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Les
Révélations de Glaaki....
Non, MURMURES n'est pas une revue
juridique, même si Sylvain Ferrieu a osé s'inspirer du
Graal dans le cadre de ses études de droit ! Cette contribution
est illustrée par quelques lames du tarot arthurien.
Le
Graal et la Règle
Sylvain
Ferrieu (C)
J'ai bien conscience que ce sujet
peut paraître étrange quand on parle du droit, mais derrière
le roman il faut préciser l'existence d'une double tradition
chrétienne et païenne dont les auteurs des romans ont repris
les éléments, soit plusieurs siècles de tradition,
une pensée importante et notamment sur le droit, représentés
par les chevaliers...
LE GRAAL ET L'HISTOIRE:
Le Graal est-il vraiment de l'histoire ou simplement une légende
tenace? Du point de vue historique, la Quête du Graal présente
des références certaines, historiques et géographiques.
(Le professeur Américain Norma Lorre Goodrich s'attache particulièrement
à démontrer la réalité du mythe Arthurien)
Historiques: 5e-6e siècles après J.-C., (475-575 selon
certaines sources, un peu plus tôt selon d'autres)
Géographiques: le Royaume de Bretagne a réellement existé,
il s'est étendu sur l'actuelle Grande-Bretagne et sur la Petite
Bretagne Française, plus une partie de la côté Irlandaise.
Ce pays était habité par les Bretons, des Celtes d'origine,
qui ont transposé une part de leur tradition dans la Chevalerie
d'Arthur, pour la mélanger avec une partie de l'imagerie chrétienne.
On sait qu'après l'invasion Romaine, les Bretons occupaient le
territoire du Royaume des 2 Bretagnes, mais leurs rois ont été
défaits et chassés par les Saxons vers le Pays de Galles
et l'Irlande. Le Royaume Breton a vécu 1 siècle ou 2,
pas plus.
Les Bretons du Continent sont les instigateurs des écrits de
la Table Ronde, en faisant appel aux figures symboliques de la Bretagne,
Merlin, Arthur... Et en les romançant. Au Xie siècle,
après l'invasion réussie de l'Angleterre par les Normands,
plusieurs baronnets Bretons qui s'étaient alliés à
Guillaume virent l'occasion de ressusciter l'idée du Royaume
Breton des origines. Outre les actions politiques contre Normands et
Saxons, les Bretons ont concurrencé la chanson de Geste qui faisait
l'éloge de Charlemagne par le cycle Arthurien... Une autre sorte
de propagande, sous la forme de légendes. La cause du cycle de
la Table Ronde est donc éminemment politique. Mais le message
est resté, non l'aspect ponctuel...
Nous nous intéresserons donc, non à la réalité
historique du Royaume de Bretagne, mais aux livres qui auront été
rédigés concernant la Table Ronde par : Chrétien
de Troyes, Geoffroy de Monmouth, Robert de Boron, Béroul et Thomas,
Wolfram von Eschenach au XIIe siècle et plus tardivement Thomas
Malory au XVe siècle. Quelques sources modernes nous serviront
aussi comme celles de Jacques Boullenger, Hersart de Villemarqué,
Jean Markale, Colette Montsarrat, Jean-Paul Bourre...
Le Graal est au départ
la pierre qui ceignait la couronne de Lucifer avant sa Chute. Elle est
tombée à ce moment là et on l'a retrouvée.
La Légende veut que le calice fait à partir du Graal ait
servi à Joseph d'Arimathie à recueillir le sang du Christ
lors de la Crucifixion. Joseph aurait ensuite émigré vers
les terres Celtes pour évangéliser. Ce qui explique pourquoi
on cherche le Graal en Bretagne.
La quête du Graal est entreprise par les Chevaliers de la Table
Ronde pour des raisons obscures. On sait que l'équilibre du Royaume
a été rompu, mais le film Excalibur donne une fausse version
des faits. La réalité est l'aventure du chevalier Balin.
