Fragments de M’Nar
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Et voici notre premier jet des « Fragments ».
Des notes de lecture, des adresses, des contacts, des infos de première main.
Pas de Madame Irma, pas de sectes douteuses, mais des outils pour votre
atelier. Encore une fois, nous ne vous révèlerons pas la vérité (et pour
cause.....), mais essaierons de vous aider à trouver des pistes en compagnie de
chercheurs sincères.
La Fosse de Babel Raymond
ABELLIO Gallimard Nous
reprenons ici une fiche de lecture parue dans DN’s numéro 5 J'ai retrouvé avec plaisir ce gros pavé de plus
de 600 pages, édité pour la première fois en 1962 et récemment réédité dans la
collection "l'Imaginaire". Raymond ABELLIO est l'un de ces
personnages fascinants, aux frontières de la philosophie, de la politique et de
l'ésotérisme, flirtant en permanence avec un prophétisme échevelé et
provocateur, fruit d'une série d'actions délibérées plutôt que d'un quelconque
pouvoir surnaturel. "La Fosse de Babel" est sans conteste
son oeuvre romanesque majeure, suite d'un ouvrage plus anecdotique "Les
Yeux d'Ezechiel sont ouverts". Le personnage central de ce récit,
Drameille, cherche à former des hommes exceptionnels -des surhommes- destinés à
conduire le monde. Et pour former cette nouvelle caste -celle du communisme
sacerdotal, au-delà des clercs, des guerriers et des politiques- quoi de mieux
que de mettre en situation de conflit objectif les extrêmes. Les survivants à
cet affrontement seront assurément les meilleurs.... Le théâtre, une série
d'usines américaines. Les acteurs, Santafé, ancien révolutionnaire espagnol
chargé de fomenter des attentats anarchistes et Von Saas, ancien officier SS
chargé de protéger par ses milices les industries menacées. Le récit, mené de
main de maître à la première personne par Dupastre, écrivain, philosophe et ami
de Drameille. Un homme ultime..... "Il existe, selon lui -Drameille- trois
types d'hommes ultimes : le saint dans sa cellule, le chef communiste également
dans sa cellule et le romancier n'importe où..." "La Fosse de Bablel" est également un
grand roman -non pas d'amour- mais dédié à l'amour, à la femme, que celle-ci
soit "sauvage" ou "primitive" comme Marie Greenson ou
qu'elle soit "ultime" comme Françoise de Sixte. ABELLIO possède une
typologie de la femme très élaborée et fort personnelle qu'il nous détaille
abondamment et qu'il utilise pour analyser les forces et les faiblesses d'un
couple. C'est à une véritable étude des polarités entre homme et femme qu'il
nous convie, et ce de façon magistrale "Par convention, nous disons que le
sexe de l'homme est positif, car il est actif, et que celui de la femme est
négatif, car il est passif ; mais inversement pour les cerveaux : c'est celui
de la femme qui est positif, car il procède par intuition globale et immédiate,
acte pur, tandis que celui de l'homme est négatif, car il procède par analyse
et raisonnement, acte différé. Tout cela bien entendu pour l'homme et la femme
dits normaux....." "La Fosse de Babel", enfin, est un
roman à couleur ésotérique, faisant suite aux essais d'ABELLIO en la matière
comme "La Bible , document chiffré" ou "Vers un nouveau
prophétisme" et annonçant son oeuvre maîtresse, "La structure
Absolue". ABELLIO est obsédé par l'explication globale, structurale, et
c'est par l'étude de la Bible et de la Kabale qu'il va déboucher, de façon
étourdissante. On est, dans ce roman, aux prémices de la recherche...... d'une
recherche qu'il prête du reste à ses personnages principaux, écrivains comme
lui. "..nous découvrîmes enfin non ce que nous cherchions, mais ce qui nous cherchait, notre puits de
science inconnu des cartes, bref ce que nous appelâmes spontanément la
STRUCTURE ABSOLUE, parce qu'il s'agissait bien en effet, au sein de ce monde de
relations opaques, de la structure unique qui les rassemblait et les éclairait
toutes, comme le réseau invisible qui, d'une pierre brute, fait un cristal
étincelent. C'était l'essence même de toute genèse, la genèse des genèses.
C'était l'image géométrique de l'unique et gigantesque et perpétuel mouvement....." En définitive, une oeuvre difficile, mais d'une
richesse étonnante qu'il est toujours intéressant de (re)découvrir. (P.M.) Et pour
les amateurs d’Abellio sur lequel nous reviendrons du reste régulièrement,
signalons deux excellents ouvrages documentaires: -
Entretiens avec ABELLIO, par Marie-Thérèse de BROSSES, chez Pierre Belfont. - La
Structure Absolue, numéro 72 de la revue Question De, publiée par Albin Michel.
ALCHIMIE.
Un petit tour du côté de l’Art
Royal avec la lecture de L’AURA
BLEUE du Mercure Alchimique Petri MURIEN et Eric SAINT-CLAIR Editions Ramuel Un petit bouquin joliment présenté (les photos
sont « collées », comme dans un album) et d’un intérêt évident : une
longue analyse du Mercure Alchimique, de sa formation, de ses propriétés et de
son utilisation. Deux restrictions cependant, - ce livre suppose un minimum de connaissances de
L’Art des Souffleurs pour être étudié avec profit. - il a une petite tendance à virer à l’ésotérisme
de bazar lorsqu’il traite des « bagues alchimiques » et de
« l’or potable ». Les réfèrences, par une publicité en fin de volume,
de la maison qui vous fournira ces merveilles, gâchent un peu le tout. C’est
dommage. (P.M.)
