Un peu d’oxygène maintenant, avec le compte-rendu d’une « Mission Scientifique de l’ODS » en Ecosse, préparée sous le nom de code :


NESSIE à ROSSLYN

Philippe Marlin ©

 

Vendredi 20 juin 2003 : encore un avion qui part à l’heure….. avec une première équipe pour Edinburgh, formée de Philippe Heurtel et Sandrine Grenier., Irène Omelianenko et votre serviteur. La seconde équipe arrivera par un vol ultérieur, avec Sylvain Ferrieu., Lyn et Pascal. Départ d’une grande Mission Scientifique dont le nom de code est « Nessie à Rosslyn »………. A l’origine des temps, sur une idée deColette Vlerick . Expédition complétée par une exploration de la Chapelle de Rosslyn, bien connue par les chercheurs ésotériques. Colette annulera son voyage au dernier moment, sous le mauvais prétexte d’une traduction urgente à boucler !….. Comme à l’accoutumée, seuls les meilleurs resteront !

Vol sans histoire. Nous avons quitté les 30 degrés parisiens pour quelques petits 16 degrés écossais. Après quelques hésitations – la conduite à gauche ne s’improvise pas –, la voiture de location est sous contrôle et en route pour Inverness. Le paysage des Highlands estgrandiose et les eaux noirâtres du Loch Ness commencent à se profiler après 150 miles de route paisible. C’est mon premier voyage en Ecosse, et, habitué des sentiers tortueux de la verte Irlande, je craignais le pire….

Déjeuner au Marriott qui sera notre base locale et en route pour….. Non, en fait, nos deux jeunes compagnons réclament bruyamment leur sieste quotidienne. Nous n’irons donc à Drumnadrochit, pour un premier repérage des lieux, qu’en fin d’après-midi. La cité est minuscule, et Nessie en est le Seigneur incontesté. Les musées dédiés à notre bestiole préférée se pressent les uns sur les autres, tous plus officiels bien sûr que leurs voisins. Quant aux boutiques touristiques…. Disons simplement que vous n’aurez que l’embarras du choix pour trouver le Tee-shirt qui ne vous fera pas remarquer ! Sur les conseils de Torkain, nous repérons l’échoppe du « chasseur officiel de Nessie » et réservons les places sur son bateau pour le lendemain.

Dîner à Inverness, au pub Dickens……. Un endroit étrange qui mélange une cuisine européenne avec des ingrédients asiatiques ; cela dit, comme l’endroit est plongé dans une obscurité presque totale, on ne verra absolument pas ce que l’on mange.

Nous nous endormons non sans avoir lu la contribution érudite de Rémy.

Loch Ness : première approche

Rémy Lechevalier (c)


1 ) : Une Brève Histoire du Monstre.

En 1932, les Ponts et Chaussées écossais lancent une campagne de construction d’une route qui suivra le tracé de la berge nord le Loch Ness, plus important plan d’eau douce d’Europe Occidental (le premier du continent eurasien étant le lac Baïkal en actuelle CEI). La seule route reliant alors Inverness, à la pointe nord-est du Loch, et Fort Augustus puis au-delà la côte Atlantique et le sud de l’Ecosse, serpente à travers le paysage sévère des collines formant la face sud du plan d’eau. Elle est fréquentée, mais d’accès difficile, ce qui a conduit le Parlement régional à prendre cette décision. Le Loch lui-même est rarement visible depuis cette route sud.

En 1933, c’est l’ouverture de la nouvelle route, qui longe les rives nord du Loch, largement visible notamment après les travaux de débroussaillage et de nivellement (c’est un peu moins vrai aujourd’hui, la végétation ayant bien sûr repoussé entre la route et la berge). L’histoire moderne du « monstre » du Loch Ness démarre le 14 avril 1933, lorsque les MacKay, hôteliers à Drumnadrochit, passant en voiture sur la nouvelle route peuvent observer pendant une minute entière à la surface du Loch un animal au corps massif, peut-être surmonté d’une bosse, avec un cou d’environ 1m80 de long (pour une longueur totale de l’animal estimée à 9 mètres) terminé par une petite tête. Le terme de « monstre » pour désigner l’animal parut dans la presse dès le 8 mai 1933, le premier article sur la bête étant paru le 2 mai.

