Un
peu doxygène maintenant, avec le compte-rendu dune
« Mission Scientifique de lODS » en
Ecosse, préparée sous le nom de code :
Philippe
Marlin ©
Vendredi
20 juin 2003 : encore un avion qui part à
lheure
.. avec une première équipe pour
Edinburgh, formée de Philippe Heurtel et Sandrine Grenier.,
Irène Omelianenko et votre serviteur. La seconde équipe
arrivera par un vol ultérieur, avec Sylvain Ferrieu., Lyn
et Pascal. Départ dune grande Mission Scientifique
dont le nom de code est « Nessie à Rosslyn »
.
A lorigine des temps, sur une idée deColette Vlerick
. Expédition complétée par une exploration
de la Chapelle de Rosslyn, bien connue par les chercheurs ésotériques.
Colette annulera son voyage au dernier moment, sous le mauvais prétexte
dune traduction urgente à boucler !
.. Comme
à laccoutumée, seuls les meilleurs resteront !
Vol
sans histoire. Nous avons quitté les 30 degrés parisiens
pour quelques petits 16 degrés écossais. Après
quelques hésitations la conduite à gauche ne
simprovise pas
, la voiture de location est sous contrôle et en route
pour Inverness. Le paysage des Highlands estgrandiose et les eaux
noirâtres du Loch Ness commencent à se profiler après
150 miles de route paisible. Cest mon premier voyage en Ecosse,
et, habitué des sentiers tortueux de la verte Irlande, je
craignais le pire
.
Déjeuner
au Marriott qui sera notre base locale et en route pour
..
Non, en fait, nos deux jeunes compagnons réclament bruyamment
leur sieste quotidienne. Nous nirons donc à Drumnadrochit,
pour un premier repérage des lieux, quen fin daprès-midi.
La cité est minuscule, et Nessie en est le Seigneur incontesté.
Les musées dédiés à notre bestiole préférée
se pressent les uns sur les autres, tous plus officiels bien sûr
que leurs voisins. Quant aux boutiques touristiques
. Disons
simplement que vous naurez que lembarras du choix pour
trouver le Tee-shirt qui ne vous fera pas remarquer ! Sur les
conseils de Torkain, nous repérons léchoppe
du « chasseur officiel de Nessie » et réservons
les places sur son bateau pour le lendemain.
Dîner
à Inverness, au pub Dickens
. Un endroit étrange
qui mélange une cuisine européenne avec des ingrédients
asiatiques ; cela dit, comme lendroit est plongé
dans une obscurité presque totale, on ne verra absolument
pas ce que lon mange.
Nous
nous endormons non sans avoir lu la contribution érudite
de Rémy.
Loch
Ness : première approche
Rémy
Lechevalier (c)
1 ) : Une Brève Histoire du
Monstre.
En
1932, les Ponts et Chaussées écossais lancent une
campagne de construction dune route qui suivra le tracé
de la berge nord le Loch Ness, plus important plan deau douce
dEurope Occidental (le premier du continent eurasien étant
le lac Baïkal en actuelle CEI). La seule route reliant alors
Inverness, à la pointe nord-est du Loch, et Fort Augustus
puis au-delà la côte Atlantique et le sud de lEcosse,
serpente à travers le paysage sévère des collines
formant la face sud du plan deau. Elle est fréquentée,
mais daccès difficile, ce qui a conduit le Parlement
régional à prendre cette décision. Le Loch
lui-même est rarement visible depuis cette route sud.
En
1933, cest louverture de la nouvelle route, qui longe
les rives nord du Loch, largement visible notamment après
les travaux de débroussaillage et de nivellement (cest
un peu moins vrai aujourdhui, la végétation
ayant bien sûr repoussé entre la route et la berge).
Lhistoire moderne du « monstre » du
Loch Ness démarre le 14 avril 1933, lorsque les MacKay, hôteliers
à Drumnadrochit, passant en voiture sur la nouvelle route
peuvent observer pendant une minute entière à la surface
du Loch un animal au corps massif, peut-être surmonté
dune bosse, avec un cou denviron 1m80 de long (pour
une longueur totale de lanimal estimée à 9 mètres)
terminé par une petite tête. Le terme de « monstre »
pour désigner lanimal parut dans la presse dès
le 8 mai 1933, le premier article sur la bête étant
paru le 2 mai.