APOCALYPSE Nous devrions diffuser avec "Murmures" un fanzine "coucou", APOCALYPSE NOW. Il s'agit d'un zinotérique axé sur le fantastique religieux, dirigé par notre ami Serge Le GUYADER. Sera-t-il prêt pour ce numéro zéro ? Je l'ignore en rédigeant cette notule, mais vous, vous le saurez en ouvrant votre enveloppe, sinon, rendez-vous au prochain numéro..... (un fanzine-coucou est diffusé gratuitement aux abonnés d'un fanzine pricipal ; à l'image par exemple de MENTAL MACHINE POEMS, diffusé par D&M..... Le fanzine KAOTIC devrait s'associer à cette diffusion) Apocalypse encore..... Découvert à la boutique de l'aéroport de Dakar, ayant quelques instants à tuer, ce remarquable petit bouquin. LES SIGNES DE LA FIN DES TEMPS dans la tradition islamique Alif Editions Un recueil de hadîths (prophéties musulmanes) traitant de la fin des temps d'après le Coran. J'ai été frappé, lorsque l'on retire ces textes de leur gangue arabisante, de la similitude des visions islamiques de celles des prophètes judéo-chrétiens. Tout y est : la Bête, l'Antéchrist, et le retour glorieux de Jésus, fils de Marie, pour sauver les hommes. L'Islam fait sans conteste partie des "Fils d'Abraham". (P.M.)
Le CALCRE est une sympathique association de défense des écrivains (BP 17-94404 Vitry Cedex). Il a publié en 1990 un numéro spécial (80.81) sur les maisons d'éditions spécialisées dans l'ésotérisme. Il en ressort : - que le milieu est particulièrement foisonnant, avec pas moins de 150 éditeurs recensés. - qu'il s'agit d'un domaine d'un abord moins difficile que celui de la "grande édition", ne serait-ce qu'en raison du succès rencontré par le genre. Un guide en définitive très utile, avec une foule de conseils pratiques (comment présenter son manuscrit, délais de réponse, etc....) et qui se termine par une série de diagrammes bien foutus afin de tenter de vous situer dans ce vaste fourre-tout qu'est devenu l'ésotérisme commercial. Ce numéro est encore disponible au prix de 60 f. (P.M.)
Aleister CROWLEY avait défrayé la chronique dans D&M.... et pourtant, comme dans beaucoup de choses - et surtout en ésotérisme-, son oeuvre est contrastée et tout n’est pas obligatoirement à jeter à la poubelle au simple énoncé de son nom. Quelques pistes. LE LIVRE DU RASSEMBLEMENT DES FORCES A.C. Editions Ramuel Une publication récente d’une petite maison d’édition spécialisée en ésotérisme. (BP 116 78503 Sartrouville cedex). L’ouvrage porte en sous-titre la magie énochienne de la Golden Dawn. Et c’est bien d’un traité énochien dont il s’agit, inspiré par l’oeuvre du docteur John DEE, rappelée du reste dans une passionnante introduction signée Matthieu LEON. A.C aborde avec beaucoup de science et d’hermétisme le domaine délicat de la magie angélique, nous proposant l’utilisation des quatre tablettes des 48 clefs ainsi que les règles du jeu d’échec rosicrucien. Remarque : pour intéressant qu’il soit, c’est ouvrage est d’un abord difficile et est à déconseiller au néophite. EQUINOXE Philippe PISIER 23 avenue de la 1ère Armée Française 95160 Montmorency 80f Philippe PISIER, à qui l’on doit
du reste la traduction du précédent travail, lance EQUINOXE. The
Equinox, luxueuse revue qu’A.C. publia dès 1909, était considérée par ce mage
très controversé mais en tout cas des plus brillants, comme l’Encyclopédie de
l’Initiation. Et le numéro un de la version française que je viens de terminer est d’un luxe et d’une qualité qui ne doit pas la faire rougir vis à vis de son ancêtre.. 110 pages sous papier glacé, une promenade au travers des principaux « LIBER » d’A.C. Des rituels, des écrits philosophiques (une intéressante digression sur le scepticisme notamment), des réflexions sur la magie sexuelle. Bref, un ensemble de bonne tenue, d’accès relativement aisé, et précédé par une introduction de l’éditeur qui pose clairement le problème de la doctrine de A.C. La magie est souvent perçue comme un ensemble de techniques permettant
d’exercer un pouvoir occulte sur la nature et les êtres. Cette définition n’est
pas totalement erronée car le désir de dominer semble avoi été au cours des
siècles l’une des pricipales motivation de ses adeptes. Néanmoins d’autres
voient en elle une science susceptible de mettre son pratiquant en relation
avec la divinité. Cette magie visant l’Illumination est généralement dénommée
théurgie et Crowley en est certainement le représetant le plus moderne A noter encore que Philippe PISIER tire à boulet rouge sur une autre petite maison, diffusant les travaux de Crowley, et dont nous avons déjà parlé dans nos lignes. Il s’agit des EDITIONS DU CHAOS, BP 03, 44690 Chateau-Thebaud. Nous ne rentrerons pas dans la querelle de chapelles (et nous en serions bien incapables.....) Disons simplement que les Editions du Chaos proposent également des travaux fort intéressants, dont une biographie de A.C, reprise de la thèse universitaire de Christian BOUCHET. Demandez-leur un catalogue pour vous faire une idée. (P.M.)
Merci de vos nombreux ENCOURAGEMENTS. C’est vrai que Murmures a failli être torpillé avant d’avoir vu le jour. Mais c’est vrai aussi que vous êtes nombreux à nous avoir soutenu, là aussi à priori, avant la sortie du premier numéro. Nous ne pouvons pas publier ici tout le courrier reçu (mais bien sûr vous retrouverez notre bon vieux DRAGON A PLUMES dans un prochain numéro de news), mais vous proposons un simple échantillon sympathique. Sympatique parce qu’il émane de Fred PERNET, dessinateur bien connu et fan-éditeur d’un zine de jeux de rôle. Et passionné par la Science des Arcanes qu’il vient de découvrir. Comme quoi, et nous le pensons fortement, les genres sont loin d’être cloisonnés...... .......Je me réjouis que les esprits se soient calmés et que le débat
soit clos. J’espère que les enseignements du zinotérique seront aussi
accessibles (à ceux qui ne sont pas initiés, je veux dire) que bien conformes à
la tradition, afin d’être profitables à tous. Compte sur moi pour te donner mon
avis et au besoin mes modestes conseils. Exclue d’office toute goétie et
satanisme ou sorcellerie et autres formules de grimoires bidon si tu tiens à
faire un zine sain et sérieux.......
