroits
les plus intéressants : bancs de sable peuplés de
pélicans, bosquets éloignés où se réfugient
cormorans, aigles et autres rapaces. Les ornithologues en herbe
nont ici besoin que dune barque et dune paire
de jumelles pour satisfaire leur passion. Partout, la gent ailée
est au rendez-vous.......
Anecdote. Nicolas trouvera le moyen de faire tomber ses lunettes
à leau, et réussira à aller les rechercher
au fond de la rivière. Et en prenant un risque certain !
En effet la brochure nous dit : Il est déconseillé
aux touristes de goûter ses eaux peu salées, car le
risque dattraper la dysenterie ou le choléra est réel.
Les indigènes par contre sont immunisés : au cours
de la pêche, ils nhésitent pas à boire
un coup à même leau du delta.........
20
heures. Nicolae nous retrouve dans le hall de lhôtel
pour nous emmener chez lui. Nous longeons ce quon appelle
à Tulcea la falaise, qui nest autre que le port de
la ville. Nous croisons le bistrot où commence la nouvelle
de Nicolae,
Seul parmi les vampires|10|
.
Il sapproche de la fenêtre sale pour regarder
le jaune du Danube, coulant écrasé par le soleil dAoût.
La falaise est déserte, à lexception de quelques
turcs, essayant de vendre leur marchandise au vent. .
Nous passons devant la gare, sorte de cathédrale socialiste
en béton, longeons le bureau de poste, où Nicolae
nous expédie le courrier et arrivons dans la légendaire
strada 1848|11|
. Béton encore et toujours, blocs anonymes et une grisaille
ambiante que renforce la tombée du jour. Milhaia nous attend
dans un petit appartement douillet et confortable, tout en contraste
avec le décor extérieur. Les murs disparaissent sous
les bibliothèques qui croulent littéralement sous
les bouquins de SF. Pour lessentiel en français. De
quoi faire rougir tout bon adhérent de base à Infini
!|12|
La télévision trône dans le salon, et Nicolae
nous explique que la Roumanie est désormais cablée.
Toutes les chaînes françaises ou francophones sont
au programme....... Et le prix de labonnement est dérisoire,
de lordre de un dollar par mois ! Le lecteur de disques CD
a également fait son apparition chez nos amis, nourri par
des produits pirates à lexistence de plus en plus aléatoire.
Il ne manque que lordinateur, encore un peu trop cher aujourdhui
! Mais heureusement, Nicolae dispose dun computer au lycée........
Nous
passons à table. La svicka |13|
est
à sa place, dans une petite carafe de verre. Nicolas lui
rendra un hommage appuyé durant le repas. Le débat
tourne autour de la SF et de son sort en Roumanie. Après
la période de répression socialiste, on a assisté
à une véritable explosion du genre. Traductions (pirates)
douvrages anglo-saxons, balbutiements dauteurs locaux.
Nicolae reproche à ses confrères dessayer de
copier maladroitement les productions étrangères,
sans chercher à faire quelque chose doriginal, de typiquement
roumain. Il revient encore sur son dada : notre littérature
dimagination doit être ancrée dans le terroir.....
Nicolae collaborait au Journalul SF, un hebdo tirant à plusieurs
milliers dexemplaires, et distribué en kiosque. Mais
le Jurnalul sest mis en sommeil en mai...... Baisse de tension,
difficultés financières........
Milhaia nous apporte un plat de mititei, délicieuses petites
saucisses de porc relevées à lail et aux herbes.
Et pour faire passer la chose, Nicolae débouche une bouteille
de merlot blanc, agréablement fraîche.
On imagine mal ce que peut être le voyage dun
roumain à lOuest....
Aussi difficile et élitiste que lexpédition
de lHomme vers dautres contrées galactiques.
Nicolae
Ariton.
|6|
Ce texte est repris dA&V numéro 1, et réécrit
par Jacky Ferjault.
|7|
Ibn Kemal, Chroniques de la dynastie Ottomane. Adaptation
daprès Cronici turcesti privind Tãrile
Române (Chroniques turques sur les pays roumains),
premier tome, par Mihail Guboglu et Mustafa Mehemet, Ed. Acadermiei,
Bucarest, Roumanie.
|8|
histoire recueillie par Dumitru Udrescu du paysan Nicolae
Constantinescu, habitant au Curtea de Arges, publié
en 1932 sous le titre Legenda cetãjti Poenari
(La légende du château-fort de Poenari),
faisant partie de lanthologie folklorique De
pe plaiuri argenese (Sur les lieux dArges). Les
textes reproduits sont adaptés dun fragment de
cette légende qui contient quelques épisodes
des faits de Vlad Tepes.
|9|
Numéro deux, 1996
|10|
Manuscrits dEdward Derby no 3 (Les Maîtres de
sang), reprise dans A&V no 1.
|11|
Nicolae habite str 1848, bloc 2, sc G, ap 9, 8800 Tulcea.
Nhésitez pas à lui écrire !
|12|
Lassociation professionnelle française de Science-Fiction.
|13|
Alcool de prune roumain que lon déguste généralement
en apéritif..... et en digestif.
Et de nous narrer lexpérience de sa vie, son voyage
à Yverdon en 1995 pour la convention francophone de SF.
Un premier voyage à lOuest, pour assouvir une passion
dévorante, et ce grâce à la générosité
dun ami suisse qui finança le voyage. Le compte-rendu
détaillé de ce séjour en Ailleurs figure
dans A&V no2. Rencontres avec Roger Gaillard, Giger, Norman
Spinrad, Siudmak et bien dautres ; exposé sur la
SF en Roumanie, tenue dun stand sur les productions locales
(A&V, le Jurnalul, photos du château de Dracula....).
Le tout en se serrant la ceinture : pour des raisons dordre
financier, je ne pus assister au repas de gala. Anecdote amusante
(et inquiétante) ; Nicolae est intrigué, à
Zurich, par la devanture dune boutique de scientologie qui
regorge bien sûr de bouquins de SF ; il entre pour demander
de la documentation, quon lui remet généreusement,
avant de lui présenter la facture ! Panique. Nicolae na
pas le sou en poche. Il aperçoit son ami suisse qui lattend
dans la rue. Attendez, je vais chercher de largent. Et de
prendre les jambes à son cou...|14|
21 juillet
Les
vapeurs de la svicka dissipées, nous attaquons une omelette
en guise de petit déjeuner. Une omelette frite à
la graisse de chevaux de bois. Un conseil, si vous voulez visiter
la Roumanie, faite provision dalka-seltzer, les digestions
sont souvent pénibles !
Nicolae
et son épouse viennent nous reprendre à 10 heures
à lhôtel, pour un petit tour de ville. Nous
grimpons au monument de lindépendance, site qui offre
une jolie vue sur le port de Tulcea. Je sors mon camescope - encore
un luxe capitaliste - pour réaliser une petite interview
de notre ami. Hélas, le luxe capitaliste trouvera le moyen
de nous lâcher et la cassette est ratée......Nous
invitons le couple balkanique à partager notre repas, avant
de reprendre la route. Et nous nous quittons sur cette déclaration.......
émouvante : nous sommes allés deux fois au restaurant
cette année, hier et aujourdhui !
La
Dacia pétarade de joie en nous retrouvant, et en avant,
direction le nord du pays, les plaines moldaves et la Bucovine,
avant de plonger en Transylvanie...... Conduire en Roumanie est
une véritable aventure. Les routes sont défoncées
et les ouvriers chargés des réparations font le
plus souvent la sieste sur le bas-côté, délaissant
le bitume trop lourd à manipuler. Par ailleurs, le moyen
de transport habituel des populations paysannes étant la
carriole tirée par un cheval ou un âne, le dépassement
devient très vite un art délicat. Nous lapprendrons
à nos dépends par la suite.
Traversée
du Danube en bac à Breila (les ponts sont rares dans ce
pays) et arrivée à Foscani pour létape
du soir. Cornegigouille, que cette ville est triste !
Blocs de béton (encore et toujours), larges avenues perpendiculaires.
Tout cela fleure bon le régime lumineux du Conduccatore
! Lhôtel (Unirea) est à limage du décor
environnant : triste et délabré. Nicolas ne se sent
pas à laise, et je dois le tirer par la manche pour
aller boire une bière à la terrasse avant le dîner.
Quant à ce dernier, il nous aura fallu réveiller
les serveuses du restaurant pour pouvoir le déguster. Il
est vrai quici comme souvent ailleurs, nous serons manifestement
les seuls clients.
Le 22 juillet
Après avoir attaqué une omelette garnie de saucisses
à la moutarde, nous faisons quelques pas dans cette rebutante
cité de Foscani, à la recherche de timbres pour
envoyer les premières cartes postales aux amis. Démarche
pas évidente qui se transforme rapidement en jeu de piste,
sur les traces du bureau local des postes. La poste roumaine a
en effet le monopole de la vente des timbres, mais aussi des enveloppes.
Et
puis en route pour le nord, direction Bacau et Tirgu Neam par
une route dite européenne qui nest pas, reconnaissons-le,
trop atroce. Déjeuner dans une sorte de restauroute moderne
(mais oui !) avant daborder les premiers monastères
de Bucovine. Cette région est tout simplement merveilleuse
; la nature y est dun vert étonnant et les édifices
religieux suintent dune sérénité écrasante.
Nous visitons Neamt, Agapia et Varatec, monastères mineurs
à côté de ceux que nous verrons demain, dans
la région de Suceava ; mais une bonne introduction au patrimoine
religieux dune incroyable richesse de la Roumanie.