Il participe à un tournoi dont l'enjeu est une épée
appartenant à la Dame d'Avalon, que seul un chevalier "
au coeur pur " peut retirer à la ceinture de celle-ci. Balin
y parvient et refuse de rendre l'épée, malgré les
préventions de Merlin qui l'informe que cette arme aura des conséquences
désastreuses pour le Royaume et frappera " l'homme le plus
saint du monde ". Malgré cela, Balin reste sourd et s'enfuit
de la cour. Il rencontre un chevalier qui est tué par un javelot
inconnu. Merlin lui dit que le lanceur est un certain Garlan, frère
du roi Pelléhan, mais l'exhorte à renoncer à sa
vengeance. Balin, lors d'un repas servi par Garlan, tuera son hôte
avec le tronçon du javelot qui avait servi à tuer le chevalier.
Pelléhan poursuit Balin dans le château mais Balin trouve
une lance qui saigne et blesse Pelléhan à la cuisse. Une
voix s'élève alors: " La lance a été
touchée par des mains indignes, les aventures vont commencer.
" La Quête du Graal a lieu pour restaurer un équilibre
rompu.
Après moultes aventures, 3 chevaliers parviendront jusqu'au château
de Pelléhan, le Roi-Pécheur, Accompagné de Perceval
et Bohors, seul Galahad, le plus pur des chevaliers, sera initié
aux mystères du Graal et guérira le Roi-Pécheur.
La dualité du légendaire Celte et de l'esprit Chrétien
incontesté au XIIe siècle date les écrits. C'est
ce qui explique que la Quête du Graal est à cheval entre
deux religions, que les chevaliers d'Arthur sont imparfaits et qu'ils
doivent donc " retrouver ce qui a été perdu "
pour se laver de leurs pêchés. La conversion a lieu au
milieu du siècle d'Arthur.
C'est aussi pourquoi
j'ai décidé d'élargir un peu le sujet de la quête
du Graal, pour traiter de Merlin et des Chevaliers de la Table ronde.
Pour comprendre le pourquoi du Graal, il faut saisir le règne
d'Arthur au moment de cette Quête, influencé par Merlin,
à l'origine de la Table Ronde. La dualité des religions
est très forte: Merlin pose les bases de la Chevalerie, le Graal
purifie la Chevalerie.
Le Graal apparaît donc comme une figure de la Rédemption,
qui permet de racheter ses fautes. C'est un des offices du juge. D'autre
part, le Graal est une perpétuelle recherche en soi et en dehors
de soi, qu'on a assimilé par la suite à l'archétype
de la recherche d'un but, d'un phare, d'une lumière pour éclairer
sa vie et ses actes. La philosophie est une telle quête, car elle
est à la poursuite de l'inaccessible sagesse. La philosophie
du droit, qui s'efforce de donner une fin au droit, tente aussi d'éclairer
les formes du droit en lui donnant un sens. C'est exactement le même
problème.
L'observation du règne
d'Arthur nous montre l'aspect matériel de la chevalerie et livre
quelques enseignements de droit public.
Le Graal transcende l'agencement matériel de la Chevalerie, et
lui confère un sens, un " telos ", à ce droit.
I. LA TABLE RONDE: LEGISLATION PAÏENNE
1) Merlin, figure du législateur païen
a) Un personnage exceptionnel
Beaucoup d'idées
fausses circulent autour de MERLIN: on en fait un vieux barbon solennel
alors que plusieurs versions du personnage existent:
C'est Geoffroy de MONMOUTH qui confère à Merlin toute
la profondeur de son personnage:
- il commence à s'inspirer de la réalité historique,
qui fait de Merlin un chef de guerre breton devenu fou à la suite
d'une bataille particulièrement sanglante. Le premier Merlin
est surnommé " Le fou du bois ", c'est un ermite accompagné
par un loup gris, qui dispose d'un don de divination.
- Dans sa seconde version de la vita merlini, le personnage prend sa
figure définitive et se trouve mêlé à la
vie d'Arthur, qui historiquement, aurait vécu plus d'un siècle
avant lui.
Dans la légende, Merlin est à peine plus âgé
qu'Arthur, peut-être une quinzaine d'années au plus. Il
naît sous le règne de Vortigern, qui sera vaincu par Uther,
le fils du roi dont Vortigern a usurpé le trône. Dès
son plus jeune âge, Merlin fait des prophéties et peut
parler dès sa naissance; c'est l'enfant qui parle. (infans= en
latin, qui ne parle pas)
Merlin est prévu pour avoir une destinée exceptionnelle;
il fait penser à la figure du législateur surhumain, à
laquelle croyaient Platon et Aristote. Merlin est sage dès la
naissance, ce qui ne l'empêche pas d'avoir de l'humour: le Merlin
du film Excalibur est très proche du personnage légendaire.