L’EPEE (étude des phénomènes étranges et inexpliqués) a été créée par notre ami Sylvain FERRIEU (le patron de Kaotic) et se propose d’investiguer de façon scientifique dans l’univers du paranormal. Vous pouvez le contacter 10 rue Auguste Renoir, à 91000 EVRY.
Relevé dans la savante collection « Sciences de l’Homme » chez Larousse le fort intéressant ouvrage de Jean-Paul CORSETTI, l’Histoire de l’ESOTERISME. Une somme de 350 pages complétée par un glossaire et une bibliographie. Un document très complet sur les origines de ce courant de pensée.
EGLISE ET FRANC-MACONNERIE Luc Nefontaine Editions du CHALET, Paris 1990, 155 pages, 89 77, rue de Vaugirard, 75006 Paris La disparition du RP. Michel Riquet (SJ), survenue en mars 93, et que tous les maçons dignes de ce nom regretteront certainement, nous fournit l'occasion de rendre hommage à celui qui fut pendant si longtemps le lien le plus sûr entre l'Eglise de Rome et les maçons réguliers, en présentant l'ouvrage de Luc Néfontaine sur l'histoire de l'Eglise et de la Franc-Maçonnerie; en effet, cet ouvrage nous offre enfin un moyen de mettre en lumière les rapports anciens et douloureux qu'ont entretenu la Maçonnerie et l'Eglise Catholique depuis trois siècles. C'est peu dire que leurs relations ont été tendues quand elles n'ont pas été franchement conflictuelles et nourries de bien des à priori réciproques. Sur un dossier aussi sensible en particulier pour les français (dans d'autres pays le problème est différent), une mise au point objective et complète s'imposait. C'est ce que tente de faire, avec succès nous semble-t-il, l'excellent ouvrage de Luc Nefontaine (*) : "Eglise et Franc-Maçonnerie" publié aux éditions du Chalet. Ce livre expose sans polémiques inutiles, ceci est important, toutes les pièces maîtresses du dossier à travers les quatre parties qui le composent. La première partie (Des bâtisseurs aux philosophes) rappellent magnifiquement les origines de la maçonnerie opérative puis spéculative et les transformations des rapports entre l'Eglise et la maçonnerie au Siècle des Lumières. La seconde partie (Les premières condamnations) montre comment les premières condamnations qui entrèrent en vigueur dans un cadre purement civil et non religieux comme on le croit souvent, sonnèrent le glas du beau mariage d'amour, célébré à l'époque médiévale, entre les confréries de maçons et "Notre Sainte Mère l'Eglise". En effet, après plusieurs condamnations civiles dans différents pays d'Europe (y compris la Turquie musulmane), c'est le Pape Clément XII lui-même qui en 1738, par la constitution apostolique "In Eminenti", jette sur les "Francs-Massons" et tous ceux qui les aident ,la menace de l'excommunication. Le lecteur découvrira donc ici les trois principaux griefs retenus par le Souverain Pontife d'alors : immoralité, secret maçonnique, suspicion d'hérésie, et appréciera le bien fondé de cette terrible sentence ainsi que les suites et ses conséquences. Il est certain que beaucoup de maçons (chrétiens ou non) gardent encore aujourd'hui la nostalgie d'une époque antérieure à ce milieu du 18ème siècle, époque où de nombreux membres du clergé et des ordres monastiques étaient eux aussi maçons. On lira à ce sujet avec grand intérêt le n°7 (mars-avril 93) de la revue "Le Jardin des Dragons" (cf D&M n°7) sur les moines et les prêtres francs-maçons d'hier et d'aujourd'hui. Une troisième partie, d'ailleurs assez dense, est consacrée à toute la période conflictuelle (Le Conflit) depuis la révolution de 89 jusqu'à la fin du 19ème. Après avoir rappelé les principales étapes de la FM sous la Révolution , le Consulat et l'Empire, ainsi que les épisodes concernant les lois scolaires de Jules Ferry et l'importance des pouvoirs maçonniques dans les autres pays d'Europe, l'auteur y expose les diverses réactions et condamnations catholiques tout au long du 19ème. Le point culminant des condamnations papales est probablement atteint avec l'encyclique "Humanum Genus" de Léon XIII, promulguée en 1884. Etrange attitude de la part d'un Pape aussi "social" que Léon XIII ! Mais il est clair que depuis le début, tout ou presque, dans cette affaire est bien plus de nature politique que morale ou religieuse. Sans aller aussi loin avec les Francs-Maçons qu'elle l'avait fait avec les Albigeois ou les Templiers, l'Eglise de Rome, confond une nouvelle fois, pouvoir temporel et pouvoir spirituel. C'est encore le cas aujourd'hui de plusieurs autorités religieuses notamment islamiques. L'antimaçonnisme d'une grande partie des catholiques (dès les années 1850-60) se développe de manière virulente à travers de nombreux écrits laïcs et ecclésiastiques; ce sont ces écrits qui vont servir de base aux affrontements politiques et religieux en France au début du 20ème siècle. A ce sujet, notons que la brochure intitulée "Bibliographie Maçonnique" publiée par les Editions du Borrégo en 1990 et gracieusement diffusée par plusieurs obédiences, propose, en page 17, une liste d'ouvrages sur l'antimaçonnisme que l'on consultera avec profit, non pour leurs positions, mais pour leurs méthodes et leurs arguments. En effet, mieux vaut prévenir que guérir : l'odieuse mystification de Léo Taxil, voir page 58 du livre de Luc Nefontaine, est malheureusement là pour le rappeler! Citons, sans pour autant prendre position et uniquement à titre indicatif, le livre de Léon de Poncins intitulé: La Franc-Maçonnerie d'après ses documents Secrets (Editions Diffusion de la Pensée Française 1972, Chiré-en-Montreuil, 86 -Vouillé). Cette troisième partie de l'ouvrage de Luc Nefontaine se termine par un chapitre sur l'évolution de la FM au 20ème siècle et un chapitre