Ce
qui me frappe, et je me remémore mon précédent
voyage, cest le caractère vivant de tous ces édifices.
Les popes et les nonnes sont nombreux à déambuler
et à prier. En parlant des nonnes, Nicolas me fait remarquer
(comme si je ne men était pas rendu compte tout seul
!) quelles sont bien jeunes et fort jolies .........
Comme quoi la chute du rideau de fer a permis à de nouvelles
vocations déclore et à une spiritualité
très profonde de sexprimer à nouveau sans
contrainte.
Vroom,
vroom, teuf, teuf, la Dacia ne pétarade plus, mais semble
être prise dune quinte bronchiteuse du plus mauvais
effet. Les dos dânes ont eu raison du ralenti. Impossible
de rallier Suceava dans cet état. Et commence alors la
difficile recherche dune station-service, difficile car
elles ne sont pas légion dans ce pays. Heureusement quelles
sont indiquées sur la carte routière remise par
lagence de voyages. Mais nallez pas croire que le
fait de trouver la station miracle soit synonyme de salut.
Encore faut-il parvenir à réveiller le garagiste,
plongé en loccurrence dans un sommeil abyssal. Bon,
enfin, quelques tours de clef à molette et un paquet de
cigarette (une excellente monnaie déchange dans ce
pays) et nous reprenons la route.
Suceava est la capitale de la Bucovine et lune des plus
grandes villes du Nord du pays, avec 80000 habitants. Localité
Dace, elle a connu son époque la plus florissante au XV
ème siècle, sous le règne dEtienne
le Grand qui en fit la capitale de la Moldavie. De cette période
subsistent les vestiges de la forteresse, démolie partiellement
sur ordre des Turcs au XVI ème siècle. Sont surtout
à visiter léglise princière St Démètre,
construite par le vovoïde Petru Rares en 1534-1535 et léglise
St Georges, dénommée la nouvelle cathédrale,
édifiée par Bogdan III et Stefanita Voda entre 1514
et 1522 .|15|
Notre hôtel porte daprès le programme le joli
nom dArascul (traduisez arc), mais rien à faire,
nous sillonnons plusieurs fois la ville de long en large, impossible
de le trouver. De guerre lasse, et après avoir interrogé
sans succès plusieurs passants, je demande mon chemin à
un taxi que la Dacia va suivre laborieusement, moyennant pourboire
bien sûr........
La salle du restaurant est bondée, une fois nest
pas coutume. Toute une troupe de touristes américains que
lon reconnaît aisément à laccent
peut être, mais surtout à lobésité.
La région des monastères reste fort prisée
et le tourisme na pas complètement déserté
ces lieux magiques. La table est bonne et le vin, ah, le vin.
........ La serveuse mapporte la bouteille, la débouche
consciencieusement et en projette une large giclée sur
le sol recouvert de moquette....... Une tradition locale, sans
doute.
Escale au bar disco avant daller se coucher. Pas un chat,
les américains doivent être dans les bras de morphée.
Nous réchauffons notre solitude par une lampée de
zwicka.
Au
programme de ma lecture du soir, un petit dossier sur la cousine
de sang. Avec toujours à la traduction notre brave ésokangourou
!
(1560-1614)
Ce document provient de la rubrique VAMPYRES
dinternet et son auteur est le petit piranha.
De
nombreuses légendes concernant les vampires existent. Cependant,
des documents officiels prouvent lexistence dune Comtesse
du XVIIème siècle, Elisabeth Bathory, la vampire
la plus assoiffée de sang de tous les temps!!!
Elisabeth Bathory fut introduite par sa naissance en 1560 dans
une des familles les plus vieilles et les plus riches de Transylvanie.
Certains membres de sa famille étaient très puissants:
un cardinal, des princes, et un cousin premier ministre de Hongrie.
Le plus célèbre des Bathory fut le Roi Steven de
Pologne (1575-86).
Elisabeth fut mariée au Comte Ferencz Nasdasdy alors quelle
navait que 15 ans; lui en avait 26. Le Comte ajouta le nom
de famille de sa femme au sien, et la Comtesse conserva ainsi
son nom de jeune fille. Ils vécurent au Château Csejthe
dans la région de Nyitra en Hongrie. Le Comte passait la
plus grande partie du temps à se battre loin du château.
Son surnom était le héros noir de Hongrie.
Lorsquil partait, le domestique dElisabeth, Thorko,
initiait la jeune femme à locculte.
Un jour, Elisabeth senfuit du domicile conjugal avec un
sombre étranger, mais elle revint au château après
une courte absence. Par chance, le Comte lui pardonna et accepta
son retour. Seulement, Elisabeth ne pouvait plus supporter sa
belle-mère, trop autoritaire, et commença à
torturer les servantes du château avec laide de sa
vieille nourrice Iloona Joo. Ses autres complices étaient
le majordome Johannes Ujvary, une sorcière des bois appelée
Darvula et la sorcière Dorottya Szentes.En 1600, Ferencz
mourut et Elisabeth commença à commettre ses plus
grandes atrocités. Immédiatement, elle mit à
la porte sa belle-mère quelle détestait. Elisabeth
était une personne fière; elle avait peur de vieillir
et de perdre sa beauté. Un jour, une servante lui arracha
accidentellement des cheveux alors quelle les peignait.
Elisabeth frappa la main de la jeune fille avec tellement de force
que le membre se mit à saigner et tacha la propre main
dElisabeth. La Comtesse pensa immédiatement que sa
peau se nourrissait de la fraîcheur de lépiderme
de la jeune servante. Elle était convaincue quelle
avait ainsi découvert le secret pour conserver éternellement
sa jeune peau. Son majordome et Thorko déshabillèrent
ensuite la servante, la coupèrent et la vidèrent
de son sang dans un large tonneau. Elisabeth y prit un bain pour
embellir son corps entier.
Pendant
les dix années qui suivirent, les écuyers démoniaques
dElisabeth lapprovisionnèrent en nouvelles
filles pour le rituel de la saignée et des bains de sang.
Mais un jour, une des victimes qui était prévue
au programme séchappa et raconta aux autorités
ce quil se passait au Château Csejthe. Le Roi Mathias
de Hongrie ordonna au cousin dElisabeth, le Comte Cuyorgy
Thurzo, gouverneur de la province, dattaquer le château.
Le 30 décembre 1610, le Comte envahit le château
Csejthe. Parvenus dans la pièce principale du bâtiment,
les soldats furent horrifiés par le spectacle terrible
qui soffrit aux yeux: une jeune femme morte, vidée
de son sang, et une autre femme, toujours vivante, mais dont le
corps était percé de trous. Dans le donjon, ils
découvrirent plusieurs filles en vie, certaines dont le
corps avait également été percé. Ils
exhumèrent les corps dune cinquantaine de jeunes
femmes des entrailles du château.
Elisabeth fut mise en maison darrêt. Un procès
eut lieu en 1611 à Bitcse. Elle refusa de plaider coupable
ou innocente et napparut jamais au tribunal. Une retranscription
complète du jugement fut écrite au moment même
(et il a survécu jusquaujourdhui en Hongrie).
Johannes Ujvary, majordome, témoigna quenviron 37
jeunes filles célibataires avaient été tuées,
et six dentre elles avaient été recrutées
par ses soins pour travailler au château. Les victimes avaient
été attachées et découpées
aux ciseaux. Quelques fois, les deux sorcières avaient
torturé ces jeunes femmes, et la Comtesse elle-même
y avait participé. La vieille nourrice dElisabeth
témoigna quà peu près 40 filles avaient
été torturées et tuées.
Ceux qui furent impliqués dans ce massacre, excepté
la Comtesse Bathory et ses deux sorcières, eurent la tête
coupée et furent incinérés. Les complices,
qui avaient fourni les filles, eurent les doigts arrachés
et furent brûlés vivants. La Cour de Justice ne déclara
jamais coupable la Comtesse Elizabeth. Cependant, des maçons
furent amenés au Château Csejthe pour obstruer les
fenêtres et les portes de la chambre de la Comtesse, en
prenant la précaution de la laisser à lintérieur.
Ils laissèrent un petit trou à travers lequel de
la nourriture pouvait être passée. Le Roi Mathias
II demanda la peine capitale pour Elisabeth, mais en raison de
son cousin, le premier ministre, le Roi accepta de reporter indéfiniment
la sentence au lendemain, ce qui signifia en dautres termes:
lisolement à perpétuité.
En 1614, quatre ans après quelle eut été
emmurée dans sa chambre, un des gardes voulut jeter un
coup doeil à cette beauté célèbre.
Il la découvrit allongée sur le sol, la face contre
le plancher. Elisabeth Bathory, la Comtesse sanglante
était morte.
Des liens entre les Bathory et les Dracula existèrent.
Le commandant de lexpédition qui aida Dracula à
regagner le trône en 1476 fut le Prince Steven Bathory.
Un fief de Dracula, le Château Fagaras, devint une possession
des Bathory à lépoque dElisabeth. Les
deux familles avaient également le même dragon dessiné
sur leurs armoiries.
Traduction: Adam Possamaï qui est emmuré vivant par
lAncien pour lobliger à traduire des textes
dInternet. A laide!
Le 22 juillet
Bon,
je ne vous casserai pas les pieds ce matin avec la composition
du petit déjeuner, vous pouvez deviner tout seul. Nous
allons consacrer la matinée à la visite des perles
de Bucovine, nichées au creux de riantes collines et baignées
dans une verdure - je me répète - exceptionnelle.