En
quelques mois, il devint évident que cette observation ne
serait pas un fait isolé. Une vingtaine dapparitions
du monstre jusquen octobre 1933, qui firent bientôt
la une des journaux nationaux anglais, amenèrent sur les
rives une cohorte de curieux, mais aussi des chasseurs de trophée,
ce qui amena le commissaire de police local à prendre un
arrêté interdisant la chasse au monstre. Cependant,
contrairement à ce que lon pense souvent, le Parlement
écossais ne prit pas de décision en ce sens malgré
une adresse dun de ses membres, Sir Murdoch MacDonald, député
de lInvernessshire. Plus intéressant : le « monstre »
attira lattention de deux célèbres spécialistes
du Serpent de Mer, Rupert T. Gould et A. C. Oudemans
.
Le 13 novembre 1933, un employé dune entreprise régionale,
Hugh Gray, prit la première photo de « Nessie ».
Très floue et uniformément grise, elle ne permet pas
de distinguer grand-chose. Cest en avril 1934 que sera prise
la photo la plus connue et la plus fréquemment représentée,
par le Dr Kenneth Wilson, qui semble montrer une petite tête
au bout dun long cou, conformément aux descriptions.
Une autre photo prise dans la foulée montre la tête
sur le point de disparaître sous leau, comme un périscope.
Il
faudra attendre le 23 avril 1960 pour quun film soit pris,
par lingénieur Tim Dinsdale qui consacrera le reste
de sa vie à poursuivre lanimal du Loch. Mais surtout,
après les premières recherches sérieuses faites
au sonar dans les années 60 et avec le lancement de campagnes
systématiques de recherches dans le Loch, un ensemble de
photos très important fut pris en 1972 par léquipe
du Dr Robert H. Rines, docteur en physique et spécialiste
du sonar. Les vues montrent respectivement une queue cylindrique
et une nageoire en forme de losange. Trois ans plus tard, avec un
équipement plus perfectionné, la même équipe
pris limage de la partie avant dun grand animal de grande
taille, avec le long cou, la tête et la paire de nageoire
avant. Une autre photo montrerait un gros plan (très flou)
de la tête de la bête, mais elle nest guère
convaincante. Il faut préciser que les conditions particulières
sous le Loch Ness ne favorisent pas la prise de photos (plus de
détails sur ce sujet plus bas).
Depuis
1934, où le jeune motocycliste Arthur Grant faillit le percuter,
lanimal a été vu à plusieurs reprises
à terre. Il semble pouvoir se déplacer assez rapidement
sur ses nageoires, comme un phoque ou une otarie. Il y aurait des
« nids de Nessie », emplacement où
la végétation écrasée indiquerait la
présence dune lourde masse. Par ailleurs, lanimal
fut également observé par des aviateurs à au
moins deux reprises. Au cours de la première, en 1938, le
pilote voulut repartir de laérodrome avec des grenades,
pour bombarder Nessie. Il en fut heureusement empêché.
-
La « Préhistoire » de Nessie
La
première apparition recensée du monstre eut lieu en
565, le témoin étant Saint Colomba, évangélisateur
de lEcosse. Il serait parvenu à chasser le monstre
par un exorcisme. Il sera le premier, mais pas le dernier à
essayer.
Le
Loch est très difficile daccès jusquen
1715, date de la construction de la route sud mentionnée
plus haut. Mais il est localement connu quune population de
bêtes habite les eaux du Loch et les enfants des villages
sur ses berges reçoivent régulièrement consigne
de ne pas sy aventurer seuls. Le premier témoin nommément
désigné de lère moderne est un certain
Jimmy Hossack en 1862. En 1889, le maçon Alexander MacDonald,
traversant régulièrement le Loch à bord du
bac, y vit plusieurs fois lanimal, quil nommait « la
salamandre ».
Les
observations nont pas cessé depuis lors, et évoluent
surtout au rythme de la visibilité du Loch.
2
) : Profil et Identité de Nessie.
Il
est généralement admis que le Loch Ness, très
poissonneux, peut abriter une population dune vingtaine de
grands animaux. Cest lestimation qui a été
faite par les chercheurs intéressés à cette
énigme, la possibilité dun monstre unique hantant
le Loch depuis des temps immémoriaux nayant guère
été considérée que par les journaux
à sensation. Par ailleurs, plusieurs observations portèrent
sur des bosses émergées se dirigeant dans des directions
différentes, ou apparaissant en deux endroits séparés
du Loch, indiquant la présence de plusieurs animaux. Enfin,
les descriptions différent grandement en ce qui concerne
la taille des bêtes observées, ce qui a conduit à
penser que des adultes et des jeunes ont pu être observés,
selon les occasions. Le Loch abriterait actuellement un vieux mâle
de près de vingt mètres de long et une population
diversifiée dune vingtaine dindividus.