Car Merlin est aussi fou: La folie dans la tradition n'est pas considérée
comme elle l'est actuellement, mais au contraire, on vénère
les fous pour la vérité inaccessible qu'ils détiennent.
La folie est une autre sorte de sagesse. Elle réunit donc tous
les paramètres de la pensée.
Merlin est le fils d'un démon et d'une religieuse (une nonne
selon les versions tardives, mais plus probablement une druidesse) ;
prévu pour devenir l'Antéchrist, il est baptisé
à la naissance, et nourri par les regrets de sa mère ;
il devient le " juste milieu ", entre bien et mal, entre ombre
et lumière. C'est pour cela qu'il est " enchanteur "
; il détient les pouvoirs sur les forces du bien et sur celles
du mal. Il a une vision globale du monde dont il recouvre tous les aspects.
En plus de parler, il connaît le passé, le présent,
le futur...
Le portrait de Merlin explique bien sa nature exceptionnelle: il réunit
les paradoxes, il est sage et fou, il est le bien et il est le mal.
En cela il est surhumain, le mieux placé pour conférer
à la chevalerie un corps de règles.
b) L'oeuvre de Merlin
Merlin est l'instigateur
de la chevalerie légendaire; c'est lui qui crée la table
Ronde.
Il serait faux de croire que les chevaliers d'avant Merlin eussent été
des anges courtois: ils sont de vraies brutes sanguinaires, tout comme
les chevaliers historiques.
Un exemple: Arthur, apprenant qu'il a couché avec sa soeur et
qu'il doit engendrer la ruine du Royaume, décide de reproduire
le génocide de son illustre prédécesseur Hérode
sur tous les nouveau-nés du Royaume. C'est Merlin qui va l'en
dissuader, en lui rappelant qu'on ne peut échapper à son
destin, et que le Royaume ne vaut pas la mort des innocents. C'est le
germe de l'esprit chevaleresque.
Merlin parvient à se faire entendre parce qu'il est le conseiller
d'Arthur. Or, il serait fâcheux de mésestimer l'activité
de conseil dans la tradition Celtique. Le conseiller, comme celui de
l'Antiquité, connaît presque la prééminence
sur le chef: car à la différence de ce dernier, le rôle
de conseiller ne peut pas être tenu par n'importe qui. Quand Merlin
dissuade Arthur de perpétrer son génocide, il ne peut
pas l'obliger, mais il sait le convaincre. Par contre, le conseiller
n'est pas toujours écouté: Merlin va apparaître
à l'encontre de Balin pour tenter de le dissuader de mener ses
vengeances personnelles, mais Balin refusera de l'écouter avec
les conséquences que l'on connaît. C'est le risque du conseiller.
Lors de l'unification du Royaume, Merlin prend l'initiative de créer
la Table Ronde, " car le destin de l'homme est d'oublier ".
Ainsi les chevaliers se rappelleront toujours l'amitié qui les
tient unis, cet anneau forgé. Un mot sur la Table Ronde: elle
est ronde pour une raison particulière, non par hasard de menuiserie.
Dans une table Ronde, aucune place ne prédomine sur les autres.
Même celle du Roi. Le Roi ne préside pas, mais il est prééminent
par son titre. C'est un peu un centre d'impulsion, le point de départ
d'un cycle. La Table " qui tourne comme le monde, pour signifier
que ceux qui devront s'y asseoir n'y auront nulle préséance.
" (Markale, p.188 de " Brocéliande ... ")
Voila l'originalité du mode de gouvernement Celte, fondé
non pas sur des pouvoirs formels mais sur un privilège d'initiative
reconnu au Roi ou plus souvent au conseiller; sur le modèle de
la Nature en perpétuelle évolution.
2) Les chevaliers de la Table Ronde
a) Le Chevalier et la
Justice
Le chevalier est une figure
du juge itinérant, capable de porter l'épée et
de rendre la justice. Très Aristotélicien, le chevalier
n'est en aucun cas un moraliste, il est le Champion de la Justice au
sens où on l'entendait jadis. Sa conception du droit s'arrête
uniquement à ce qu'on appelle la Justice, et aucun autre concept
n'entre en jeu quand il devient juge. Le chevalier est juge car il doit
rétablir les situations injustes.