sur les réactions catholiques jusqu'à Vatican II. Passons sur les détails historiques de cette période la plus noire (1850-1945) des relations entre le catholicisme et la FM où se mêlent indistinctement questions politiques, sociales , idéologiques et religieuses dans un formidable amalgame, pour ne retenir que l'aspect spirituel de la question. Rappelons tout d'abord que le contentieux dont il est question concerne principalement l'Eglise catholique romaine; les autres confession chrétiennes ayant presque toujours entretenu de bons rapports avec la FM. Ensuite, le débat s'est souvent placé dans l'axe d'une opposition religieuse ou dogmatique entre les deux institutions, celle-ci servant parfois à masquer d'autres préoccupations plus triviales; or non seulement la FM ne peut en aucun cas être assimilée à une religion et ne peut donc être concurrente d'aucune Eglise quelle qu'elle soit, mais mieux encore, la FM est née au sein même de l'assemblée des croyants. Ses déviations ultérieures pouvant être considérées comme une maladie guérissable. Pour ces raisons, notamment, un rapprochement est possible; c'est pourquoi, l'auteur de "Eglise et Franc-Maçonnerie" termine son livre par une quatrième partie intitulée : Vers la réconciliation. Les lecteurs découvriront alors qu'à la suite des initiatives positives du Père Joseph Berteloot (SJ) peu après la première guerre mondiale diverses personnalités maçonniques (de toutes obédiences) ont exprimé ouvertement leur désir de rapprochement. Grâce à quoi l'Eglise elle-même a entamé un processus d'assouplissement de sa position, tout particulièrement à l'égard des loges dites "régulières". Ainsi, dès 1968, a pu s'instaurer un véritable dialogue entre le RP. Riquet et la Grande Loge Nationale Française (GLNF),- à travers notamment, les initiatives d'un Jean Baylot ou d'un Alec Mellor- et, il semble que l'on se dirige aujourd'hui vers une ouverture significative puisque le canon 2335 initialement hostile aux francs-maçons est remplacé depuis 1983 par le canon 1374 qui ne cite plus la FM. Certes, les résistances de part et d'autre sont encore fortes et les obstacles à franchir restent nombreux, avant une réconciliation totale; mais un long chemin a déjà été parcouru comme le montre très bien le livre de Luc Nefontaine. Notons encore que les documents et textes ecclésiastiques et maçonniques cités par l'auteur en fin d'ouvrage (annexes 1 à 8 : Contitution "In Eminenti" de Clément XII(1738), Encyclique "Humanum Genus" (1884),"Déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi" (1983),"Déclation de la Grande Loge Unie d'Angleterre" (1985), etc...) contribueront certainement à faire de ce dossier historique un ouvrage de référence. C'est aussi l'occasion ici de citer un autre ouvrage qui vient à point si l'on peut dire sur cette question : "Ces Francs-Maçons qui croient en Dieu" rédigé par deux éminentes personnalités de la GLNF que sont le Pasteur M. Viot et J.M. Merle; cet ouvrage préfacé par le RP.Riquet lui-même est disponible aux Editions Quai Voltaire. Enfin, il m'est impossible de clore cette fiche de lecture sans évoquer ce que les professionnels de l'histoire considéront probablement comme la référence suprême en matière de rapports entre la Maçonnerie et l'Eglise, à savoir l'ouvrage monumental du Père José Antonio Ferrer-Benimelli intitulé "Les Archives Secrètes du Vatican et de la la FM (histoire d'une condamnation pontificale)", publié chez Dervy Livres en 1989. Cette somme, extraordinaire étude de plus de 900 pages, dont le livre de Luc Néfontaine peut être considéré comme une excellente introduction, fera certainement l'objet dans une prochaine livraison de MURMURES D'IREM d'une présentation plus approfondie. A bientôt donc dans ces colonnes pour reparler de cet ouvrage ! SFLG -------------- (*) Note sur l'Auteur : de nationalité belge, Luc Nefontaine est universitaire et membre du Centre d'Histoire des Religions de la célèbre l'Université Catholique de Louvain. Depuis plusieurs années, il étudie le fait maçonnique, son symbolisme et ses relations avec le catholicisme. Il communique régulièrement le fruit de ses travaux par diverses conférences et publications. Notons justement qu'il est l'auteur d'un ouvrage sur la Franc-Maçonnerie publié aux éditions du Cerf-Fides (Paris 1990). LA DIFFUSION ROSICRUCIENNE diffuse, comme son nom l’indique, divers ouvrages et publications de référence sous le timbre de L’Ordre Rosicrucien AMORC. Un Ordre authentique qui dispense un enseignement ésotérique de qualité et sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. Le dernier catalogue reçu de la DIFFUSION traite des Arts Divinatoires. On se le procure sur simple demande au Château d’Omonville, 27110 Le TREMBLAY. N’hésitez pas, c’est gratuit, et vous serez régulièrement informés des dernières nouveautés. A noter que la DIFFUSION gère à Paris une superbe librairie, sise au 199 rue Saint-Martin (3ème). P.M
GOTHIQUE est un confrère de qualité, un fanzine qui traite selon son propre sous-titre de « littérature, ésotérisme, religion, poésie, histoire ». Le numéro 5 est centré sur un dossier sulfureux, les liens du socialisme et de l’occultisme. Sulfureux mais bienvenu, afin de remettre les pendules à l’heure et de ne pas nous faire oublier qu’il y a d’autres liaisons historiques que celle de l’ésotérisme et du nazisme.... Je survole la table des matières : « les illuminés de Bavière », « Karl Marx, prophète inspiré », « les fondements occultes de la Révolution d’Octobre », « Les symboles du drapeau rouge, de la faucille et du marteau ». Le numéro 30f chez Patrick OUARDES, 31 bd Bessières, 75017 Paris. (P.M.)