Les
animaux, selon la description usuelle, ont un corps rond et massif,
deux nageoires avant et deux nageoires arrière parfois représentées
comme une queue lorsque la créature les réunit. Ils
ont un cou d1m50 à 1m80 pour les adultes, environ un
tiers du corps, terminé par une tête fine comme celle
dun serpent.
Leurs
habitudes sont essentiellement nocturnes, peut-être pour échapper
aux visiteurs trop curieux, mais aussi pour suivre le rythme des
bancs de poissons qui parcourent le Loch et qui sont actifs en fin
de soirée et en début de matinée. Ils mettraient
bas près des berges, dans leau peu profonde, voire
même dans les zones marécageuses en certains points
des berges du Loch. Comme un certain nombre danimaux marins
connus par ailleurs, ils avaleraient également des pierres
pour les aider dans leur digestion, ce qui aurait pour effet, à
leur mort, dempêcher les cadavres de refaire surface.
Par
ailleurs, quelques mots sur la topographie du Loch Ness permettront
de comprendre pourquoi il est relativement difficile de repérer
les « monstres » sous leau. Le lac,
qui est le principal segment du Canal Calédonien reliant
la Mer du Nord à lAtlantique, mesure 38 km de long
sur en moyenne 2 de large. Sa profondeur dépasse allègrement
les 300 m. Son fond est couvert de sédiment mais les berges
descendent en pente brusque et le plongeur inattentif atteint rapidement
des cotes impressionnantes. Les parois des berges, sous la surface,
sont par ailleurs creusées dun système de cavernes
sous-marines, mais sans doute peu étendues. Enfin, les ruisseaux
et rivières se jetant dans le Loch lalimentent en tourbe
qui assombrit continuellement les eaux, rendant la photographie
sous-marine quasiment impossible et bloquant la vue après
à peine quelques mètres de plongée. Le Loch,
situé environ 15 m au dessus du niveau de la mer, est à
une température constante autour de 6 ° (bonne baignade
à tous).
Les
animaux du Loch Ness ne sont pas un cas isolé, ni en Ecosse,
ni dans les lacs présentant la même conformation dans
différents pays. Cela a conduit divers savants à spéculer
quil sagit danimaux qui furent emprisonnés
dans les différents lacs lors de grands changements climatiques
qui modifièrent le tracé des côtes. En particulier,
à un jet de pierre du Loch Ness, le Loch Morar, quasiment
inaccessible, abrite lui aussi son monstre, Morag, qui, eu égard
à la faible fréquentation des berges, a été
vu proportionnellement beaucoup plus fréquemment que Nessie
(bien que les observations soient de lordre de la quinzaine
pour le siècle que nous venons de quitter).
Beaucoup
rêvent de découvrir en Nessie et ses copains une population
fossile de plésiosaures. Cest malheureusement pratiquement
exclu. En effet, la température constante mais fraîche
du Loch naurait pas permis à ces animaux de survivre
sans connaître de profondes modifications métaboliques.
Mais surtout, outre le fait que leur survie depuis des temps préhistorique
paraît improbable, les descriptions de Nessie font très
précisément état dun long cou parfaitement
flexible. Or, les plésiosaures, daprès les dernières
connaissances des paléontologues, avaient des vertèbres
cervicales extrêmement rigides, rendant leurs cous relativement
fixes.
La
théorie la plus généralement acceptée
par ceux qui voient en Nessie un animal, ou plutôt une population
danimaux, bien réelle est celle dune espèce
encore inconnue de pinnipède géant à long cou,
de la famille des otaries. Tout ce qui est actuellement connu des
conditions de vie dans le Loch et des descriptions des animaux,
ici mais aussi dans dautres lacs situés généralement
à la même latitude, pointe dans cette direction. Cependant,
tant quun des animaux naura pas daigné poser
devant lobjectif dun collège de naturalistes
agréés (ou quil ne se sera pas posé sur
la pelouse de Windsor en disant : « Take me to your
leader »), il sera difficile de trancher en faveur de
lexistence concrète de Nessie.
3
) : Fictions Nessiennes.