Ce n'est pas un philosophe, mais il a l'essentiel: il est capable de
savoir quand il fait du mal aux autres et à lui-même.
Le chevalier est juge de lui-même comme des autres. Des autres,
parce qu'il est le troisième de la triade judiciaire, la personne
objective.
De lui-même, car son honneur lui sert de jauge. Quand il prête
serment à un moment, il le respecte. Il sait que s'il le brise,
il est déshonoré. C'est une des bases de la chevalerie.
A un moment, le chevalier prend un serment. A un autre, il agit contre
ce serment. Il peut analyser sa faute et se déclarer coupable.
On retrouve un tel caractère chez le samouraï, mais le chevalier
déshonoré ne se suicide pas (même s'il n'est pas
dans un état reluisant!): il répare. L'honneur se retrouve.
Ainsi Lancelot, le chevalier à la charrette.
b) Le chevalier et le
droit naturel
Il semble que le chevalier
obéisse à une sorte de droit naturel.
Tout d'abord, il faut reconnaître que dans le cadre païen,
le chevalier, qui est le représentant de l'Etat et de la Justice,
doit s'animer d'un profond respect pour la nature. Il vient en aide
aussi bien aux hommes qu'aux animaux, comme Yvain le Chevalier au lion.
Les chevaliers croient dans la féerie et pensent qu'il y a autant
à apprendre de la Nature que des hommes. On ne s'étonne
pas dans ce contexte de l'omniprésence de la forêt de Brocéliande
dans les récits du Graal. Cette forêt est le lieu du droit;
c'est l'endroit sacré, le tribunal. L'allégorie est frappante,
car le lieu où le chevalier rend la justice n'est pas un endroit
à part, une maison " close ": c'est au coeur du monde.
Le chevalier est itinérant, il va vers les autres, comme le juge
devrait le faire.
Son code n'est pas écrit. Il s'adapte et pourtant est constant:
en se mouvant il est en repos (Héraclité) C'est tout le
mystère de la nature. Le code de chevalerie est celui de la conscience:
mais une conscience objective, pas celle si répandue qui favorise
toujours le moi. C'est une loi inscrite dans le coeur de chaque homme,
comme celle de la Nature.
Il obéit à des valeurs agencées dans un ordre essentiel,
naturel, obéissant à une certaine logique, un bon sens.
- L'honneur est fondamental;
c'est la noblesse des chevaliers, mais plus encore. Un chevalier qui
est honnête homme peut savoir à quoi s'en tenir avec lui:
c'est la confiance, l'assurance que la chevalier a des valeurs et qu'il
est Juste au sens Aristotélicien de la Justice Générale.
On peut avoir confiance en lui. c'est le gage de la Concorde entre les
hommes, le ferment " sain " de la société.
- l'amitié arrive en second. Le chevalier est bon, cela découle
du fait qu'il est juste. mais il doit être juste avant d'être
bon. Exemple de Bors pendant la Quête du Graal: il voit une jeune
pucelle en danger, et parallèlement des maraudeurs attaquent
son frère Lionnell. Il choisit d'abord la pucelle, car son honneur
de chevalier passe avant son amour de frère; la suite des événements
montrera son bon choix.
- Les richesses; négligeable. C'est un moyen, pas une fin en
soi, c'est un écueil, une source d'aveuglement.
L'honneur chevaleresque
est une conscience des choses essentielles; c'est une logique directement
inspirée de l'ordre naturel. Car la constance de la Nature est
essentielle aux yeux des chevaliers. Ils ont bien conscience du fait
que les Royaumes et le pouvoir ne sont pas des jeux irrésistibles
qui doivent mettre en péril la vie des innocents, mais l'achèvement
de l'ordre naturel, de son équilibre, de sa justice. C'est ce
qui ressort de la maxime " Terre et Roi sont un ". S'il n'y
a pas de Terre, à savoir d'ordre naturel, constant, objectif,
il n'y aura pas de roi. Tradition celtique de la vénération
de la Nature, mais aussi évidence philosophique née d'une
observation complète, d'une sagesse véritable.
C'est cet ordre naturel, venu de la Terre, donc de la divinité
Celtique, qui fonde l'esprit de Justice. Je n'aurai pas le temps de
redémontrer l'équilibre qu'on trouve dans la Nature, mais
l'observation permet de constater une chose: la Nature n'est pas la
loi du plus fort. Car le plus fort s'astreint lui aussi: pas comme l'homme.