HISTOIRE MYSTERIEUSE L'ENIGME SACREE Michael BAIGENT, Richard LEIGH, Henry LINCOLN Editions Pygmalion Ce bouquin est assurément l'un des must de l'histoire ésotérique et mystérieuse. Le "pendant documentaire" en quelque sorte du fameux "Pendule de Foucault" d'Umberto ECO. De quoi s'agit-il ? D'une vaste enquête historique qui, prenant pour base l'énigme de Rennes-le-Château, nous entraîne en un tourbillon dans la Palestine du Christ, chez les Mérovingiens, les Cathares, les Templiers, les Rose-croix, le Prieuré de Sion etc...... Et pour arriver à quelle conclusion ? "nous découvrîmes que les Mérovingiens eux-mêmes affirmaient descendre en droite ligne du Roi David de l'Ancien Testament..... Jésus était le prétendant légitime au trône d'Israël ; il s'était marié et avait engendré des enfants dont les descendants devaient, quelque trois siècles et demi plus tard, se confondre avec la dynastie mérovingienne". Le Prieuré de Sion est le gardien de cette tradition et attend son heure..... pour restaurer la Véritable Monarchie. Et les parchemins découverts par l'Abbé Saunières auraient trait à cette Généalogie "divine". Résumée de façon aussi brutale, cette thèse peut bien évidemment prêter à sourire. Mais elle vaut le détour, par son incroyable documentation et la façon très "enquête policière" dont elle est traitée. Cet ouvrage a eu un énorme succès. Tellement énorme que les auteurs se sont cru obligés de sortir un second volume, LE MESSAGE, beaucoup plus anecdotique. Ils retracent les réactions à leur ouvrage, leurs contacts avec le mystérieux Prieuré de Sion, son rôle dans la politique française de l'après-guerre. Ils reviennent également sur l'histoire de Jésus, montrant que son rôle de libérateur de la Palestine a été occulté par certains de ses disciples, et notamment Paul, responsable de sa "transformation" en "divinité" telle qu'entendue par l'Eglise. Une solide étude qui a le mérite de faire réfléchir. (P.M.) LIBRAIRIE ASTRES Une fabuleuse librairie d'ésotérisme qui se situe 10 rue Crussol à Paris 11ème (avec une succursale 6 rue de Savoie dans le 6ème). Et si vous ne pouvez pas vous y rendre, demandez-leur leur dernier catalogue, contre la modeste somme de 39f. Modeste, car vous recevrez un pavé de 270 pages, en quelque sorte le catalogue de la bibliothèque ésotérique idéale. A noter que l'on trouve également à la même adresse une maison d'édition, les Editions François de Villac. (P.M.)
Le Mont
St-Michel et le Temple Cosmique Robert
GRAFFIN Editions J.M.GARNIER, Chartres 1993, 284 pages,120F, 3C Cloître
Notre-Dame, 28000 Chartres Voici un bien étrange ouvrage qui
réjouïra beaucoup d'esprits épris de réalisme scientifique, d'ésotérisme et de
fantastique (triade à la mode depuis quelques années). C'est en effet à partir
de l'architecture gothique, notamment par le déchiffrement des messages de
pierre, et de l'interprétation des
différentes légendes, mais aussi par un rappel rigoureux des origines
éthymologiques des mots bibliques, que l'auteur (*) nous fait découvrir un Mont
St-Michel on ne peut plus fascinant et tout à fait inhabituel. Les Maîtres de
l'art gothique nous auraient-ils légué un fabuleux savoir sur le véritable
message et le sens réel de la mythologie antique et de la magie chrétienne ?
C'est en tous cas ce que Robert Graffin tente de nous expliquer. A l'en croire,
de nombreuses interprétations physico-chimiques ou physico-géologiques peuvent
être données aux différents symboles de la basilique du Mont St-Michel. On y
découvre tour à tour des éclairages pour le moins insolites sur l'ADN, l'Arche
d'Alliance et les Dragons Chinois ou Irlandais. Ceux, par exemple, que nous
appelons Anges et Archanges ne seraient en fait que des travailleurs-messagers
missionnés sur Terre et dont le chef (ou messager en chef) Mikha'ël
(orthographe éthymologique propre à l'auteur) n'est autre que L'Archange Michel, repris sous le nom de St-Michel.