Ces délicieux monastères ont pour noms Sucevita,
Moldivita, Humor et Voronetz. Ils sont considérés
par lUNESCO comme faisant partie du patrimoine de lhumanité,
et à ce titre sont soigneusement protégés
et entretenus. Leurs murs extérieurs sont en effet recouverts
de fresques religieuses aux adorables couleurs claires (on parle
du bleu de Voronetz) dont léclat a mystérieusement
résisté aux assauts des intempéries.
Anecdote amusante, nous rencontrons un sympathique groupe de touristes,
un jeune couple, lui français, elle roumaine, et une dame
alsacienne plus âgée, qui font du..... monastère-stop.
La sac au dos et le doigt levé, ils explorent tranquillement
cette riche région au bon vouloir des touristes motorisés
qui les emmènent dun lieu à un autre. Belle
idée de vacances.....
.Escale
pour déjeuner dans un bistrot local ; la toile cirée
est dune propreté douteuse et les mititei horriblement
grasses, mais quimporte le flacon.........
Nous réussirons péniblement à dépenser
10 fr par personne pour cette plantureuse collation......
Nous quittons la Bucovine, direction Bistritza où commence
réellement le périple transylvain. Les habitants
de Bistritza, selon Bram Stoker qui prend quelques libertés
avec lhistoire, seraient en effet les ancêtres de
Dracula. Quant à sa terrifiante forteresse, si elle a pu
inspirer lauteur dans sa description de château du
Saigneur, difficile de se faire une opinion car elle nexiste
plus de nos jours. Juste quelques ruines qui ne présentent
guère dintérêt. La route que nous empruntons
maintenant pour rejoindre Tirgu Mures est assurément pittoresque.
Nous allons traverser les Carpates du Nord et commencer à
faire peiner sérieusement notre brave Dacia. La route est
escarpée et le paysage plus vosgien qualpin. Pas
de pics acérés, mais des montagnes doucement arrondies.
Nous franchissons comme il se doit le légendaire col de
Borgo (limpasse de Borgo chez Bram Stoker) où le
tourisme américain, une fois nest pas coutume dans
ce pays, a sévi avec son bon goût habituel. Cest
ici en effet qua été édifié
lHôtel Dracula, escale obligée des Draculas
Tours et autres Conventions Vampiriques dont nous reparlerons.
Sa salle des cercueils est un point de passage obligé pour
la photo rituelle : se faire immortaliser allongé dans
la tombe dun vampire, quel truc génial !Nous
arrivons fatigués, mais les Carpates du Nord ne sont quun
hors-duvre pour débutants, à notre escale
du soir. Tirgu Mures est une importante agglomération de
145000 habitants, dune grande richesse historique. Centre
culturel important au moyen-âge, la cité possède
une forteresse imposante qui date du XVème siècle
et dans lenceinte de laquelle se blottit une église
réformée dun gothisme flamboyant. Lhôtel
Continental qui nous reçoit est tout ce quil y a
de plus confortable. Nous avons même le téléphone
automatique dans la chambre et Nicolas marrache la permission
de passer un coup de fil à sa petite amie à Paris.......
Quant à la table, elle ressemble à une table, et
nous terminerons notre repas par des crêpes au chocolat
et un expresso qui change agréablement de leau de
vaisselle noirâtre que nous incurgitons à laccoutumée
.
|14|
Lhistoire
des relations troubles entre la SF et la scientologie reste à
écrire. Les oeuvres de Ron Hubbard sont manifestement judicieusement
exploitées pour tenter de pénétrer le milieu,
et parfois avec succès (cf la page de publicité
pour la scientologie dans le premier numéro de Bifrost).
|15|
Daprès le guide Marcus.
Ma
lecture du soir est particulièrement édifiante.
Adam en traduisant ce texte a attrapé des boutons.
par
Le Temple du vampire
Box 3582, Lacey, Washington 98503 USA
E-mail: tofvampire@aol.com
Date: 5 septembre 1994
Les
vampires existent. Les informations suivantes devraient pouvoir
répondre à vos questions concernant notre identité
et notre organisation. Merci de votre intérêt. (ça
commence bien !)
Lhistoire
du Temple
Le
Temple du vampire est une ancienne religion maintenant acceptée
comme telle par le gouvernement fédéral des Etats-
Unis et inclut dans ses rangs des membres internationaux. Dans le
passé, ce temple était secrètement connu sous
différents noms tels que lOrdre du Dragon, le Temple
du Dragon et à lépoque sumérienne, il
sappelait HEKAL TIAMAT (le temple de la déesse vampire
et dragon, Tiamat). Les membres ont été jusquà
maintenant triés sur le volet et laffiliation ne pouvait
se faire que par linvitation du conseil interne.
Le
temple moderne
Le
temple moderne est un moyen, soigneusement planifié, datteindre
avec publicité ceux qui pourraient être du Corps du
Sang, mais qui ignorent encore leur héritage. Nous nacceptons
dans nos rangs que ceux qui se sont élevés au-dessus
de la masse humaine, ceux qui se sentent à laise dans
le Mystère de la Nuit, ceux qui se reconnaissent comme prédateurs,
ceux qui se rendent compte quil y a quelque chose en plus
dans la vie et qui veulent la posséder.
Les
vampires existent
Les
vampires sont les prédateurs des humains. Bien que nous soyons
issus de la masse humaine, nous représentons le prochain
niveau de son évolution: nous acceptons et glorifions notre
nature prédatrice. Nous reconnaissons en connaissance de
cause nos instincts bestiaux et nos origines, lorsque nous utilisons
le pouvoir de notre esprit et celui de notre Volonté pour
concrétiser nos désirs les plus profonds, à
laide de moyens terrestres et magiques. Nous sommes les Maîtres
du monde. Nous pouvons être de puissants cadres supérieurs
comme des fermiers de la campagne la plus reculée. Nos membres
représentent virtuellement toutes les professions et tous
les modes de vie possibles. Nous avons élaboré un
plan rationnel pour ce monde et pour notre propre immortalité
physique. En réalité, nous sommes du faible nombre
de ceux qui gouvernent ce monde matériel et ceux qui nous
suivent sont sans aucun doute sages. Beaucoup sont appelés.
Peu sont choisis. Et encore moins entrent.
La
religion vampirique
La
religion vampirique a donc été et reste toujours la
Religion des Souverains. Notre philosophie est brutale, égoïste
et dédiée à la survie et au triomphe personnel.
Nous navons pas dintérêt dans lhumanité,
excepté dans la manière dont les humains peuvent nous
servir. Toutes les autres religions du monde ont été
fondées en même temps que la nôtre et continuent
dêtre dirigées par ceux de notre race. Les religions
que nous avons créées pour lhumanité
ont été prévues pour affaiblir la fierté
de lhumain et pour lui inculquer une mentalité desclave.
Le vampire sait quil ny a pas de Dieu qui aime et qui
prend soin de lhumanité; pour la simple raison que
cest nous qui avons créé et enseigné
aux humains cette conception de Dieu. En vérité, nous
sommes les Dieux de lhumanité tout en restant, dans
notre propre conception, athées.
Dangereux
mais non criminel
Le
vampire dédie sa vie à la joie de vie systématique.
Aucun plaisir nest interdit ou nest un péché
pour celui-ci. Mais le vampire respecte le principe de causalité
et nest pas un hédoniste frivole. Par conséquent,
il est interdit à chaque membre du Temple du Vampire est
de commettre des actes criminels qui pourraient aller à lencontre
des lois gouvernementales. Toute personne impliquée dans
une activité criminelle sera de suite signalée aux
autorités compétentes, et sera en même temps
et irrévocablement chassée du Temple. Il ny
aura aucune exception à cette règle.
Le
vampire terrestre
La
personnalité du vampire à la lumière du jour
est celle du sceptique matérialiste qui accorde, néanmoins,
un sens à la vie. Le mot clé est ici doute.
Nous rions avec mépris des humains qui croient en des superstitions
que notre race a créées pour contrôler les humains.
Le vampire terrestre, à la lumière du jour, est dédié
à la maîtrise personnelle et matérielle de la
vie. La religion des Souverains conduit au succès matériel
qui est une conséquence naturelle du respect des réalités
du monde tel quil est.
Le
vampire magique
Lors
de rituels et dautres activités magiques, le vampire
expose le caractère de sa personnalité sous la lumière
de la lune. Le mot clé est ici croire. Le vampire
apprend à entrer et à sortir des systèmes de
croyance selon son bon vouloir, et la croyance absolue dans la magie
nest utilisée que lorsque celle-ci est instrumentale.
Les nombreux pouvoirs du vampire (par exemple, la faculté
de changer de forme, laptitude à voler, les pouvoirs
hypnotiques, la force surhumaine et limmortalité physique)
sont reconnus comme réels, mais dabord dans lesprit
même du vampire, et seulement lorsque la nuit est présente.
Lorsque la Volonté est connectée aux Pouvoirs Sombres,
les fantasmes de pouvoir deviennent réalités. Ces
réalités sont une manifestation de ce qui est appelé
rêves de lucidité se déroulant hors du
corps|16|
et
sont observables par lapplication sincère et dédiée
des Hauts Enseignements du Temple.
La
tension entre les mondes
En
développant et en conservant les perspectives opposées
de la lumière du soleil et de celle de la lune, le vampire
produit une tension puissante entre le monde réel et celui
des fantasmes. Le résultat est une capacité grandissante
à provoquer un changement dans le monde matériel par
des moyens magiques, pour quainsi les rêves de la Nuit
laissent des traces dans la lumière du jour.