On aura prédéfini
les premiers fondements de la Justice chevaleresque: inspirée
du Législateur païen Merlin ; elle constitue le fondement
de la chevalerie. Elle repose sur l'observation de la Nature, premier
fondement de la philosophie depuis les Grecs. Des règles naturelles
en ont été retirées: à présent, il
faut aller plus loin, comprendre la raison d'être de ces règles.
Pour cela on ne peut plus se contenter de l'observation de la nature,
qui constitue la vénération païenne: il faut l'inspiration
divine, une raison transcendante.
Après avoir répondu
à la question " quid juris ", répondons à
la question " quid jus".
II. LA QUETE DU GRAAL: PHILOSOPHIE DU DROIT CHRETIENNE
1) Le Graal à la croisée des traditions
a) Graal et Rédemption
La quête du Graal,
même dans son cadre mystique chrétien, est un acte de Justice
évangélique.
Le droit naturel païen en place, il n'a pas empêché
le chevalier Banin de pêcher, et pis encore, de porter préjudice
à un Roi innocent.
Pendant ce temps, les Chevaliers, avec l'aide de Merlin, vivent une
époque fastueuse et agréable. Alors qu'ils ont, sans le
vouloir peut-être, causé la perte d'un tiers. C'est injuste.
L'esprit chrétien en tire deux conclusions; il est néfaste
que les chevaliers vivent dans le pêché, mais il est aussi
injuste qu'ils fassent le mal autour d'eux.
La Rédemption est ainsi double: elle permet au chevalier de se
purifier et en même temps répare le préjudice subi
par le Roi-Pécheur.
Car Balin a " les mains impures ", même si c'est un
chevalier. C'est bien la démonstration que la chevalerie païenne
est en défaut, malgré le " coeur pur " de Balin,
pour lequel il était réputé.
Ce qu'il faut bien comprendre dans la logique chrétienne: nous
voyons pour l'instant la quête du Graal sous l'angle de la Rédemption
des Péchés. Mais le péché est prosaïque,
évident. Il dépasse le simple cadre moral et comprend
la Justice, il est intrinsèque et extrinsèque; le mal
est double, il est pour soi et en dehors de soi.
Si on regarde ce qu'est le mal, d'ailleurs, l'effet est comparable.
C'est un acte souvent égoïste ou ignorant qui porte préjudice
à autrui.
Balin a, par orgueil, blessé le Roi-Pécheur, en oubliant
qu'il était son hôte. Si je tue une vieille dame, je le
fais pour une cause égoïste (l'argent), en oubliant qu'elle
aussi a droit à la vie, du moins autant que moi. Voilà
le Mal, voilà aussi l'Injustice.
Autre exemple de l'imperfection païenne: les amours de Lancelot
et Guenièvre. Dans la tradition Celtique, la vie naît d'un
cocufiage du Dieu, le Dieu Jaloux, par sa femme la déesse Terre
et le Dieu de Lumière. Chez les Celtes, la femme est la vraie
détentrice de la souveraineté, le fait qu'elle ait des
amants n'est donc pas une catastrophe du moment que cela reste secret
(d'ailleurs Arthur non plus ne se prive pas...) Ajoutons à cela
le péché d'adultère et nous comprenons que la législation
païenne est incomplète. Il faut chercher le fondement de
la Justice ailleurs que dans le préjudice pur, mais aussi dans
la souffrance que l'on cause à l'homme ou à la femme qui
aime. Voilà pourquoi Lancelot sera toujours écarté
des mystères du Graal, parce qu'il est profondément pécheur.
Les celtes ont manqué du sens de l'observation: ils ne pouvaient
pas savoir que certains animaux sont fidèles à leur compagnon.
Ainsi les loups et les cygnes. Le cygne se laisse mourir à côté
de son compagnon mort.
b) Graal et renouvellement
La quête du Graal
est une transition entre le paganisme et le christianisme; pas une rupture.
Pour une rupture, voir Charlemagne qui a exterminé les Saxons
qui refusaient de se convertir et détruit leurs autels, leurs
arbres sacrés. Stonehenge demeure après le Graal: c'est
toujours un endroit sacré.