Il est vrai par ailleurs, que certains exégètes des textes bibliques
identifient parfois Michaël au Christ Cosmique ! En somme, c'est tout une nouvelle
vision de l'Ancien et du Nouveau Testament que nous propose l'auteur. En suivant le labyrinthe des
déductions éthymologiques, le sens caché des mots et des formes inscrites dans
l'architecture du Mont St-Michel, Robert Graffin nous explique pourquoi le
Dragon de la Bible ressemble tant à St-Michel et quelle interprétation on peut
donner de l'ELOHIM (entité collective, unique et plurielle) venu(s) du ciel ou
du Temple cosmique pour créer les hommes à leur image. Dans un sens, ce livre
rappelle celui de Michel Lamy sur Jules Verne (voir D&M n°6) non par le sujet traité mais par
la manière et la méthode utilisée. Au-delà du simple décodage
symbolique très subtil (par exemple sur le Dragon-Serpent),et des secrets
géobiologiques (tellurisme notamment) qui se cacheraient derrière les images et
les mythes, on retrouve ici certaines thèses (très controversées il faut le
reconnaître) sur les extra-errestres et l'origine des religions anciennes. Le livre de Robert Graffin sera
considéré par certains comme discutable sur bien des points; mais son
originalité réside incontestablement dans ce qu'il offre des clefs aux amateurs
de magie symbolique et à ceux qui pensent que celle-ci permet une communication
avec d'autres univers. Sans jamais tomber dans le vulgaire ou le symbolisme à
bon marché, ce livre ouvre une porte sur de nouvelles voies de recherche, qui
pour n'être pas totalement inédites (**) ont tout de même le mérite d'apporter
sur la Tradition l'éclairage d'un nouvel esprit scientifique. Le résultat est
parfois fantastique. (SFLG) (*)Robert GRAFFIN n'est pas totalement un inconnu; auteur,
notamment, de "L'Art Templier des Cathédrales, Celtisme et tradition
universelle", "Les fils de Ram et les Fils d'Abraham",de
quelques romans et de nombreuses cassettes traitant du sacré, de Chartres ou
des Templiers, R.Graffin est connu pour ses idées originales en matière
d'éducation et sur la nécessité d'introduire à l'école une dimension
"spirituelle". (**) Sur des questions similaires,
voir les ouvrages suivants : - Maya, Aztèques et Extra-terrestres
de J.Y.Casgha; Ed. de Vecchi, - Les Secrets des Portulans de Rémy
Chauvin; Ed. France-Empire, - Les divers ouvrages de Robert
Charroux chez Robert Laffont. Cette fiche est reprise de D&M n°7
Les Maîtres de l'OCCULTISME paru dans la collection des Compacts Bordas et signé d'André Nataf est un ouvrage de référence indispensable. Objectif et donc critique, cet ouvrage, facile à consulter, est divisé en trois sections ; la nature de l'occultisme, ou ses grands thèmes ; les maîtres, sérieux ou charlatans, l'essentiel est passé au crible ; l'expression littéraire de l'occultisme, ou les grands écrivains qui ont illustré le genre. A acheter. (P.M.) PAPUS Dr Philippe ENCAUSSE Belfond PAPUS fait sans conteste partie de la galerie des grands mages de la fin du XIX ème siècle. Né le 13 juillet 1865 à la Corogne (Espagne) d'un père français et d'une mère originaire de Valladolid, Gérard ENCAUSSSE vit son enfance s'épanouir sur la Butte, dans le grand Paris que ses parents vinrent habiter en 1869. Il fit d'excellentes études secondaires, s'inscrivit à la faculté de médecine, fut bientôt externe des hôpitaux et délaissa l'internat pour se consacrer aux sciences hermètiques. A partir de cette époque, il signa de son pseudonyme "PAPUS" la plupart de ses ouvrages. Il prit ce pseudonyme dans un grimoire, le NUCTAMERON d'Appolonius de Thyane. Doué d'une activité prodigieuse, expert en l'art difficile de la déduction, PAPUS fut un vulgarisateur et un savant. La liste complète de ses publications comporte à elle seule 260 titres, sans compter les traductions étrangères dont le nombre dépasse la centaine... Citons parmi les plus fameux "ABC illustré d'occultisme", "la Cabbale", "le tarot des bohémiens", "Traité élémentaire de science occulte", "Traité élémentaire de magie pratique"....... Rédigé par son fils Philippe, cet ouvrage nous fait revivre une période particulièrement riche de l'ésotérisme français ; nous y rencontrons, avec PAPUS, la société théosophique, le Martinisme, la Rose-Croix Cabbalistique et de nombreuses autres sociétés secrètes. Nous y découvrons également une personnalité attachante, sociable, joviale et au physique imposant....à l'opposé de l'image traditionnelle du magicien. Laissons parler, pour terminer, PAPUS, qui nous présente sa conception de l'occultisme: "1-Alors que la Science, telle qu'elle est conçue par les savants
contemporains, étudie surtout les phénomènes physiques et la partie abordable
et visible de la Nature et de l'Homme, la Science occulte, grâce à sa méthode
préférée, l'analogie, s'efforce, en partant de faits physiques, de s'élever
jusqu'à l'étude de la partie invisible, occulte, de la Nature et de l'Homme ;
de là sa première caractéristique de "Science du caché", Scientia
occultati. 2-Alors que la Science
contemporaine diffuse, par des journaux, des expériences publiques, ses
découvertes et ses pratiques, la Science occulte divise ses recherches en deux
catégories : A.Une partie qui peut être publiée pour aider à la progression de
l'humanité. B. Une partie qui doit être réservée à une sélection d'hommes : de
là le second caractère de cette Science cachée : Scientia occulta. 3-Enfin, alors que les épreuves intellectuelles sont seules exigées des candidats aux facultés et aux grandes écoles scientifiques contemporaines, les centres d'enseignement occultistes exigent, en plus,des épreuves morales diverses, et ne confient leur enseignement qu'à des hommes éprouvés et capables de ne jamais employer pour le mal les connaissances qu'ils ont pu acquérir. Ainsi, tous les livres et toutes les publications se rapportant à des sujets réservés sont-ils écrits d'après une méthode symbolique spéciale, ce qui nous montre encore la Science occulte sous le nouvel aspect de Scientia occultans" (L'Occultisme). P.M.