Les
niveaux de développement du Temple
Il
existe plusieurs divisions et niveaux à lintérieur
du Temple qui peuvent être atteints par un apprentissage avec
succès des Hauts Enseignements; ces derniers sont à
la disposition du membre pour laider dans son développement.
Un membre à vie peut être nimporte quel individu
qui a fait une donation matérielle au Temple, comme de largent
ou dautres objets de valeur échangeables. Un membre
à vie reçoit la Bible du Vampire, le Médaillon
du Rituel du Vampire et lanneau du Temple du vampire, à
condition doffrir une donation minimale en concordance avec
la liste dOffres disponibles .
Un membre actif est un membre à vie qui remplit un formulaire
dinscription et qui sacquitte dun droit dentrée
pour poursuivre ses études. Ceci est considéré
comme étant le Premier Cercle du Temple Externe et donne
droit au titre de Vampire Initié. Celui de Vampire Prédateur
correspond au second cercle du Temple Externe et est le titre accordé
au Vampire Initié qui obtient avec succès des résultats
spécifiques lors de son développement vampirique terrestre
et magique. Le Sacerdoce dUR est le Troisième Cercle
du Temple du Vampire et est également connu comme le Temple
Interne ou le Temple du Dragon. Un prêtre ou une prêtresse
vampirique est une personne qui a démontré avec succès
son habilité à appliquer les principes avancés
du vampirisme et qui a juré fidélité au Temple.
Le Sacerdoce dUR est le Passage aux Mystères Sacrés
du Temple. Ces mystères ne sont révélés
quà ceux qui se sont montrés dignes dune
telle confiance.
Le
Rituel magique
Un
vampire est conçu, pas né tel quel. Cette transformation
provient dun contact personnel et direct avec les Dieux non-morts.
Le but véridique et original de tous rituels magiques est
dattirer et de rencontrer les non-morts dans lacte
sacré de la Communion Vampirique. Ce rassemblement pour la
Communion Vampirique a toujours attiré des aspirants humains
ainsi que Ceux-Qui-Se-Sont-Relevés dans des endroits éloignés
et isolés, et cela continuera dêtre ainsi jusquà
la fin des temps.
Les
activités de lindividu et du groupe
A
chaque niveau du Temple, des cérémonies sacrées
de magie rituelle de la Communion Vampirique (LAppel des non-morts)
sont suivies. La Communion Vampirique peut sapprécier
lors dun rituel solitaire ou lors dune cérémonie
de groupe. Il est parfaitement possible pour le membre solitaire
de suivre la ligne de conduite du Vampirisme avec succès
sans jamais rencontrer physiquement un autre membre. Il nexiste
aucune obligation de rencontrer des affiliés, mais la plupart
des membres découvrent que non seulement les rituels sont
renforcés par la présence de plusieurs personnes mais
aussi que le besoin de retrouver ceux de sa race est puissant. Et
cette soif ne peut être étanchée que par ce
genre de rencontre. Pour cette raison, le Temple organise des Conclaves,
généralement annuels, dans divers endroits du monde
pour favoriser de meilleurs contacts entre les membres actifs et
intéressés. Les détails concernant ces Conclaves
sont fournis à temps aux membres actifs qui expriment un
intérêt pour ce genre de rencontres.
Affiliation
Pour
obtenir plus de détails, vous devez dabord soumettre
au Temple une lettre mentionnant votre désir de recevoir
des informations récentes et envoyer une donation symbolique
(habituellement 5 dollars U.S.
Le Temple existe pour servir les Dieux non-morts. Ceux
qui sattendent à être simplement divertis seront
ignorés. Ceux qui refusent à se dévouer entièrement
à létude et à notre philosophie seront
bannis.
Le vampirisme est réel et de plus, fort ancien. La vie mortelle
est rapide et courte. Nous pouvons trier et choisir parmi les milliards
dêtres humains pour compléter les rangs de lElite.
Vous navez que cette unique opportunité daccéder
à une vie qui ne meure pas. Vos prochaines actions
seront décisives pour votre futur comme simple mortel perdu
dans les bourrasques du temps, ou comme lun de ceux qui Nous
rejoindront comme un vrai vampire, un Souverain immortel de cette
terre.
Ce
choix est le vôtre.
Traduction:
Adam Possamaï qui na fait que traduire ce texte et
qui na rien à voir avec cette organisation.
Bon, nous sommes maintenant bien armés pour continuer
laventure ! Ce petit texte est bien évidemment un
clin dil ; cest fou ce que jai pu rapatrier
comme loufoqueries vampiriques en préparant ce voyage sur
Internet.
|16|
N.d.T.
Out-of-body lucid dreams en anglais.
24
juillet
La
journée commence fort avec la visite de la fameuse Sighisoara
ainsi décrite par mon guide : vieille cité médiévale,
elle a suscité depuis des siècles ladmiration
des voyageurs roumains et étrangers qui lont appelée
perle de Tirnave ou joyau de Transylvanie
. La ville haute est à proprement parler époustouflante,
nichée à lintérieur dune enceinte
flanquée de tours à mâchicoulis et de donjons
à barbacanes. Réputée pour ses corporations
dartisans, elle en garde un souvenir très physique
par ses tours dédiées chacune à une profession
: Tour des Cordeliers, Tour des Bouchers, Tour des Cordonniers......
Mais cest la Tour de lHorloge qui frappe le plus le
visiteur avec son merveilleux mécanisme : sept figurines
en bois peint, chacune représentant lastre qui correspond
à un jour de la semaine, tournent dès que minuit
sonne.
Sighisoara, cest aussi et surtout la ville natale de Vlad
Tepes. La maison familiale trône sur la place principale
de la cité, la place Pëtofi, et se repère facilement
grâce à une petite plaque commémorative. Elle
ne se visite pas, mais on peut y pénétrer sans problème
puisque cest aujourdhui.... un restaurant (que nous
navons pas essayé !).
La couleur locale est parfaite aujourdhui puisque nous sommes
en pleine semaine du festival de musique moyenâgeuse et
que les ruelles sont arpentées par des figurants costumés.
Après avoir baguenaudé dans quelques boutiques touristiques
sans intérêt, nous visitons comme il se doit le musée
dhistoire locale, consacré pour lessentiel
à lEmpaleur. On ny trouve pas dobjets
très originaux, mais des copies à toutes les sauces
du seul portrait existant de Tepes. En effet, un seul portrait
de Dracula a été retrouvé au château
dAmbras (près dInnsbrück), grâce
à la passion étrange de Ferdinand II, archiduc du
Tyrol, propriétaire des lieux au XVI ème siècle
et collectionneur de portraits de ..... tyrans.........
Nous
reprenons la voiture pour rejoindre les Carpates méridionales.
Escale dans un Restoroute tout neuf ; la serveuse est ravissante,
la bouffe correcte et les toilettes....... Elles nexistent
pas, pas assez dargent pour les construire. Plus tard peut-être.
Et
cest parti ; la route en lacets monte, monte.....
les pics sont acérés, les pins fort sombres et les
ravins vertigineux. Nous nous retrouvons très vite dans
la neige et les blocs de glace. Les voitures sont plus que rares
et latmosphère angoissante. Faudrait pas que dame
Dacia nous lâche ! Nombreux arrêts pour admirer le
paysage et pour permettre à nos pauvres têtes de
lutter contre le tournis. Enfin, et après un trajet qui
nen finit plus, nous arrivons au château de Poearni,
but de lexpédition de laprès-midi. La
fameuse forteresse, érigée par Dracula dans les
gorges de lArgès. Lescalier, qui mène
aux ruines du château, au milieu dune nature fort
sauvage, évoque assez fidèlement le roman de Stoker.
Mais laissons parler Aliens & Vampyres.|17|
Le château
de Vlad Tepes, dit Vlad lEmpaleur, situé sur un roc
à lendroit où lArges prend sa source,
fait partie de la légende au même titre que celui de
Dracula. Du vivant de Vlad Tepes, cette région de Roumanie
appartenait à la province de Valachie, autrement nommée
Tara Romaneasca, jouxtant la Transylvanie et la Moldavie; Les premiers
édifices du château, connu sous le nom de Château
de Poenari, ne furent pas loeuvre de Vlad Tepes puisquil
nen découvrit les ruines quau XVème siècle,
soit un siècle après sa construction. Plus petit que
lensemble des autres châteaux de Roumanie, celui-ci
accusait des proportions de quarante mètres de long et de
trente mètres de large. Hissé au sommet dun
pic montagneux au nord de la ville de Curtea-sur-Arges, il était
dimportance stratégique en raison de sa proximité
des frontières austro-hongroises et faisait ainsi office
de poste dobservation pour le château de Bran, plus
vaste que son homologue, situé sur lautre versant des
Carpates.
Le château fut dévasté lors des invasions turques.
En 1456, après sa conquête du trône de Valachie,
Vlad Tepes trouva en ses ruines le château-fort idéal.
Il fut dès lors reconstruit par quelques familles de boyards
dans des conditions proches des travaux forcés.
A lépoque, la Valachie se divisait en deux classes
principales : les paysans et les boyards. Ces derniers constituaient
laristocratie locale, propriétaire de grands domaines,
en opposition aux paysans qui caractérisaient la classe ouvrière.
En outre, les boyards, désireux de dominer la population
turque, saffirmaient dans lart militaire et, en raison
de leur fortune, exploitaient la classe paysanne sous couvert dun
pouvoir collectif dont Vlad Tepes ne manquait pas dévoquer
la menace. Afin de sen préserver, ce dernier ordonna
la suppression des boyards dociles.
En 1457, le prince régnant, garant de la loyauté de
ses armées, entama une campagne de libération systématique.