La légende montre la continuité du paganisme et du christianisme;
à la Table Ronde, il demeure une place inoccupée, celle
destinée à Jésus; c'est le siège Périlleux,
et celui qui s'assoit dessus, s'il n'est pas pur, est désintégré
(englouti par la terre...). Seul Galahad pourra passer l'épreuve;
Le Christ est ainsi attendu par les chevaliers de la Table Ronde, pour
qu'il se révèle parmi eux de manière immanente
: préfiguration de la quête du Graal
L'harmonie pouvait donc être trouvée entre les deux religions,
l'une venant laver les imperfections de la précédente.
Passage de témoin, purification, Rédemption purement chrétienne,
dans l'Amour. L'omniprésence de la forêt le montre bien
dans les récits du Graal. Le château du Roi-Pécheur
est dans une forêt: Le Graal chrétien ne s'exclut pas du
monde païen, ni de la nature. Il est au coeur de celle-ci. Jean
Markale pense que certains des châteaux de Brocéliande
ont pu servir de modèle au château du Graal : en effet
les auteurs connaissaient assez bien les châteaux de Comper et
de Trécesson, certains s'étant rendus à Brocéliande
pour s'approcher de la légende.
Le Graal a une haute signification spirituelle dans la légende
et dans l'imagerie chrétienne. On peut le voir ainsi : le Graal
est l'aspect spirituel de la Chevalerie. Il est temps que le chevalier-juge
recherche les causes de son droit, devienne philosophe.
Le paganisme de Merlin
correspondait bien à l'aspect matériel de la chevalerie.
A présent que les défauts de celle-ci sont découverts,
il faut aller plus loin.
La loi naturelle du chevalier est suffisante au départ. Elle
est immanente. Mais il lui manque l'inspiration. La loi divine arrive
à la succession de la loi naturelle. Mais elle ne la remplace
pas, elle la poursuit.
Quand on connaît le matérialisme qui a inspiré le
catholicisme romain, on peut se demander quelle signification donner
à ce Graal, au service d'une religion hiérarchisée
qui entreprend une évangélisation à l'aide des
légions de l'Empereur (massacrant parfois plusieurs tribus celtes
pour leurs croyances). Le message du Graal est tout autre ; c'est toujours
celui de la Rédemption individuelle, par rapport à ses
propres péchés. C'est l'image de la Grâce, non pas
simplement de Dieu : Jean Markale dit " Le Graal n'est pas Dieu...
et à la limite, cela n'a aucune importance de savoir si le vase
sacré a contenu le sang du Christ ou n'importe quoi, ou rien
du tout. ", (p.284 de " Brocéliande... ") Le Graal
et le droit naturel sont un, car ils ne peuvent exister l'un sans l'autre.
Ce n'est pas uniquement une question de religion, mais le Graal est
une Rédemption en soi, qui guérit, qui enseigne au chevalier,
qui lui confère une loi, entendu que cette loi est une autre
facette " illuminée " de ce qu'il respecte déjà.
Le Graal est au départ la pierre sertie au front de Lucifer:
Cette pierre est une émeraude, de couleur verte. Ce vert qui
symbolise dans la tradition l'idée de renouvellement. Comme la
Table Ronde, le Graal se place sous le signe du cycle, de l'évolution
naturelle des choses.
2) Le Graal et le telos
a) Le pouvoir temporel
inspiré par le Graal.
L'ordre naturel imposé
à la chevalerie a fait ses preuves dans un cadre immanent, mais,
comme un droit sans raison d'être, il a manqué d'un objectif
à suivre, d'un telos (en Grec; le but, l'objectif). Et il a montré
ses failles. La quête du Graal nous rappelle que le droit ne peut
se passer d'un telos, comme la forme ne peut se passer d'un esprit pour
l'animer, comme la vie ne peut se passer de l'intelligence.
Le Graal, quand il est rapporté par les chevaliers et qu'il a
initié Galahad à ses mystères, est emporté
dans les Cieux par une main immense, la Main de Dieu.
Parallèle avec Excalibur qui à la mort d'Arthur est lancée
par Bedivere (ou Girflet) dans le lac et attrapé par la Dame
du Lac qui s'enfonce avec dans les profondeurs.