Reçu la lettre suivante de notre ami et collaborateur Jacky FERJAULT, suite à un article paru dans le numéro 1 de Rôle’and’Rêve, sur Gilles de RAIS. La présentation, courte mais somptueuse, de Gilles de Rais par Philippe Marlin dans Rôle and Rêve HS1, outre qu'elle me ravit, car je me documente actuellement sur le sieur de Rais pour un prochain travail d'écriture, m'incite à écrire ce qui suit sur cet homme pour le moins singulier, exécuté à l'âge de 36 ans. J'ai pour le moment, outre celle de Philippe, deux "sources" différentes, où chacun a bien voulu voir ce qui l'intéressait, en occultant complètement ce dont il n'avait rien à faire. Or, il me semble qu'un personnage forme un tout, et qu'on ne peut passer sous silence certains de ses actes sous prétexte qu'ils n'entrent pas dans le "créneau" qu'on se propose de traiter, car la démonstration se réduit alors à un simple catalogue d'explication qui ne permet pas d'appréhender le personnage dans sa globalité. C'était peut-être le but recherché, mais il est important d'entendre,comme on dit, " tous les sons de cloche" pour mieux cerner le sujet. Robert Charroux (1) traite Gilles de Rais sur le plan sorcellerie: "Gilles de Rais, seigneur de Machecoul (Loire-Atlantique), et de Tiffauges (Vendée), de Laval, de Montfort et autres lieux, se rendit d'abord célèbre par sa bravoure et sa fidélité à Jehanne d'Arc. Et puis, vers 1435, il devint alchimiste, s'entoura de sorciers, de mages et entreprit de chercher la pierre philosophale et de réaliser le grand Oeuvre. Bien que relativement cultivé, il ne sut pas démêler le symbole de la lettre, et crut que le principe fécondant et générateur de la Pierre, devait être pris dans la vie même de l'homme et mieux encore dans celle des enfants. Une vieille sorcière, la Meffraie, avait mission de parcourir la campagne de Bretagne et de Vendée, à la recherche de jeunes bergers, de mendiants, d'enfants égarés qu'elle flattait et emmenait jusqu'au château de Gilles pour servir aux meurtres rituels. Le duc de Bretagne finit par avoir vent de l'affaire; Gilles de Rais fut arrêté, traduit en justice et exécuté le 25 octobre 1440 dans la prairie de la Madeleine à Nantes. A François Pelati, son maître alchimiste, il dit en pleurant, avant l'exécution : "Adieu François, mon ami, jamais plus nous ne nous entreverrons en ce monde. Je prie Dieu qu'il vous doint bonne patience et espérance en Dieu, nous nous entreverrons en la grant joie du paradis". Hélas, cet excellent chrétien n'avait pas toujours fait montre de si bons sentiments comme le démontre le procès. Dans la tour du chateau de Chantoc (Maine-&-Loire) où pourtant on dit que Gilles n'habita pas, on trouva un plein tonneau d'ossements calcinés ayant appartenu, semble-t-il, aux corps d'une quarantaine d'enfants. On en trouva presqu'autant dans les latrines du chateau de la Suze, à Nantes, à Rayz, à Tiffauges, à Machecoul, si bien que l'on peut évaluer à 149 le nombre de ses victimes. Sans doute aussi mit-il à mort quelques sept ou huit femmes dont certaines furent ses épouses, mais il s'agit d'une autre histoire. Michelet a dit que le sire de Rais évoquait les démons, offrait la vie de jeunes enfants au Diable en le priant de lui accorder l'or, la science et la puissance. En effet, il est rituel dans cette sorte de crime de l'offrir à une entité réputée infernale: Dieu, Satan, Belzébuth, Moloch, Lucifer, Rocofal ou la terrible Kali, déesse de l'Enfer des Hindous. Rais égorgeait les enfants de sa main, utilisait le sang et les principaux organes vitaux des malheureux à la préparation d'infâmes mixtures qui, chauffées, bouillies et rebouillies devaient, pensait-il, le mener à la découverte de la pierre fabuleuse. Ensuite, il se rendait dévotement à la messe, suivait les processions et se montrait avec ses amis d'une prévenance charmante et d'une fidélité à toute épreuve." Celui qui, comme je l'ai fait, aborde Gilles de Rais par ce texte, ne peut s'empêcher de penser qu'un élément du puzzle manque lorsqu'on considère le dernier paragraphe... La vision s'éclaire lorsqu'on complète ce premier texte par celui de Roland Villeneuve (2) qui, lui, examine Gilles de Rais à travers le prisme de la psychanalyse, dans un chapitre intitulé "Douleur & Volupté"... "Assuré de l'impunité grâce à son immense fortune, à la terreur que ses armes inspiraient, à l'épaisseur des murailles de ses forteresses, Gilles de Rais attirait les enfants; sa sensualité exacerbée par l'inaction, les flatteries de ses complices, l'absence de tout élément féminin, se résolvait en une pollution supra-ventrale et un égorgement. "Habitabat eos, apud eos calebat et reddebat naturam super ventrum eorum cum maxima delectatione...(3) dit son valet Henriet, dans sa confession. Tout cela ne serait pas tellement extraordinaire (4), si le sire de Rais n'avait accompagné sa luxure d'élément satanique. Il désirait en effet que les martyrs qu'on lui amenait, chargés de liens et de fers, le remerciassent avant de trépasser. Afin d'y parvenir, il avait imaginé toute une mise en scène. Détachées sur ses ordres, cajolées, invitées à lui sauter sur les genoux, ses victimes finissaient par se laisser aller aux privautés d'une confiance retrouvée. Alors que sauvées, débordant de reconnaissance, elles souriaient et reprenaient leurs couleurs naturelles, avec des soins d'artiste, il leur incisait lentement le cou, et tandis que leur sang par saccades régulières, l'inondait, il les comtemplait languissantes, buvait leur dernier souffle, puis les polluait avec toute la rage d'un monstre en rut. Son stupre accompli, Rais se plaisait fréquemment à démembrer les corps, à les décapiter, ou à réduire les cervelles en bouillie. Cette boucherie d'innocents, accomplie en présence de ses familiers, le faisait rire aux larmes. Il en suivait avidement tous les stades et se plaçait sur le côté pour mieux la contempler. Lui-même avoua qu'il prenait plus de jouissance