A Pâques, il fit capturer grand nombre de familles boyardes
dont beaucoup furent empalées. Les survivants, dont beaucoup
décédèrent après quelques mois, furent
contraints aux travaux de reconstruction du château de Poenari.
Cette méthode punitive associa la réputation de Vlad
Tepes à celle dun être dur et excessif.
Une fois reconstruit, le château de Poenari semblait imprenable.
En effet, ses murs pouvaient résister aux forces des canons
et soutenaient cinq puissantes tours qui permettaient aux soldats
dexécuter de redoutables tirs croisés. Selon
la légende, Vlad Tepes se serait également préservé
dune éventuelle défaite en ordonnant la construction
dun tunnel secret au travers de la montagne, qui reliait la
fontaine du château à une cavité rocheuse en
bordure de lArges.
Finalement, les Turcs assiégèrent et conquirent le
château de Vlad Tepes en 1462. De ce fait, sa femme se suicida
en se jetant dans lArges tandis quil parvenait à
fuir par le fameux tunnel. En 1476, il fut assassiné alors
quil venait de récupérer le trône de Moldavie.
Selon la légende, il fut décapité, mutilé
puis jeté au fond dune mare proche du monastère
de Snagov, situé en périphérie de Bucarest.
Il est dit que son corps fut décapité et dissimulé
à labri dune crypte. Toutefois, quelques recherches
effectuées en 1931 ne permirent dy trouver que des
ossements danimaux.
Après la fuite de Vlad Tepes, le château, délaissé
par son successeur Radu del Frumos, dit Raclu le Beau, fut de nouveau
assiégé par les turcs puis abandonné. Après
que Bucarest devint capitale de la Valachie, le château de
Poenari demeura en ruines et fut soumis aux débordements
de la végétation. Quelques murs tombèrent dans
le lit de lArges avant quun violent séisme n'accentue
la dégradation totale du château, en 1940.
La résidence de Vlad Tepes ne fut réellement connue
quen 1960 grâce aux recherches de deux scientifiques
Raymond T. McNally et Radu Florescu qui considérèrent
le personnage historique comme étant celui dont sinspira
Bram Stoker pour créer le personnage de Dracula. Pour lintérêt
touristique de la région, le gouvernement alloua quelques
crédits en faveur de la restauration des lieux|18|
. A propos de Vlad
Tepes, on le considéra longtemps comme un vampire, thèse
que soutint Bram Stoker en utilisant son modèle afin de façonner
le personnage de Dracula. Aussi Florescu et McNally affirmèrent,
daprès certains documents découverts, que le
prince buvait parfois le sang de ses victimes empalées. Cependant,
la pratique, qui consistait à boire le sang de lennemi,
valait, en ces temps, symbole de victoire totale. On en usait également
au Moyen-Age sans que cela fut pour autant assimilé au vampirisme.
Pourtant, il se dégage de ces lieux une atmosphère
mystérieuse. En 1977, laventurier Vincent Hillyer obtint
des dirigeants roumains lautorisation exceptionnelle de passer
une nuit seul au château. Fort de cette expérience,
il devint rapidement spécialiste en matière de vampirisme
et de paranormal. Son ouvrage Vampires fut publié en 1988.
Dans les années 50, il épousa Faterneh, la soeur cadette
du Shah dIran. Toute sa vie fut animée de recherches
sur le paranormal. Habitant Los Banos, en Californie, et membre
du club Count Dracula Fan, il déclara un jour : Je
me suis intéressé aux vampires dès ma jeunesse,
après avoir vu Bela Lugosi jouer Dracula et, quelques années
plus tard, Lionel Barrymore dans The Mark of the Vampyre. Jai
été attiré par le sujet. C'était toujours
intéressant, amusant et distrayant. Plus tard, au collège,
jai rencontré le docteur Hereward Carrington, un homme
fort captivant, chercheur en paranormal, avec lequel jai participé
à quelques expériences de télépathie
et de télékinésie . Au cours de son entrevue,
il affirma également avoir rencontré, pour la première
fois, des êtres surnaturels à lépoque
où il habitait Téhéran.
En 1974, Hillyer rencontra Raymond T.McNally et Radu Florescu, devenus
spécialistes de la thèse qui rapproche Vlad Tepes
à Dracula. Dès lors, Hillyer apprit lexistence
des vestiges du château de Dracula et voulut à son
tour les découvrir. La demande fut tout dabord rejetée
par les autorités roumaines. Finalement, au terme de quelques
années dattente, sa femme Fatemeh parvint à
lui obtenir un visa.
Hillyer arriva en Roumanie en 1977. Il fut reçu à
Bucarest par le ministre du Tourisme qui tenta de le dissuader de
son projet nocturne, prétextant, non pas le danger du vampire,
ni du loup ni de lours, mais de certaines lois roumaines prohibant
le port darmes.
Hillyer ne renonça pas pour autant à son idée
et, accompagné dun guide, entreprit un voyage à
travers la Transylvanie pour rejoindre les ruines du château
de Poenari. Parvenus au but, le guide labandonna.
Quand japerçus les derniers rayons du soleil,
jeus un frisson. Cétait le château de lhomme,
du monstre... enfin appelez comme vous voulez ce personnage de légende
; jétais seul en son siège. Avec un peu de chance,
je pourrais le voir .
Muni dun plat, dune lanterne et dun peu de nourriture,
il grimpa les mille cinq cent trente et une marches qui mènent
à lentrée du château. Au cours de lascension,
il réalisa le danger que représentaient les ours.
Il me fallut approximativement une heure et demie pour monter lescalier.
Jy parvins au moment où le soleil se couchait. Souffla
alors un vent fort et froid, malgré le mois de juillet. Je
cherchai dans un premier temps chambres et escaliers étroits
afin de mieux morienter la nuit. Le soleil disparut et je
restai dans la salle principale. La toiture était parsemée
de trous, exposant ainsi le corridor à ciel découvert.
Je préparai le dîner : fromage, pain et tomates, arrosés
dune bouteille de vin rouge. Le repas fut excellent et me
reposa de ma difficile ascension. Soudain, me faisant face, japerçus
quelques petites pierres qui commençaient à bouger
avec larrivée de la nuit. Je les éclairai de
ma lanterne et découvris quil ne sagissait en
fait que de luvre de scarabées et de petites
araignées répugnantes. Je jetai alors mon repas en
leur direction afin de leur échapper. Ils dévorèrent
le tout très rapidement.
La nuit, les lieux dégageaient une atmosphère particulièrement
fantastique. Comme dans un film, les loups hurlaient ...
Un instant, je me souvins des propos avancés par les autorités
roumaines au sujet des ours et des loups qui, la nuit tombée,
se montrent particulièrement agressifs; Je maccordai
donc sur une chose : en cas de danger, un escalier en colimaçon
menant à une chambre étroite me permettrait de fuir.
Cette chambre était celle de la première femme de
Dracula, doù elle sétait défenestrée.
Les habitants de la région affirment encore connaître
un lieu où son sang colore leau de l'Arges. Je pense
plutôt que cette couleur rouge est rendue par la coloration
du sable qui recouvre les fonds de son lit.
Au cours de la nuit, de la fenêtre de ma chambre, jobservai
le reflet de la Lune sur la rivière et méditai sur
les dramatiques événements qui hantaient les lieux
: pourquoi Dracula avait-il fui par son passage secret ... sans
sa femme ? Soudain, jentendis du bruit. Je regardai au bas
de lescalier sans ne rien déceler danormal. Finalement,
je rejoignis ma chambre et me couchai. Inquiet, je parvins difficilement
à trouver le sommeil malgré la fatigue. Mes songes
furent dabord agités puis tournèrent au cauchemar
: embarqué sur un chariot tiré par deux chevaux, je
poursuivais quelquun. A la sortie dun virage, je rencontrai
une gitane qui torturait un cheval étendu sur le sol. Lanimal
était mort et gisait les yeux fixés sur les cieux.
A cet instant, je me mis à maudire cette femme.
Je me réveillai avec ce sentiment étrange dêtre
observé. Aussitôt, une douleur se déclara au
niveau de ma clavicule. Par réflexe, je palpai la partie
supérieure et découvris avec stupeur mon sang tacher
le bout de mes doigts. Tout cela me parut invraisemblable. Mais
la sensation dêtre épié me tenait toujours
et je décidai de ne pas me préoccuper de ma blessure.
Jétais bien trop absorbé par lidentité
de cette présence : je me surpris même, lespace
dun instant, à penser quil pouvait sagir
de Dracula en personne. Soudain, mon regard sarrêta
net devant deux yeux humides. A ce moment, un loup, que je supposai
vieux en raison de sa gueule grisâtre, déguerpit, laissant
derrière lui une odeur de fleurs fanées envahir la
pièce. Pourtant, aucune fleur ne remplissait les alentours
du château ! Laube approcha enfin alors que ma fatigue
était totalement absorbée. Au loin, japerçus
la lueur dun feu autour duquel évoluait un groupe de
gitans.Finalement, jentrepris de descendre. Les premiers rayons
du soleil ne parvenaient pas à percer les mus massifs du
château et je dus me guider à la lanterne. De nouveau,
jentendis des pas me suivre. La panique sempara de moi
et intensifia mon allure. Les pas sapprochèrent de
plus en plus, puis me dépassèrent. Deux chiens de
chasse séloignèrent devant moi.