En quelques mois, il devint évident que cette observation ne serait pas un fait isolé. Une vingtaine d’apparitions du monstre jusqu’en octobre 1933, qui firent bientôt la une des journaux nationaux anglais, amenèrent sur les rives une cohorte de curieux, mais aussi des chasseurs de trophée, ce qui amena le commissaire de police local à prendre un arrêté interdisant la chasse au monstre. Cependant, contrairement à ce que l’on pense souvent, le Parlement écossais ne prit pas de décision en ce sens malgré une adresse d’un de ses membres, Sir Murdoch MacDonald, député de l’Invernessshire. Plus intéressant : le « monstre » attira l’attention de deux célèbres spécialistes du Serpent de Mer, Rupert T. Gould et A. C. Oudemans


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Le 13 novembre 1933, un employé d’une entreprise régionale, Hugh Gray, prit la première photo de « Nessie ». Très floue et uniformément grise, elle ne permet pas de distinguer grand-chose. C’est en avril 1934 que sera prise la photo la plus connue et la plus fréquemment représentée, par le Dr Kenneth Wilson, qui semble montrer une petite tête au bout d’un long cou, conformément aux descriptions. Une autre photo prise dans la foulée montre la tête sur le point de disparaître sous l’eau, comme un périscope.

Il faudra attendre le 23 avril 1960 pour qu’un film soit pris, par l’ingénieur Tim Dinsdale qui consacrera le reste de sa vie à poursuivre l’animal du Loch. Mais surtout, après les premières recherches sérieuses faites au sonar dans les années 60 et avec le lancement de campagnes systématiques de recherches dans le Loch, un ensemble de photos très important fut pris en 1972 par l’équipe du Dr Robert H. Rines, docteur en physique et spécialiste du sonar. Les vues montrent respectivement une queue cylindrique et une nageoire en forme de losange. Trois ans plus tard, avec un équipement plus perfectionné, la même équipe pris l’image de la partie avant d’un grand animal de grande taille, avec le long cou, la tête et la paire de nageoire avant. Une autre photo montrerait un gros plan (très flou) de la tête de la bête, mais elle n’est guère convaincante. Il faut préciser que les conditions particulières sous le Loch Ness ne favorisent pas la prise de photos (plus de détails sur ce sujet plus bas).

Depuis 1934, où le jeune motocycliste Arthur Grant faillit le percuter, l’animal a été vu à plusieurs reprises à terre. Il semble pouvoir se déplacer assez rapidement sur ses nageoires, comme un phoque ou une otarie. Il y aurait des « nids de Nessie », emplacement où la végétation écrasée indiquerait la présence d’une lourde masse. Par ailleurs, l’animal fut également observé par des aviateurs à au moins deux reprises. Au cours de la première, en 1938, le pilote voulut repartir de l’aérodrome avec des grenades, pour bombarder Nessie. Il en fut heureusement empêché.

- La « Préhistoire » de Nessie

La première apparition recensée du monstre eut lieu en 565, le témoin étant Saint Colomba, évangélisateur de l’Ecosse. Il serait parvenu à chasser le monstre par un exorcisme. Il sera le premier, mais pas le dernier à essayer.

Le Loch est très difficile d’accès jusqu’en 1715, date de la construction de la route sud mentionnée plus haut. Mais il est localement connu qu’une population de bêtes habite les eaux du Loch et les enfants des villages sur ses berges reçoivent régulièrement consigne de ne pas s’y aventurer seuls. Le premier témoin nommément désigné de l’ère moderne est un certain Jimmy Hossack en 1862. En 1889, le maçon Alexander MacDonald, traversant régulièrement le Loch à bord du bac, y vit plusieurs fois l’animal, qu’il nommait « la salamandre ».

Les observations n’ont pas cessé depuis lors, et évoluent surtout au rythme de la visibilité du Loch.

2 ) : Profil et Identité de Nessie.

Il est généralement admis que le Loch Ness, très poissonneux, peut abriter une population d’une vingtaine de grands animaux. C’est l’estimation qui a été faite par les chercheurs intéressés à cette énigme, la possibilité d’un monstre unique hantant le Loch depuis des temps immémoriaux n’ayant guère été considérée que par les journaux à sensation. Par ailleurs, plusieurs observations portèrent sur des bosses émergées se dirigeant dans des directions différentes, ou apparaissant en deux endroits séparés du Loch, indiquant la présence de plusieurs animaux. Enfin, les descriptions différent grandement en ce qui concerne la taille des bêtes observées, ce qui a conduit à penser que des adultes et des jeunes ont pu être observés, selon les occasions. Le Loch abriterait actuellement un vieux mâle de près de vingt mètres de long et une population diversifiée d’une vingtaine d’individus.