Je
nen connais que trois à lécrit (mais les
connaisseurs de la SF voudront bien compléter) :
-
La Vie Privée de Sherlock Holmes, de M & M Hardwick
- Le Monstre du Loch Ness, de F. et G. Hoyle (dans le recueil « Les
Hommes Molécules », Albin Michel SF 13) qui prend
le parti de lhypothèse la plus logique après
lotarie géante, à savoir quil sagit
dun vaisseau extra-terrestre ;
- Une nouvelle du regretté Charles Sheffield dans le recueil
« Erasmus Magister » paru naguère aux
éditions Garancière, ou le monstre apparaît
brièvement.
Au
cinéma, à part le gros machin hollywoodien (ou disneyien ?)
qui a taché les écrans de cinéma il y a quelques
années, on trouve un film dès 1934 : Le Secret
du Loch, prenant pour base lhypothèse, vite abandonnée
dun triton géant (quelquun la vu ?).
Par ailleurs, je crois me souvenir dun épisode de « Chapeau
Melon et Bottes de Cuir », la saison en noir et blanc
avec Mme Peel, ou les deux héros sont dans un château
au bord dun loch, ou le monstre se révèlera
nêtre « quun » sous-marin
dune puissance ennemie.
Samedi
21 juin 2003 : la jonction opérée
avec la seconde équipe, nous nous retrouvons à nouveau
à Drumnadrochit. Le bateau du « chasseur officiel
de Nessie » est un petit bijou technologique : caméra
sous-marine, radar, sonar
Notre bestiole ne peut guère
nous échapper ; elle a du reste été observée
à deux reprises le mois précédent
Il
nen sera rien hélas, certainement parce que, comme
Rémy vient de le souligner, elle napparaît que
la nuit. Nous nous contenterons dune petite croisière
touristique bien sympathique, en écoutant le chasseur officiel
nous conter ses anecdotes et nous vanter la magnificence du site.
Il est vrai que le château dUrquat, vu du Loch, est
fascinant. Une merveilleuse ruine romantique sur un lit de verdure
Les
équipes sublimeront leur frustration dans les boutiques locales
Le téléphone portable sonne. Jean-Patrick Pourtal
veut savoir si nous navons pas trouvé par hasard un
trésor
.
Fort
Augustus est une charmante petite localité au sud du Loch.
Elle est traversée par une écluse en escaliers, au
bas de laquelle trône une statue de notre bon vieux Nessie.
Très utile pour la photo de groupe. Nous nous restaurons
dans une auberge locale où Philippe H. va enfin pouvoir satisfaire
son fantasme gastronomique : goûter le plat régional,
la panse de brebis farcie
Bon, à condition de
liquider parallèlement quelques pintes de bière, ça
peut passer.
Nous
remontons par lautre rive du lac, direction Foyers, sur les
traces dAleister Crowley1. Bien que le manoir Boleskine nait
été que peu de temps la résidence de la Grande
Bête (1900), il peut être considéré comme
la Mecque du thélémisme. Demeure chargée dhistoire
sulfureuse, puisquelle fut ensuite la propriété
(1970) de Jimmy Page, guitariste-animateur du groupe de rock Led
Zeppelin, mais aussi crowleymaniaque . Elle fut ensuite achetée
(1990) par un particulier, Malcolm Dent pour la somme de 250.000
£.
On
peut lire dans « Scottish Ghosts » de Dane
Love (Barnes & Noble, 1995) : « le manoir de
Boleskine renfermait de nombreux esprits maléfiques, y compris
un esprit-frappeur ; de nombreux objets y
disparaissaient avant de refaire surface
.. Il était
de notoriété publique que Crowley sy livrait
à des rituels sataniques et à des sacrifices. On raconte
même quun tunnel reliait la résidence au cimetière
proche,
dans lequel se trouvent les ruines dune ancienne église
paroissiale. Un endroit réputé pour être hanté
par des sorcières
. On raconte aussi quil avait
une maîtresse qui vivait de lautre côté
du Loch, à Grotaig ».
« C'est
en cette demeure qu'il se retirera, plusieurs mois durant, pour
accomplir minutieusement les prescriptions du Livre d'Abramelin
le Mage, ce vieux grimoire magique -réputé le plus
efficace de tous - conservé dans son texte original à
la bibliothèque de l'Arsenal, où Mathers l'avait découvert
pour en donner une traduction anglaise intégrale. Ce grimoire
aurait été, dit-on, l'oeuvre du mystérieux
Abramelin, qui aurait vécu à la fin du Moyen Age.