Je marchai ensuite à travers la vallée à la
recherche dun téléphone, que je trouvai à
quelques kilomètres de la forteresse. J'appelai lhôtel
Posada où se trouvaient mon chauffeur et mon guide. Parvenu
à Posada, je manquai de perdre connaissance sous la douleur
de mon cou ensanglanté. A lhôpital de Curtea-sur-Arges,
mon guide refusa de croire à leffet dune morsure.
Le médecin, lui, hésita quant à lattitude
à adopter : fallait-il sen amuser ou bien salarmer
de cette plaie ? Mais tous saccordèrent à dire
quil sagissait plus probablement dune morsure
daraignée plutôt que celle de Dracula. Toutefois
devait-il sagir dune araignée géante puisque
les deux protubérances étaient distantes dau
moins un pouce et demi. Finalement, la plaie se cicatrisa en quelques
jours.
Dès mon
retour aux Etats-Unis, soucieux de quelques problèmes de
peau, je décidai tout de même de consulter un dermatologue.
Il me découvrit une forte sensibilité au soleil et
me conseilla de porter un chapeau. Ce diagnostic ne manqua pas de
mintriguer et je ne pus mempêcher de lui raconter
lépisode du château. Sa réponse fut évidemment
conforme à toutes celles exprimées avant : mon histoire
ne manquait pas dintérêt, mais la vérité
mettait uniquement en cause la forte réaction de mon épiderme
aux rayons du soleil.
Décidément, le cerveau est une entité bien
étrange. Voilà déjà treize ans que je
ne sors plus sans ce même chapeau qui me protège de
la lumière directe .Hillyer discuta de son expérience
avec de nombreuses personnalités , notamment le professeur
Corneliu Barbulescu de lInstitut du Folklore de Bucarest,
Florescu et McNally évidemment, et la doctoresse Devanda
Varam, une vampirologue indienne. Ces divers échanges de
points de vue lui permirent den conclure à la présence,
au sein du château, dun magnétisme paranormal
favorable au Mal, en raison de son histoire sanglante et du fait
que ses murs reposent sur un sol fertile en cadavres. Lodeur
de fleurs fanées confirmait sa thèse puisquil
la considérait comme un signe de possession.
De plus, Hillyer développa la théorie du facteur
hémolytique selon laquelle le corps astral du vampire
possède le pouvoir de pénétrer laura
et lenveloppe charnelle de ses victimes, lui permettant ainsi
de les vider de leur sang.
Il
est
déjà 17 heures, et la route est encore longue pour
rejoindre Brasov, notre escale du soir, et visiter le château
de Bran, autre lieu culte du tourisme draculesque. Nous faisons
avec regret limpasse sur Curtea de Arges, centre touristique
important et gravissons à nouveau un massif carpatique imposant
pour arriver à Bran..... trop tard. Le château vient
tout juste de fermer. La visite sera pour demain.
Brasov
est une riante cité de montagne qui nest pas sans rappeler
les bourgades du Tyrol autrichien. Premier contact : Un grand calicot
nous annonce louverture en fin de semaine dun... Macdonald
! Bon passons.... La cité compte 330000 habitants et bénéficie
dune position géographique à la fois pittoresque
et stratégique, au croisement des routes commerciales reliant
historiquement les trois principautés roumaines. Son patrimoine
architectural est fort riche et on en retiendra plus particulièrement
lEglise Noire, le plus grand édifice de style gothique
de Roumanie. Elle porte ce nom depuis le grand incendie de 1689
qui lendommagea, noircissant ses facades|19|
.
Lhôtel
qui nous héberge ce soir, lAro Palace, porte bien son
nom. Le hall est gigantesque, un véritable hall de gare !
Les grooms, porteurs et autres employés sont légion.
Et le restaurant, du moins à la lecture de la carte, digne
des meilleures tables. A la lecture seulement. Car le foie gras
que nous avons commandé nest autre quun vulgaire
sauté de foies de poulets. Quant au tournedos, il ressemble
plus à une semelle noirâtre quà un morceau
de buf. Consolation, Nicolas déguste enfin un véritable
jus dorange, denrée particulièrement rare en
Roumanie. Consolation encore, le même Nicolas na guère
le loisir de sintéresser à ce quil y a
dans son assiette, trop absorbé par le sourire dune
petite roumaine à deux tables de nous.
Sommeil
sans rêve (pour moi du moins !) après avoir dégusté
la traditionnelle petite Zwicka du soir.
25
juillet
Petit
déjeuner formule buffet, famélique mais sympa. Et
retour sur Bran. Le tourisme sanguinaire est ici tout à
fait présent. Une épicerie porte de doux nom de
Dracula Market et nous y achetons une bouteille de Vodka Dracula,
de couleur rouge bien entendu. Pour la petite histoire, je pensais
partager ce nectar avec les amis du Club de l'il du Sphinx
à notre retour. Le sort en décidera autrement. Les
bagagistes de laéroport de Bucarest ouvriront mon
sac et préléveront leur écot ! Tourisme encore
sur la petite place du château avec de nombreuses boutiques
proposant des tee-shirts à la gloire de lEmpaleur.
Le plein est vite fait, et en avant pour la visite.
Je
rends la parole à Nicolae. |20|
En Roumanie, il existe deux châteaux Dracula .
Le premier est celui Poienari, construit par Vlad Tepes sur un
roc proche de la source de la rivière Arges, dans la Valachie.
Ce château fut dévasté lors de lattaque
des envahisseurs turcs. (cf supra)
Le deuxième, plus connu, est le château Bran, à
20 km de Brasov. Celui-ci ressemble beaucoup à celui décrit
par Bram Stoker dans son roman mais na aucune relation avec
Vlad Tepes. Quelques détails sur le château Bran
:
Bran est une localité située au coeur des montagnes,
dans le sud-est du Pays de la Bãrsa (Tara Bãrsei).
Le château a été élevé par des
bâtisseurs de la ville de Brasov, à la suite du privilège
du 19 novembre 1377, octroyé à cette ville par Louis
Ier dAnjou, dont lautorité sétendait
à lépoque jusquà la Transylvanie.
Le rôle de la forteresse était de surveiller et de
défendre le pas de Bran, la plus importante route commerciale
vers la Valachie.
Dès le début, la forteresse a été
le siège dune garnison darchers et de
balistiers et, pour couvrir les frais dentretien,
un domaine composé de douze villages du Pays de la Bãrsa
: Baciu, Turches, Cernatu, Satulung, Tãrlaguni, Zizin,
Purcãreni, Crizbav, Apata, Budila (jusquen 1404,
date à laquelle il a été séparé
du domaine de Bran), Zãrnesti et Tohan (ultérieurement
en 1395, les villages de Zãmesti et de Tohan furent données
à des personnes privées), lui fut attribué.
La direction de la forteresse et du domaine de Bran fut confiée
à des châtelains qui, outre la fonction militaire
de commandant de la garnison, remplissaient également des
fonctions administratives et juridictionnelles. Les châtelains
levaient aussi les redevances féodales. Jusquà
la moitié du siècle dernier, à proximité
de la forteresse, une douane percevait une taxe de 3 % sur la
valeur des marchandises.
Au début du XVème siècle, la forteresse de
Bran se trouvait sous lautorité de Marcel le Vieux
( Mircea cel Bãtrãn) et de ses descendants, conséquence
du traité dalliance antiottomane conclu à
Brasov avec Sigismond de Luxembourg. Les Princes valaques continuèrent
et développèrent détroites liaisons
commerciales et culturelles avec Brasov et la Transylvanie. Ainsi,
en 1413, Mircea cel Bãtrãn octroya aux habitants
de Brasov un Privilège commercial par lequel on reconnaissait
et reconfirmait les réglementations douanières,
héritées des aïeux, dans les bourgades de la
Valachie et sur la route de Brasov, par le pas de Bran jusquà
Brãila .
Après la domination valaque, dans la troisième décennie
du XVème siècle, la forteresse fut placée
sous lautorité du comte Széklers, chargé
de défendre le sud-est de la Transylvanie, pour passer,
au temps de Iancu de Hunedoara (Jean Hunyadi), sous celle du voievode
de la Transylvanie, qui avait cumulé aussi la fonction
de comte de Széklers.
A partir de 1498, le château et le domaine de Bran furent
placés sous ladministration de Brasov, à titre
de propriété, jusquen 1651. Cette même
année, après la ratification par la Diète
de la Transylvanie, Brasov devint de façon définitive
et irrévocable la propriétaire de la forteresse-château
dont les fonctions économiques et militaires, restèrent
les mêmes.
Après la révolution de 1848-1849, le servage fut
aboli et, par conséquent, le domaine de Bran neut
plus de raison dexister. La forteresse-château, restée
en possession de Brasov, devint le siège dune circonscription
forestière.
Le premier décembre 1920, la forteresse-château fut
offerte à la famille royale de Roumanie, devenant ainsi
résidence dété jusquau 30 décembre
1947 lorsque, par labolition forcée de la monarchie,
elle entra dans le patrimoine de lEtat. En 1956, transformée
en musée dhistoire et dart féodal, la
forteresse-château de Bran fut ouverte aux visiteurs.
Les éléments architecturaux du XIVème siècle
ont été subordonnés au double but de la forteresse
: surveiller et défendre le pas de Bran pour lequel on
a exploité tous les avantages du terrain, et loger la garnison
et ses commandants.
Le plan de la forteresse est irrégulier, déterminé
par la configuration du rocher sur lequel elle a été
bâtie. Les galets de rivière, la brique et le bois
ont été les matériaux employés. La
forteresse a été pourvue de trois tours. Vers louest,
la tour ronde, percée dembrasures, employée
comme poudrière avec à sa base la chambre du canonnier.