Les animaux, selon la description usuelle, ont un corps rond et massif, deux nageoires avant et deux nageoires arrière parfois représentées comme une queue lorsque la créature les réunit. Ils ont un cou d’1m50 à 1m80 pour les adultes, environ un tiers du corps, terminé par une tête fine comme celle d’un serpent.

Leurs habitudes sont essentiellement nocturnes, peut-être pour échapper aux visiteurs trop curieux, mais aussi pour suivre le rythme des bancs de poissons qui parcourent le Loch et qui sont actifs en fin de soirée et en début de matinée. Ils mettraient bas près des berges, dans l’eau peu profonde, voire même dans les zones marécageuses en certains points des berges du Loch. Comme un certain nombre d’animaux marins connus par ailleurs, ils avaleraient également des pierres pour les aider dans leur digestion, ce qui aurait pour effet, à leur mort, d’empêcher les cadavres de refaire surface.

Par ailleurs, quelques mots sur la topographie du Loch Ness permettront de comprendre pourquoi il est relativement difficile de repérer les « monstres » sous l’eau. Le lac, qui est le principal segment du Canal Calédonien reliant la Mer du Nord à l’Atlantique, mesure 38 km de long sur en moyenne 2 de large. Sa profondeur dépasse allègrement les 300 m. Son fond est couvert de sédiment mais les berges descendent en pente brusque et le plongeur inattentif atteint rapidement des cotes impressionnantes. Les parois des berges, sous la surface, sont par ailleurs creusées d’un système de cavernes sous-marines, mais sans doute peu étendues. Enfin, les ruisseaux et rivières se jetant dans le Loch l’alimentent en tourbe qui assombrit continuellement les eaux, rendant la photographie sous-marine quasiment impossible et bloquant la vue après à peine quelques mètres de plongée. Le Loch, situé environ 15 m au dessus du niveau de la mer, est à une température constante autour de 6 ° (bonne baignade à tous).

Les animaux du Loch Ness ne sont pas un cas isolé, ni en Ecosse, ni dans les lacs présentant la même conformation dans différents pays. Cela a conduit divers savants à spéculer qu’il s’agit d’animaux qui furent emprisonnés dans les différents lacs lors de grands changements climatiques qui modifièrent le tracé des côtes. En particulier, à un jet de pierre du Loch Ness, le Loch Morar, quasiment inaccessible, abrite lui aussi son monstre, Morag, qui, eu égard à la faible fréquentation des berges, a été vu proportionnellement beaucoup plus fréquemment que Nessie (bien que les observations soient de l’ordre de la quinzaine pour le siècle que nous venons de quitter).

Beaucoup rêvent de découvrir en Nessie et ses copains une population fossile de plésiosaures. C’est malheureusement pratiquement exclu. En effet, la température constante mais fraîche du Loch n’aurait pas permis à ces animaux de survivre sans connaître de profondes modifications métaboliques. Mais surtout, outre le fait que leur survie depuis des temps préhistorique paraît improbable, les descriptions de Nessie font très précisément état d’un long cou parfaitement flexible. Or, les plésiosaures, d’après les dernières connaissances des paléontologues, avaient des vertèbres cervicales extrêmement rigides, rendant leurs cous relativement fixes.

La théorie la plus généralement acceptée par ceux qui voient en Nessie un animal, ou plutôt une population d’animaux, bien réelle est celle d’une espèce encore inconnue de pinnipède géant à long cou, de la famille des otaries. Tout ce qui est actuellement connu des conditions de vie dans le Loch et des descriptions des animaux, ici mais aussi dans d’autres lacs situés généralement à la même latitude, pointe dans cette direction. Cependant, tant qu’un des animaux n’aura pas daigné poser devant l’objectif d’un collège de naturalistes agréés (ou qu’il ne se sera pas posé sur la pelouse de Windsor en disant : « Take me to your leader »), il sera difficile de trancher en faveur de l’existence concrète de Nessie.

3 ) : Fictions Nessiennes.