De même que pour le « Juif Abraham , auteur du mystérieux
traité d'alchimie venu jadis entre les mains de Nicolas Flamel,
on serait bien en peine de l'identifier avec certitude à
une figure historique.
Quoi qu'il en soit, le grimoire existait bel et bien, et Crowley
se mit donc en tête d'en mettre en application toutes les
prescriptions.
Crowley réussit-il la grande opération d'Abramelin
le Mage? Question délicate. on le comprend... De toute manière,
on ne pourrait accuser le mage d'avoir accompli le rituel sans y
attacher au départ d'autre importance qu'une curiosité
lancinante pour le merveilleux, pour l'extraordinaire. Contrairement
à la cynique opinion courante, le fait pour un homme de prononcer
un serment solennel ne constitue pas toujours un acte gratuit. Or,
avant de mener à bien l'opération si complexe décrite
dans l'étrange grimoire, Aleister Crowley avait prononcé
une série d'obligations particulièrement fortes et
imposantes. Qu'on en juge plutôt !
Frater
Perdurabo (tel était, on l'a vu, le nom initiatique pris
par le jeune Crowley lors de son entrée dans la Golden Dawn)
avait prononcé ce serment "en la présence du
Seigneur de l'Univers et de toutes les Puissances divines et angéliques",
en premier lieu d'unir sa conscience au Divin, en absolue soumission
à la volonté supérieure, dans l'intention de
régénérer la race humaine. En deuxième
lieu, de suivre avec courage, humilité et persévérance,
les obligations si méticuleuses et éprouvantes prescrites
par Abramelin le mage. En troisième lieu, de mépriser
souverainement les choses et les opinions de ce monde si elles se
mêlaient d'interférer avec la réalisation du
projet. En quatrième lieu, d'utiliser les pouvoirs magiques
obtenus de cette manière pour le seul bien spirituel des
êtres avec lesquels l'opérateur pourrait se trouver
en contact (autrement dit : refus d'utiliser les possibilités
surnaturelles pour nuire ou asservir autrui). En cinquième
lieu, d'engager une lutte perpétuelle contre les puissances
démoniaques jusqu'à ce qu'elles soient converties
à la lumière (on remarquera cet espoir en une rédemption
finale des forces diaboliques elles-mêmes). En sixième
lieu, d'harmoniser l'esprit à cet équilibre susceptible
de le mener à l'Orient (acquisition de la Lumière
intérieure), et veiller à ce que la conscience ne
se voie pas détrôner par les automatismes (par les
forces instinctives). En septième lieu, triompher des tentations.
En huitième lieu, éliminer les illusions susceptibles
de tromper l'opérateur. En neuvième lieu, confiance
absolue en Dieu. "l'unique et omnipotent Seigneur". En
dixième lieu, "brandir la croix du Sacrifice et de la
Souffrance", faire que la lumière acquise par le mage
puisse montrer aux autres hommes la gloire de la clarté divine,
celle du Dieu de nos coeurs. »2
Le
manoir est aujourdhui sous haute surveillance : poste
de gardiennage, solides portes dentrée et murets infranchissables.
On devine lédifice principal plus quon ne le
voit, derrière dépais rideaux de verdure
Lactuel propriétaire tient à la tranquillité.
Le cimetière, en revanche, est librement accessible. Un cimetière
aux couleurs très celtiques, largement colonisé par
la famille Fraser.
Retour
à Inverness et resoirée chez notre bon vieux Dickens
de Pékin.
Dimanche
22 juin 2003 : par un mystérieux phénomène,
les eaux du Loch on été aspirées par les cieux
écossais et nous retombent dessus en une pluie diluvienne.
Le retour sur Edinburgh sera en conséquence fastidieux ;
quant à la recherche de notre hôtel, niché à
lextrême nord de la capitale écossaise, elle
prendra les allures dun chemin de croix. Mais Irène
O est un excellent co-pilote, et nous finirons par dénicher
le Méridien (magique) .
Lundi
23 juin 2003 : le soleil est de retour, et cest
dune humeur guillerette que nous partons à la découverte
de la Rosslyn Chapel. Lédifice est bâché,
dimportants travaux de restauration externe sont en cours.
Mais lessentiel est à lintérieur. Jen
ai le souffle coupé. La chapelle est plus petite que je ne
limaginais, mais cest un pur joyau, tellement riche
quelle na pas volé son qualificatif de « livre
de pierre ». Premier sentiment de panique
. « je
ne pourrai jamais tout voir ». Nous ferons une première
exploration au gré de linspiration, puis une visite
plus structurée avec un guide. Ce qui frappe bien sûr
est cet étonnant cocktail de représentations symboliques,
issues de toutes les strates de la culture spirituelle occidentale.