Sur le côté nord fut élevée la tour
de guet - le donjon - de forme rectangulaire - avec six embrasures,
disposées deux par deux, les unes au-dessus des autres.
Léchauguette permettait de surveiller le pas et dannoncer
lapproche de lennemi. Lors dune restauration
à la fin du siècle dernier, on ajouta un fronton
à éléments décoratifs, dans des arcades
aveugles. Sur le côté est sélève
une tour carrée qui, plus accessible, est pourvue de deux
mâchicoulis par lesquels on versait des liquides bouillants
(mazout et eau). La courtine la plus exposée, celle du
sud, est très massive et percée à deux niveaux,
par des embrasures orientées vers la route.
Pour éviter que la forteresse ne soit incendiée
par le lancement de matériels incandescents, les seules
parties inflammables, les toits, sont orientés vers la
cour intérieure, offrant à lennemi leur angle
mort. Les eaux pluviales étaient ainsi recueillies dans
des citernes, dans la cour intérieure.
A
ses pieds, la forteresse était défendue par des
murailles que perçaient deux rangées dembrasure.
Les ruines de ces fortifications, destinées à rendre
le pas infranchissable, sont encore visibles. Un puits de 57 m.,
creusé dans la cour intérieure, fournissait leau
potable;
Au début du XVIème siècle, alors que le prince
Béthlen gouvernait la Transylvanie, fut élevée
une nouvelle tour carrée, sur le côté sud.
Jusquà cette époque, laccès était
possible par une échelle mobile. Après la construction
de la nouvelle tour, appuyée par trois contreforts, on
entra dans la forteresse par un escalier de bois, qui fut remplacé
au début du XXème siècle par un escalier
en pierre.
Une inscription latine de 1723 mentionne les rénovations
entreprises au début du XVIIIème siècle.
Au cours des années 1877-1878, alors que la Roumanie recouvrait
sur les champs de bataille son indépendance, les toits
en charpente furent remplacés par des fascines. La reconstruction
de laspect initial, effectuée par la municipalité
de Brasov entre 1883 et 1886, plaça la forteresse-château
de Bran parmi les monuments historiques et architecturaux du pays.
Entre 1920 et 1929, le château fut rénové
selon les plans de larchitecte Carol Liman. Dans lancien
grenier on a aménagé le quatrième étage.
Dans la tour ronde, sur lemplacement du chemin, on a aménagé
un appartement et dans lancien puits, on a installé
un ascenseur électrique. Larchitecte Carol Liman
a ajouté une série déléments
décoratifs : on a monté aux portes dentrée
des encadrements gothiques en pierre, on a refait les escaliers
et les planchers en bois, le tout conférant au château
une intéressante note romantique. Laspect actuel
est le fruit de cette dernière restauration.
Et il est vrai que ce château est superbe. La restauration
est maintenant terminée et lensemble brille comme
un sou neuf au soleil de juillet. La guide parle un excellent
français et déclare jai beaucoup de sympathie
pour vous, une sympathie mercantile, certes (il nous faudra lui
acheter une paire de chaussons pour la mama !), mais qui nous
vaut le privilège de visiter quelques pièces fermées
au public. Et de contempler notamment le portrait du grand-père
de Dracula. ! Nous ressortons, non sans admirer le fameux mur
escaladé par le Vampire à coup de griffes et flânons
dans le parc. Lappareil photo (qui contrairement au camescope
qui nous a lâché) fonctionne à plein rendement.
Visite rapide au musée municipal où nous rencontrons
un coupe de jeunes roumains sympathiques qui rentrent dun
voyage en Belgique et nous avouent ne pas connaître leur
pays........La
route qui va nous conduire jusqu'à Bucarest est sympathique.
La couleur tyrolienne est toujours fortement marquée :
de riants petits chalets en bois jonchent les versants des montagnes
sur lesquelles se nichent parfois de confortables petites stations
de sports dhiver. A Sinaïa cependant, la grand-route
est manifestement coupée et la police nous fait emprunter
une déviation qui va sérieusement rallonger notre
trajet. Et renouvelle escalade en épingles à cheveux
dans un massif carpatique accidenté. Cest en descendant
sur Tirgoviste que nous allons éprouver la plus grande
frayeur de notre voyage. La route est encombrée, comme
à lhabitude, de carrioles tirées par des chevaux,
et il nous faut sans cesse doubler. Et lors de lun de ces
incessants dépassements, un magnifique cheval en liberté
sur le bord de la route éprouve la judicieuse idée
de traverser au galop. Je pile ; les pneus de Dame Dacia hurlent
à mort. Trop tard, je percute lanimal de plein fouet
à larrière-train. Il valse dans le fossé
gauche. Mais il se relève aussi vite et disparaît
à toute allure dans le champ. Ouf ! Plus de peur que de
mal.Halte
à midi à Tirgoviste de sinistre réputation.
Cest dans cette ville en effet que de couple Ceauscescu
a a terminé pitoyablement son existence terrestre, après
un procès aussi mémorable quexpéditif.
La cité est au carré, larges avenues et immeubles
de béton pisseux. Refrain connu. Nous avalons un morceau
dans le palace local, lhôtel Ambassador. Pas un chat
au restaurant, des toilettes à éviter absolument.
Quant à se laver les mains, mieux vaut renoncer !Trajet
sans histoire jusqu'à Bucarest que nous rallions en début
daprès-midi. Bucarest, le petit Paris, assume bien
la comparaison. Arc de Triomphe, avenues monumentales et boutiques
bien achalandées, on se croirait parfois sur les grands
boulevards parisiens. Avec une différence de taille pourtant
: les nombreuses plaques ou petits monuments qui nous rappellent
de façon lancinante les nombreux morts que la capitale
a eu à déplorer lors de la révolution de
lhiver 1989. Bucarest propose au visiteur de nombreux sites
dignes dintérêt. Comme le monastère
de lîle de Snagov où Vlad Tepes serait enterré
et en face duquel Ceauscecu a construit...... une villa ! Lombre
du Génie du Danube plane du reste lourdement sur la cité.
Une grande partie du centre ville na t-elle pas été
entièrement rasée, et de nombreux monuments religieux
dans la foulée, pour permettre la construction de ce que
lon appelle communément le Palais de la Démesure
? Une bâtisse démente qui devait abriter la démesure
glorieuse du dictateur : quatre fois plus grand que le Louvre,
aussi haut quun immeuble de 25 étages, situé
au bout dune avenue monumentale, plus large dun mètre
que les Champs-Elysées et longue de quatre kilomètres.
Cet édifice, le plus grand du monde en volume et deuxième
après le Pentagone en surface construite, a exigé
depuis 1977 des investissements matériels et humains incommensurables........
Longue ballade dans le quartier de lUniversité. Les
trottoirs sont envahis pour le plus grand plaisir des badauds
que nous sommes par les étalages de nombreux bouquinistes.
On trouve de tout, en roumain bien sûr, mais aussi en français.
Les traductions pirates sépanouissent sans complexe
au soleil de juillet. Quant aux bouquins désotérisme,
ils sont légion, symboles évidents dune liberté
retrouvée ; mais leur abondance témoigne aussi dune
certaine perplexité quant au sens à donner à
une existence qui nest désormais plus régie
par un communisme de fer.
Les boutiques dinformatique fleurissent également
dans ce quartier intellectuel ; je suis interloqué par
la diversité des logiciels offerts à la convoitise
de la clientèle : Internet, Windows 95, Corel Draw, Page
Maker, tous les grands produits sont disponibles, et à
des prix incroyablement bas. Un examen plus attentif des CD Roms
proposés nous montrera quil sagit de produits
pirates, réalisés pour la plupart en Russie ! Et
je ne vous dirai pas bien sûr si on en a acheté !
! ! !Dernière
étape roumaine à lhôtel Ambassador (encore
un !). Chambre spartiate, mais table excellente dans un cadre
grand chic : au menu du soir, caviar (mais oui) et filets desturgeon.
Nous faisons monter dans la chambre deux verres de Palinka, une
version plus fruitée de la légendaire zwicka.
|17|
A&V
numéro 2 ; texte revu par Jacky Ferjault.
|18|
En
fait un escalier redoutable a été construit afin
d'accéder au château ; redoutable,
car le nombre de marches dépasse allègrement le
millier. Cardiaques s'abstenir.
|19|
Daprès
le guide Marcus.
|20|
A&V
no 1, texte revu par Jacky Ferjault.
Retour
sans histoire sur Paris, cette fois sur un vol régulier
de la Tarom. Dernière lecture édifiante dans lavion...........
Une façon de revivre le voyage, et de sassurer que
le Mythe est bien vivant......
Ce
document est tiré de la rubrique VAMPYRES dinternet
et son auteur est Elizabeth Miller (emiller@morgan.ucs.mun.ca)
Il
y a juste une semaine, je me suis rendue en Roumanie une seconde
fois pour y assister à la première conférence
mondiale sur Dracula. Etant donné que cette conférence
était un événement fort important et quelle
a recueilli une grande attention de la part des médias
à travers le monde, jai pensé fournir un résumé
et une évaluation de celle-ci.
La toute première conférence sur le thème
de Dracula a eu lieu en Roumanie du 24 au 30 mai. Elle était
organisée par la STD, Société Transylvanienne
de Dracula, (une organisation à caractère historique
et culturelle établie à Bucarest) avec le support
des Ministères du Tourisme et de la Culture, de lInstitut
Roumain dHistoire Militaire, de lInstitut du Folklore
et de lEthnographie, et du Centre dEtudes Humanistes
de Santa Barbara (Californie). Lobjectif de la conférence
était dexaminer les aspects historiques et mythiques
de Dracula. Ma participation à cette conférence
avait commencé lété dernier à
Bucarest. Jy avais rencontré le président
de la STD, Nicolae Paduraru, et il mavait invitée
à présenter une communication à la conférence.