Parallèle symbolique: dans la tradition Celte, les armes divines
sont au nombre de 4: 2 masculines, 2 féminines (coupe-pierre,
chaudron, lance, épée). Excalibur est le principe masculin,
le Graal est le principe féminin, emporté par la main
de Dieu (masculin) alors qu'Excalibur est dans les mains d'une femme.
Idée de réconciliation, d'équilibre retrouvé,
d'amour. Office du juge.
Mais aussi important: l'Epée Excalibur, païenne, est le
symbole de la royauté terrestre, tandis que le Graal est celui
de la Royauté Céleste, on trouve la " théorie
des deux glaives " de St AUGUSTIN. (J.MARKALE, P.284) " D'un
côté, la Royauté terrestre, matérialisée
par l'Epée de souveraineté. De l'autre, la Royauté
céleste sous l'image du Saint-Graal.
La Légende fourmille d'exemples où le chevalier se trouve
en faces de 2 choix: celui du chevalier terrestre et celui du chevalier
céleste. La voie de ce dernier est plus dure.
Mais au delà c'est la distinction droit positif/ droit "
naturel " qui est envisagée: le droit en question est un
droit divin, un esprit du droit, alors que l'Epée destinée
à la guerre permet au Roi de s'affirmer par les armes, matériellement.
Le Graal lui donne l'accomplissement spirituel, la sagesse éclairée
du législateur.
Il faut retrouver ce qui a été perdu : ce qui a été
perdu est le but du droit. Car les chevaliers ont fauté malgré
leur code de l'honneur. Ce code, immanent, a montré ses défauts,
par manque de compréhension de la part de Balin qui avait du
mal à renoncer à ses principes pour des raisons indéfinies:
ayant refusé de faire confiance à Merlin qui lui en savait
plus, il se met un peu dans la position du juriste plombier qui rafistole
la loi sans chercher à comprendre le fondement de celle-ci. Car
la loi, formellement, ne correspond à rien si l'esprit ne vient
pas l'éclairer.
On peut donc comprendre que la Quête du Graal arrive au milieu
de l'aventure Arthurienne: c'est tout le problème de la précarité
de la loi. Parfois il faut retravailler les lois car elles ne remplissent
plus leur fonction. Il ne faut pas oublier que toute loi est faite dans
un but précis. Ce but doit parfois se rappeler au législateur.
Le législateur est ici Galahad sur lequel je n'insisterai pas;
il joue le même rôle que Merlin à ceci près:
il n'est pas l'auteur de la nouvelle loi; il en est le Découvreur,
comme le chercheur ou le philosophe qui découvre un but au droit.
Ici le telos se rappelle au chevalier dans le sens de la justice, de
l'Amour divin.
b) Les enseignements du
Telos
Le telos arrive après
que le droit s'est établi, à posteriori, ce qui peut paraître
curieux. Mais en fait le Graal s'accompagne d'un nouveau contenu du
droit, qui vient compléter le précédent. Il n'est
pas qu'une philosophie, c'est aussi un nouveau droit.
Car il y a une faute à réparer. Donc ce nouveau droit
est nécessaire, car l'ancien n'est pas parfait. Car le Graal
est une législation, issue d'une recherche.
Quand le chevalier a compris quelles étaient les circonstances
de cette faute et qu'il fallait tenter de réparer, ce qu'il fait
en recherchant le Graal, en philosophant, il tire des conséquences
de ses découvertes, de son initiation aux Mystères du
Graal. On voit bien que la philosophie du droit est pragmatiquement
utile car la recherche permet de tirer des conséquences immédiates.
Le chevalier devient chrétien, il répare la faute et devient
meilleur. La situation est comparable avec celle du prophète,
qui revient de la révélation divine avec les tables de
la Loi.
Le parallèle peut être poussé plus loin, car il
est vrai que la religion païenne est orale alors que la Bible est
écrite. Le perfectionnement du droit naturel passe aussi par
l'établissement de principes qui le résument, le rendent
accessible, complètent la conscience parfois défaillante
du chevalier. C'est une sorte de codification des principes du droit
sous la forme chrétienne: ces principes appliqués empiriquement
par le chevalier, puis compris et restitués, comme les résultats
d'une découverte, par le christianisme sous la forme de principes
clairs.
Les théoriciens de la Renaissance ont placé le droit naturel
avant le droit positif. Pourtant, la réalité du droit
est plutôt technique avant d'être théorique. Le philosophe
observe le monde, constate que le crime est puni. De là il élabore
une théorie.