Je n’en connais que trois à l’écrit (mais les connaisseurs de la SF voudront bien compléter) :

- La Vie Privée de Sherlock Holmes, de M & M Hardwick
- Le Monstre du Loch Ness, de F. et G. Hoyle (dans le recueil « Les Hommes Molécules », Albin Michel SF 13) qui prend le parti de l’hypothèse la plus logique après l’otarie géante, à savoir qu’il s’agit d’un vaisseau extra-terrestre ;
- Une nouvelle du regretté Charles Sheffield dans le recueil « Erasmus Magister » paru naguère aux éditions Garancière, ou le monstre apparaît brièvement.

Au cinéma, à part le gros machin hollywoodien (ou disneyien ?) qui a taché les écrans de cinéma il y a quelques années, on trouve un film dès 1934 : Le Secret du Loch, prenant pour base l’hypothèse, vite abandonnée d’un triton géant (quelqu’un l’a vu ?). Par ailleurs, je crois me souvenir d’un épisode de « Chapeau Melon et Bottes de Cuir », la saison en noir et blanc avec Mme Peel, ou les deux héros sont dans un château au bord d’un loch, ou le monstre se révèlera n’être « qu’un » sous-marin d’une puissance ennemie.


Samedi 21 juin 2003 : la jonction opérée avec la seconde équipe, nous nous retrouvons à nouveau à Drumnadrochit. Le bateau du « chasseur officiel de Nessie » est un petit bijou technologique : caméra sous-marine, radar, sonar…… Notre bestiole ne peut guère nous échapper ; elle a du reste été observée à deux reprises le mois précédent……………

Il n’en sera rien hélas, certainement parce que, comme Rémy vient de le souligner, elle n’apparaît que la nuit. Nous nous contenterons d’une petite croisière touristique bien sympathique, en écoutant le chasseur officiel nous conter ses anecdotes et nous vanter la magnificence du site. Il est vrai que le château d’Urquat, vu du Loch, est fascinant. Une merveilleuse ruine romantique sur un lit de verdure……

Les équipes sublimeront leur frustration dans les boutiques locales……… Le téléphone portable sonne. Jean-Patrick Pourtal veut savoir si nous n’avons pas trouvé par hasard un trésor…….

Fort Augustus est une charmante petite localité au sud du Loch. Elle est traversée par une écluse en escaliers, au bas de laquelle trône une statue de notre bon vieux Nessie. Très utile pour la photo de groupe. Nous nous restaurons dans une auberge locale où Philippe H. va enfin pouvoir satisfaire son fantasme gastronomique : goûter le plat régional, la panse de brebis farcie…… Bon, à condition de liquider parallèlement quelques pintes de bière, ça peut passer.

Nous remontons par l’autre rive du lac, direction Foyers, sur les traces d’Aleister Crowley1. Bien que le manoir Boleskine n’ait été que peu de temps la résidence de la Grande Bête (1900), il peut être considéré comme la Mecque du thélémisme. Demeure chargée d’histoire sulfureuse, puisqu’elle fut ensuite la propriété (1970) de Jimmy Page, guitariste-animateur du groupe de rock Led Zeppelin, mais aussi crowleymaniaque . Elle fut ensuite achetée (1990) par un particulier, Malcolm Dent pour la somme de 250.000 £.

On peut lire dans « Scottish Ghosts » de Dane Love (Barnes & Noble, 1995) : «  le manoir de Boleskine renfermait de nombreux esprits maléfiques, y compris un ‘esprit-frappeur ‘ ; de nombreux objets y disparaissaient avant de refaire surface….. Il était de notoriété publique que Crowley s’y livrait à des rituels sataniques et à des sacrifices. On raconte même qu’un tunnel reliait la résidence au cimetière proche, dans lequel se trouvent les ruines d’une ancienne église paroissiale. Un endroit réputé pour être hanté par des sorcières…. On raconte aussi qu’il avait une maîtresse qui vivait de l’autre côté du Loch, à Grotaig ».