Cohabitent ici des références païennes (gravures
druidiques, chamaniques avec le fameux « homme-vert dont
on dénombre plus dune centaine de représentations »),
chrétiennes, templières, rosicruciennes et maçonnes
(le fameux pilier de lapprenti par exemple).
Quelques notes historiques :
- la chapelle a été fondée en 1446 par Sir
William Saint-Clair, troisième et dernier Prince Saint-Clair
de Orkney. Sir William est mort en 1484 et enterré dans lédifice
qui nétait pas complètement terminé.
- en 1592, elle fut condamnée par les autorités de
la Réforme et cessa dêtre un lieu de culte.
- en 1650, elle fut utilisée comme « garnison »
par les troupes de Cromwell.
- elle fut lobjet de dégradations importantes en 1688,
sous le règne de Guillaume dOrange.
- elle resta désaffectée jusquen 1736, époque
où James Saint Clair entrepris de premières restaurations.
- elle fut rendue au culte en 1861.
- un office épiscopalien y est aujourdhui encore tenu
chaque dimanche. A noter que les autres courants religieux chrétiens
peuvent lutiliser sur demande. Elle est également à
la disposition de tenues F+M.
Sur
la famille Saint-Clair :
- la chapelle est propriété de cette famille depuis
lorigine. A noter quil y a discussion pour savoir si
les propriétaires daujourdhui sont bien de la
lignée dorigine.
- le nom vient de Saint-Clair sur Epte (près de Gisors) où
la famille dorigine (les Orkneys) signa un traité de
paix avec Charles le Simple (912).
- la famille sinstalla à Rosslyn au début du
XII ème siècle.
- Le grade de « Grand Maître de la Maçonnerie
Ecossaise » appartenait aux Saint-Clair dès 1441
et se transmit de façon héréditaire jusquen
1736.
Les
liens avec les Templiers :
- le Grand maître Hughes de Payns avait épousé
une Katherine de Saint-Clair.
- après la condamnation du Temple en France, certains templiers
se réfugièrent en Ecosse. Il y a, à quelques
miles de Rosslyn, un village du Temple.
Voilà
pour les faits établis ; quen est-il du côté
de la légende ?
- une connection avec Gisors (Saint Clair sur Epte) ?
- une habile récupération par le Pieuré de
Sion (plusieurs nautoniers étaient de la famille Saint-Clair)
et par Pierre Plantard qui deviendra Plantard de Saint-Clair !
- un décryptage qui voit dans larchitecture le signe
dun message laissé par les Templiers et en provenance
du Temple de Salomon ?
Notre guide nous expliquera que des repérages ont été
effectués avec des moyens sophistiqués et quil
est établi quil y a plusieurs salles souterraines sous
la chapelle. On y trouverait, bien sûr, lArche dAlliance,
la Ménorah ou le Graal
. Le parallèle
avec Rennes-le-Château est frappant. Jusquà lattitude
des autorités locales de la Culture, qui comme notre bonne
DRAC, sopposent à toute fouille pour ne pas endommager
le patrimoine.
Le téléphone portable vibre. Jean-Patrick Pourtal
veut savoir si nous avons enfin trouvé un trésor
.
Promenade dans les cimetières qui jouxtent la chapelle et
visite au château. La partie habitable se loue sous forme
de gîte rural pour 7 personnes environ. Un truc à garder
à lesprit ! Un château qui était
un centre intellectuel important au 17ème siècle,
avec sa bibliothèque, ses fabricants de papier, ses copistes,
traducteurs et autres enlumineurs. De nombreux manuscrits signés
Saint Clair sont aujourdhui conservés à la Bibliothèque
Nationale dEcosse.
Nous rencontrons linévitable érudit local, un
homme à la retraite qui soccupe de lentretien
du domaine. Il nous propose un passionnant décryptage des
ruines et une foultitude danecdotes sur la chapelle. Un contact
assurément à renouer en prenant le temps nécessaire.
Après
un déjeuner réconfortant au Roslin Glen Hotel, les
troupes se séparent. Retour à Paris et à ses
32 degrés à lombre.
1
Voir http://www.geocities.com/Athens/Parthenon/7069/bole-1.html
2
daprès http://perso.wanadoo.fr/spearsofshiva/
Les
Révélations de Glaaki
Murmures
dIrem