à voir souffrir qu'à luxurier ("super ventres isorum sedebat et plurimum delectabatur eos videndo sic mori, et de hoc risus emettebat") (5), confession du 22.10.1440. Ces dépenses d'énergie, accompagnées d'excès de table, le plongeaient très vite dans un sommeil profond. Ses amis n'avaient qu'à faire disparaitre les traces de l'orgie, coulées de sang et restes informes, qu'ils s'empressaient d'incinérer". Voilà, développée à souhait, l'explication qui manquait ; aspect du personnage peu évoqué il est vrai. Par contre, ici, pas un mot d'une éventuelle possible relation entre ces agissements et une recherche scientifique empirique. Dans le dépliant du chateau de Tiffauges (où la place est comptée) on lit : "Gilles de Rais, compagnon d'armes de Jehanne d'Arc, est une des figures marquantes de la fin du moyen-âge. Grand capitaine de guerre, c'est à TIFFAUGES sa résidence préférée, qu'il se retira après la campagne de France contre les Anglais. Il y sera mécène, alchimiste,...sadique et assassin. Exécuté à Nantes à l'âge de 36 ans, il est devenu le Barbe-Bleue de la légende". Le texte est laconique, mais au moins, tout y est. (1)Robert Charroux : Le livre du mystérieux inconnu (R. Laffont) (2)Roland Villeneuve : Le musée des supplices (Ed; Henri Veyrier) (3)"il habitait ceux-ci ; en eux il avait chaud et faisait s'expulser la nature de leur ventre avec le plus grand plaisir..."(ndlr) (4)...sic...(ndlr) (5)..."cela l'amusait beaucoup, pour les voir moribonds, de s'asseoir sur leur ventre et le rire les faisait sortir de cet état"(ndlr) Le travail d’écriture auquel Jacky fait allusion au début de sa contribution est en fait une nouvelle longue, qui sera prochainement publiée par l’Oeil du sphinx, dans la collection « La Bibliothèque d’Abdul Alhazred ». nde THEOSOPHIE Helena Petrovna BLAVATSKY (1831-1891) Les 7 esprits de la révolte Jean-Michel THIBAUX Editions numéro 1 Autobiographie ou roman, qu'importe, ce gros ouvrage nous plonge dans l'aventure des jeunes années de la Sedmitchka (jusqu'en 1859), à la recherche au travers du monde de sa destinée. C'est un merveilleux récit de voyages, coloré et brutal, aux saveurs de l'Orient et plein de poussière du désert. Quelle étonnante odyssée que celle des jeunes années de celle qui allait plus tard fonder la théosophie et donner un nouvel élan à l'occultisme mondial. Née en Russie à Ekatérinoslav d'une famille bien établie (son père était militaire), mariée très tôt sur un coup de tête avec une vieille barbe aristocratique qui allait lui donner son nom, elle n'a de cesse que "d'ouvrir la cage" et aller à la découverte du monde. Que recherche-t-elle exactement ? Elle ne le sait pas, ou plutôt elle ne le découvrira que progressivement au cours de sa Queste. Dotée de "pouvoirs", celui de lire dans l'autre et de deviner l'avenir, les fondements de la nature humaine l'interpellent et elle n'aura de cesse d'approfondir ses connaissances auprès des "meilleures sources" dans le domaine de l'ésotérisme. C'est ainsi que la jeune fille se précipite en Egypte, s'intégre à une tribu indienne du Nord Canadien, pénétre les milieux spirites parisiens, fait un bout de chemin avec une troupe de mormons avant de s'investir dans les mystères vaudous à la nouvelle-Orléans. Mais son véritable but est l'Inde, ou plus exactement l'initiation tibétaine, ainsi que le lui révèlera son mystérieux Maître, rencontré à Londres, et régulièrement présent aux carrefours de sa vie, le sage Kout Houmi. " Au terme d'un séjour de trois ans dans ce pays, vous fonderez, en Inde, une société de haute spiritualité dont le but sera de guider les hommes sur un plan supérieur de la conscience..." Tout est dit....... Et le livre n'en dit pas plus....... D'autres ouvrages seront nécessaires pour pénétrer plus avant dans la démarche théosophique. HELENA P. BLAVATSKY ou la Réponse du Sphinx Noël Richard-Nafarre Editions François de Villac Autre gros pavé qui cette fois brosse de façon exhaustive la vie de notre aventurière. On y assiste à la rencontre avec le colonel OLCOTT et à la fondation de la société théosophique. On y traite largement des étranges pouvoirs de la "Vieille Dame". On insiste enfin beaucoup sur les calomnies et autres critiques violentes qu'elle essuiera sur la dernière partie de sa vie, de la part d'esprits "rationnels" particulièrement partiaux. Un bon document, plus complet que le précédent, mais plus austère aussi car moins "romancé". Un regret aussi, la docrtine théosophique n'est pas franchement abordée et les grands ouvrages de H.P.B. ne sont pas commentés. On trouve une excellente description de la période étonnante, où, la "Vieille Dame", à bout de forces, rédigeait dans un état de quasi-transe la Doctrine Secrète. Mais on ne dit rien du contenu de cet ouvrage pourtant surprenant à plus d'un égard. A noter enfin une excellente préface d'Alexandre MORYASON (l'auteur de "La lumière sur le royaume") qui décrit de façon tout à fait intéressante la notion de tradition, tout à la fois sur le plan du contenu et sur celui de la transmission. (P.M.) Théosophie toujours...... Nous recevons un énorme paquet de notre ami Adam POSSAMAI, bien connu dans les milieux faniques. Et le pli contient ..... son mémoire de sociologie présenté à l’Université de LOUVAIN. Et le thème...... La société théosophique et son processus de diffusion dans le religieux
post-moderne. En plein dans le mille.... Une très intéressante étude de la société théosophique, sur base d’enquêtes menées auprès de la branche belge. De quoi certainement participer à un prochain numéro de Murmures. Alors ? Ben alors rien. Ah si.. Abonnez-vous pour nous donner les moyens de réaliser ce type d’édition.... (P.M.)
Ces Fragments vous ont été cuisinés avec amour par Jacky FERFAULT, Serge Le GUYADER et Philippe MARLIN. N’hésitez pas à nous rejoindre, à nous passer vos informations et impressions de lecure.
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