« C'est en cette demeure qu'il se retirera, plusieurs mois durant, pour accomplir minutieusement les prescriptions du Livre d'Abramelin le Mage, ce vieux grimoire magique -réputé le plus efficace de tous - conservé dans son texte original à la bibliothèque de l'Arsenal, où Mathers l'avait découvert pour en donner une traduction anglaise intégrale. Ce grimoire aurait été, dit-on, l'oeuvre du mystérieux Abramelin, qui aurait vécu à la fin du Moyen Age. De même que pour le « Juif Abraham , auteur du mystérieux traité d'alchimie venu jadis entre les mains de Nicolas Flamel, on serait bien en peine de l'identifier avec certitude à une figure historique.
Quoi qu'il en soit, le grimoire existait bel et bien, et Crowley se mit donc en tête d'en mettre en application toutes les prescriptions.
Crowley réussit-il la grande opération d'Abramelin le Mage? Question délicate. on le comprend... De toute manière, on ne pourrait accuser le mage d'avoir accompli le rituel sans y attacher au départ d'autre importance qu'une curiosité lancinante pour le merveilleux, pour l'extraordinaire. Contrairement à la cynique opinion courante, le fait pour un homme de prononcer un serment solennel ne constitue pas toujours un acte gratuit. Or, avant de mener à bien l'opération si complexe décrite dans l'étrange grimoire, Aleister Crowley avait prononcé une série d'obligations particulièrement fortes et imposantes. Qu'on en juge plutôt !

Frater Perdurabo (tel était, on l'a vu, le nom initiatique pris par le jeune Crowley lors de son entrée dans la Golden Dawn) avait prononcé ce serment "en la présence du Seigneur de l'Univers et de toutes les Puissances divines et angéliques", en premier lieu d'unir sa conscience au Divin, en absolue soumission à la volonté supérieure, dans l'intention de régénérer la race humaine. En deuxième lieu, de suivre avec courage, humilité et persévérance, les obligations si méticuleuses et éprouvantes prescrites par Abramelin le mage. En troisième lieu, de mépriser souverainement les choses et les opinions de ce monde si elles se mêlaient d'interférer avec la réalisation du projet. En quatrième lieu, d'utiliser les pouvoirs magiques obtenus de cette manière pour le seul bien spirituel des êtres avec lesquels l'opérateur pourrait se trouver en contact (autrement dit : refus d'utiliser les possibilités surnaturelles pour nuire ou asservir autrui). En cinquième lieu, d'engager une lutte perpétuelle contre les puissances démoniaques jusqu'à ce qu'elles soient converties à la lumière (on remarquera cet espoir en une rédemption finale des forces diaboliques elles-mêmes). En sixième lieu, d'harmoniser l'esprit à cet équilibre susceptible de le mener à l'Orient (acquisition de la Lumière intérieure), et veiller à ce que la conscience ne se voie pas détrôner par les automatismes (par les forces instinctives). En septième lieu, triompher des tentations. En huitième lieu, éliminer les illusions susceptibles de tromper l'opérateur. En neuvième lieu, confiance absolue en Dieu. "l'unique et omnipotent Seigneur". En dixième lieu, "brandir la croix du Sacrifice et de la Souffrance", faire que la lumière acquise par le mage puisse montrer aux autres hommes la gloire de la clarté divine, celle du Dieu de nos coeurs. »2

Le manoir est aujourd’hui sous haute surveillance : poste de gardiennage, solides portes d’entrée et murets infranchissables. On devine l’édifice principal plus qu’on ne le voit, derrière d’épais rideaux de verdure…… L’actuel propriétaire tient à la tranquillité.
Le cimetière, en revanche, est librement accessible. Un cimetière aux couleurs très celtiques, largement colonisé par la famille Fraser.

Retour à Inverness et resoirée chez notre bon vieux Dickens de Pékin.

Dimanche 22 juin 2003 : par un mystérieux phénomène, les eaux du Loch on été aspirées par les cieux écossais et nous retombent dessus en une pluie diluvienne. Le retour sur Edinburgh sera en conséquence fastidieux ; quant à la recherche de notre hôtel, niché à l’extrême nord de la capitale écossaise, elle prendra les allures d’un chemin de croix. Mais Irène O est un excellent co-pilote, et nous finirons par dénicher le Méridien (magique) .

Lundi 23 juin 2003 : le soleil est de retour, et c’est d’une humeur guillerette que nous partons à la découverte de la Rosslyn Chapel. L’édifice est bâché, d’importants travaux de restauration externe sont en cours. Mais l’essentiel est à l’intérieur. J’en ai le souffle coupé. La chapelle est plus petite que je ne l’imaginais, mais c’est un pur joyau, tellement riche qu’elle n’a pas volé son qualificatif de « livre de pierre ». Premier sentiment de panique…. « je ne pourrai jamais tout voir ». Nous ferons une première exploration au gré de l’inspiration, puis une visite plus structurée avec un guide. Ce qui frappe bien sûr est cet étonnant cocktail de représentations symboliques, issues de toutes les strates de la culture spirituelle occidentale. Cohabitent ici des références païennes (gravures druidiques, chamaniques avec le fameux « homme-vert dont on dénombre plus d’une centaine de représentations »), chrétiennes, templières, rosicruciennes et maçonnes (le fameux pilier de l’apprenti par exemple).