Après cette rencontre, on mavait demandée
daider les organisateurs roumains en prenant contact avec
les principaux érudits sur Dracula en occident, ce que
javais fait.
La conférence suivit deux thèmes majeurs. Le premier
(et le plus instructif pour moi) était la présentation
de contributions scientifiques. Malgré les problèmes
de programmation (nous étions toujours en retard sur lhoraire,
et les interventions durent à certains moments être
réduites et présentées rapidement), la qualité
de la conférence fut très bonne. La plupart des
conférenciers étaient des historiens roumains dont
les articles concernaient le vrai Dracula, Vlad Tepes. La majorité
de ceux-ci débattirent de la problématique de lobjectivité
des récits de la fin du XVième siècle concernant
Vlad Tepes. Matei Cazacu (un historien de la Sorbonne) argumenta
de manière convaincante sur le fait que Vlad fut la première
victime dune propagande politique sur papier imprimé
(initié par Matthias Corvinus) et que Tepes fut seulement
un pion sur léchiquier politique et économique.
Un autre genre dinterventions sur Tepes fut présenté
par le directeur décole du village dArfefu
(près de Poienari) lequel a préservé les
légendes orales de lEmpaleur. Il remarqua que pour
ces villageois, Vlad Tepes était toujours considéré
comme un héros. Vlad avait récompensé ces
villageois par le don de terres à perpétuité
parce quils lavaient aidé à séchapper
vers la Transylvanie lorsque les Turcs montaient le siège
autour de sa forteresse.
Le second thème important de la conférence fut centré
sur le Dracula de fiction, le Comte vampirique du roman de Bram
Stoker. Mon papier sur la genèse de Dracula en faisait
partie. Jy argumentai sur le fait que la connexion entre
le Comte Dracula et Vlad Tepes est très fortement exagérée,
et que les sources du vampire de Stoker ne proviennent pas de
lhistoire et du folklore roumains mais de la tradition britannique
et gothique du XIXième siècle. Raymond McNally (de
luniversité de Boston) présenta un exposé
sur les variations du visage de Dracula dans les films. Dautres
développèrent des perspectives plus théoriques
et littéraires comme lusage ambivalent de la violence
dans Dracula et Dracula, un juif errant.
Peu de confèrences ne sinscrivaient pas dans un de
ces deux thèmes: par exemple, des sujets tels que la signification
du Château de Bran, la construction du Château-hôtel
de Dracula dans la Passe de Borgo, etc.
Il y eut à peu près 40 interventions en tout. Les
orateurs étaient (en addition de ceux déjà
mentionnés) Radu Florescu, Silvia Chitimia, Gordon Melton,
Clive Leatherdale, Jeanne Youngson, Norine Dresser, James Craig
Holte, Carol Davison, Katie Harse, Eileen Barker, Mary Mulvey
Roberts, Bernard Davies, Vincent Hillyer, et beaucoup dautres.
Le colloque, en plus dêtre un forum académique,
fut également une vitrine du tourisme roumain. La conférence
entière, parce quelle ne se déroula pas que
dans une seule ville, était un véritable festin
itinérant. Les deux premiers jours furent consacrés
à Bucarest par la cérémonie douverture
et par deux séries dinterventions à lhôtel
Bucuresti. De nombreuses expositions de souvenirs de qualité
pour les participants et les visiteurs côtoyèrent
la conférence. Certains entrepreneurs roumains avaient
monté des tentes et jétais très surprise
de la qualité des produits quils offraient. (Le seul
objet que jai trouvé dun goût plutôt
ridicule était une bouteille de liqueur au parfum dun
fruit appelé Draculina). Malheureusement (comme
il était prévu), certains journalistes jouèrent
avec ce ridicule, même si la dérision au sujet de
Dracula était somme toute absente pendant toute la conférence!
Nous partîmes ensuite vers Brasov, au nord, et nous nous
arrêtâmes rapidement à Sinaia pour visiter
le palais royal (Peles). Ensuite, nous nous rendîmes à
Poiana Brasov où nous avions des réservations pour
la nuit. Je restai à lAlpin, un hôtel splendide
doté dune vue magnifique. Jy avais déjà
séjourné lannée dernière. Quelques
personnes, dont moi, restèrent éveillées
toute la nuit et nous assistâmes à un merveilleux
lever de soleil (nous étions trop excitées pour
pouvoir dormir).
Le matin suivant, nous eûmes une journée bien remplie
à la conférence de Poiana Brasov. Le beau temps
était avec nous - en fait, nous eûmes du soleil et
de hautes températures pendant tout le séjour (excepté
deux nuits fort froides). Jy eus loccasion de rencontrer
un ami avec qui javais correspondu pendant de nombreux mois
par Internet (Ilie Garbacea qui enseigne linformatique à
luniversité de Transylvanie à Brasov). Ce
fut une expérience fantastique. Jaurais souhaité
avoir plus de temps en sa compagnie et celle de sa femme. Mais
cet après-midi, après un déjeuner plaisant
à la Cabane du Hors-la-loi, nous reprîmes à
nouveau la route: cette fois-ci en direction de Sighisoara pour
visiter la Casa Vlad Dracul, la maison où Vlad
Tepes naquit et a passé les plus jeunes années de
sa vie. Cette nuit-là, nous séjournâmes dans
deux hôtels de Tirgu Mures; aucun des deux navait
la qualité des logements de Bucarest et de Poiana Brasov.
La série suivante de conférences fut donnée
à Bistria. Puis, nous traversâmes les Carpates orientales
jusquà Tihuta, la région de la Passe de Borgo,
endroit célèbre en raison de la location fictive
du château du Comte Dracula par Bram Stoker. Un hôtel
appelé le Château-hôtel de Dracula
sy trouve et nest en fait quune pauvre imitation.
Cest surtout une tentative de la part des autorités
touristiques roumains de profiter de la curiosité occidentale
concernant Dracula. Cest à cet hôtel que les
dernières contributions furent présentées.
Elles furent suivies dun banquet et dune cérémonie
de remise des prix (à propos, jen reçus un!).
Le lendemain, une partie du groupe se rendit à Voronet
(voir le monastère aux murs peints) avant de prendre lavion
pour Bucarest, pendant que les autres prirent le bus pour la longue
route du retour.Lors
de la conférence, de nombreux problèmes logistiques
sont apparus. Cétait, pour la majeure partie, la
conséquence du nombre important de gens présents.
A son apogée, la conférence attira plus de 200 personnes.
La moitié delles travaillaient dans les médias
et beaucoup dautres étaient des touristes
qui ne présentèrent pas dinterventions mais
qui assistaient comme écrivains itinérants.
Le problème le plus important fut le retard chronique sur
lhoraire : arrivée tardive des bus, inscriptions
lentes à la réception de lhôtel, mélange
des bagages, et dautres problèmes de ce genre. La
présence des médias fut très dense: des caméras
partout et de nombreuses interviews (jen donnai une vingtaine).
Les médias (radio, TV et journaux) ont considérablement
couvert lévénement
Mais ceci est un sujet de discussion en lui-même et il nest
pas de mon intention den débattre ici. Je dois admettre
que jétais particulièrement intéressée
par les commentaires de la presse roumaine et je prévois
dexaminer les journaux avec lintention décrire
un article sur cette couverture. Jai également été
maintes fois interviewée depuis mon retour au Canada à
la radio et à la TV (locale et nationale).
Je tiens ici à ajouter quelques commentaires à propos
dun voyage optionnel qui, même sil sest
déroulé après la conférence, fut lun
des moments phares de toute lexpérience.
A peu près 30 personnes (la plupart des journalistes étaient
partis, excepté ceux du Saturday Night) se rendirent au
village dArefu (près de Poienari) pour y passer la
nuit avec les villageois, écouter quelques légendes
concernant Vlad Tepes, et assister à des danses folkloriques.
Cétait une expérience fantastique et si reposante
après cette semaine harassante. Le lendemain, nous étions
encore cinq qui ne voulaient pas terminer de cette manière.
Nous gravîmes dès lors les 1500 marches de la forteresse
de Vlad Tepes pour admirer la Vallée de lArges. Ceci,
avec le court voyage en voiture de la forteresse jusquà
la station électrique, nous offrîmes quelques uns
des plus magnifiques et extraordinaires paysages quil meut
été donné de contempler. Cétait
à couper le souffle! Nous revînmes ensuite à
Tirgoviste pour visiter les ruines du palace princier valaque
avant de retourner à Bucarest pour un repos diablement
mérité!
Ici se terminent mes commentaires sur la conférence mondiale
sur Dracula.
Elizabeth Miller
Traduction : Adam Possamaï qui vous demande dinsister
auprès de lAncien pour organiser une conférence
de ce genre au compte des Editions de lOeil du Sphinx, avec
des interventions en français: cela mévitera
de traduire!
Le
périple est terminé ! Pas tout à fait quand
on sait que vos fidèles fanéditeurs ont en quelque
sorte "redoublé". Oui, nous sommes retournés
au pays cet été 1997 pour creuser divers points et
enrichir encore plus le dossier que vous avez entre les mains. Et
bien sûr pour refaire le monde une fois de plus avec l'ami
Nicolae qui nous a remis le matériel nécessaire à
A&V numéro 4. Une histoire sans fin, en quelque sorte
!!! !
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