Quelques notes historiques :

- la chapelle a été fondée en 1446 par Sir William Saint-Clair, troisième et dernier Prince Saint-Clair de Orkney. Sir William est mort en 1484 et enterré dans l’édifice qui n’était pas complètement terminé.

- en 1592, elle fut condamnée par les autorités de la Réforme et cessa d’être un lieu de culte.
- en 1650, elle fut utilisée comme « garnison » par les troupes de Cromwell.
- elle fut l’objet de dégradations importantes en 1688, sous le règne de Guillaume d’Orange.
- elle resta désaffectée jusqu’en 1736, époque où James Saint Clair entrepris de premières restaurations.
- elle fut rendue au culte en 1861.
- un office épiscopalien y est aujourd’hui encore tenu chaque dimanche. A noter que les autres courants religieux chrétiens peuvent l’utiliser sur demande. Elle est également à la disposition de tenues F+M.

Sur la famille Saint-Clair :

- la chapelle est propriété de cette famille depuis l’origine. A noter qu’il y a discussion pour savoir si les propriétaires d’aujourd’hui sont bien de la lignée d’origine.
- le nom vient de Saint-Clair sur Epte (près de Gisors) où la famille d’origine (les Orkneys) signa un traité de paix avec Charles le Simple (912).
- la famille s’installa à Rosslyn au début du XII ème siècle.
- Le grade de « Grand Maître de la Maçonnerie Ecossaise » appartenait aux Saint-Clair dès 1441 et se transmit de façon héréditaire jusqu’en 1736.

Les liens avec les Templiers :

- le Grand maître Hughes de Payns avait épousé une Katherine de Saint-Clair.
- après la condamnation du Temple en France, certains templiers se réfugièrent en Ecosse. Il y a, à quelques miles de Rosslyn, un village du Temple.

Voilà pour les faits établis ; qu’en est-il du côté de la légende ?
- une connection avec Gisors (Saint Clair sur Epte) ?
- une habile récupération par le Pieuré de Sion (plusieurs nautoniers étaient de la famille Saint-Clair) et par Pierre Plantard qui deviendra Plantard de Saint-Clair !
- un décryptage qui voit dans l’architecture le signe d’un message laissé par les Templiers et en provenance du Temple de Salomon ?
Notre guide nous expliquera que des repérages ont été effectués avec des moyens sophistiqués et qu’il est établi qu’il y a plusieurs salles souterraines sous la chapelle. On y trouverait, bien sûr, l’Arche d’Alliance, la Ménorah  ou le Graal……. Le parallèle avec Rennes-le-Château est frappant. Jusqu’à l’attitude des autorités locales de la Culture, qui comme notre bonne DRAC, s’opposent à toute fouille pour ne pas endommager le patrimoine.
Le téléphone portable vibre. Jean-Patrick Pourtal veut savoir si nous avons enfin trouvé un trésor…….
Promenade dans les cimetières qui jouxtent la chapelle et visite au château. La partie habitable se loue sous forme de gîte rural pour 7 personnes environ. Un truc à garder à l’esprit ! Un château qui était un centre intellectuel important au 17ème siècle, avec sa bibliothèque, ses fabricants de papier, ses copistes, traducteurs et autres enlumineurs. De nombreux manuscrits signés Saint Clair sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque Nationale d’Ecosse.
Nous rencontrons l’inévitable érudit local, un homme à la retraite qui s’occupe de l’entretien du domaine. Il nous propose un passionnant décryptage des ruines et une foultitude d’anecdotes sur la chapelle. Un contact assurément à renouer en prenant le temps nécessaire.

Après un déjeuner réconfortant au Roslin Glen Hotel, les troupes se séparent. Retour à Paris et à ses 32 degrés à l’ombre.


1 Voir http://www.geocities.com/Athens/Parthenon/7069/bole-1.html

2 d’après http://perso.wanadoo.fr/spearsofshiva/

Les Révélations de Glaaki

Murmures d’Irem