Voilà de la science
du droit. En droit, on ne part pas de l'abstraction comme dans les mathématiques.
Le Droit naturel païen précède son inspiration Chrétienne.
Si on compare ce droit naturel immanent avec le droit positif, on se
rend compte qu'il arrive certes après les principes qui l'inspirent
pour les transcrire, mais qu'il est aussi là avant; et que la
recherche vient apporter les enseignements qui vont le perfectionner.
C'est ce qui se dégage, en droit, de la recherche du telos, de
la quête du Graal.
Néanmoins n'oublions pas que ce telos est comme le Graal et qu'il
est presque inaccessible, car la réussite de la Quête est
un événement exceptionnel : la recherche du telos, l'intelligence
du droit est à l'image de la philosophie, une perpétuelle
étude. Ce que le philosophe du droit rapporte de ses recherches
n'est pas le Graal mais une partie de Sa Vérité. Car voir
le Graal n'est pas être initié à ses Mystères;
seul un juriste pur comme Galahad pourrait espérer changer cet
arrêt. En attendant, le droit connaît une Quête, mais
celle-ci est perpétuelle et non ponctuelle.
3) Le Graal et l'office
du juge.
a) Le Graal objet recherche
subjective
La quête du Graal
n'est pas une croisade pour le christianisme, mais une démarche
que l'on fait aussi pour soi. " Les chevaliers qui se lancent dans
la quête dans le but de découvrir l'objet-Graal, image
de Dieu, font fausse route et ne réussissent qu'à mordre
la poussière " (J.Markale, " Brocéliande...
" P.284) C'est par la sagesse que l'on retire du Graal que l'on
parvient à améliorer son sens de la chevalerie... Ou que
l'on devient meilleur juriste. Le chevalier est comme un juge qui découvre
la philosophie du droit, et qui l'applique alors de manière éclairée,
pour le mieux-être de tous.
Nous l'avons vu, la Rédemption est double: le juge aide les autres,
et en même temps s'assagit. Ainsi Perceval, de gentil, niais,
devient sage, tandis que Bors, de pécheur devient béatifié.
Voilà l'effet de la Grâce.
Etre juge, c'est aussi être juge de soi-même comme le chevalier,
c'est s'aguerrir à chaque acte de Justice rendu, par la compréhension
du droit et de son but, difficile à comprendre et à manipuler
pour le juriste débutant.
Le Graal est protéiforme, il est à la fois invisible et
toujours présent (C'est pourquoi on le comprend comme un concept)
: selon les auteurs il peut être un calice, une coupe, une pierre,
une écuelle, un vase, une tête coupée: " Il
est tout cela en même temps, et bien d'autres choses encore...
" (Jean Markale) Il dépend donc de la manière dont
le chevalier va le voir. L'objet en lui-même n'a pas d'importance,
seulement la révélation. (Markale, p.286): " Il importe
de faire SIENNE la Révélation première, de ce qu'on
sent du Graal ". Le Graal n'est donc pas transcendant, parangon
d'une réalité tout tracée: mais il s'efface devant
l'homme et devant la manière dont celui-ci COMPREND le Graal.
Dans la réalité, l'effet de la recherche concerne surtout
la psychologie du juge, car le Graal est insaisissable. Le philosophe
est un perpétuel étudiant, il en va de même pour
celui qui cherche le Graal, comparé par Jean Markale à
la carotte qui fait avancer l'âne. Mais cette recherche est en
soi un enrichissement sans nom, même si la perfection ne peut
être atteinte.
b) La Quête du juge
Mais attention: le Graal
ne se livre pas à n'importe qui, mais à celui qui fait
la démarche nécessaire.
Le juge doit tout d'abord
satisfaire à une condition personnelle : avoir le coeur pur.
Il ne suffit pas de chercher le Graal pour le trouver, car encore faut-il
savoir ce que l'on cherche. Certes le Graal dépend avant tout
de la manière dont on le comprend, mais surtout de la manière
dont l'homme sage le comprend. Tout le monde ne peut toucher le Graal.
La pureté du coeur suppose un coeur lavé de tout préjugé,
un coeur lucide et une objectivité qui incombe à la tâche
du juge. (Car il est le troisième, au milieu). Ainsi Gauvain,
en état d'extase et trop soumis à la fougue, sera exclu
des mystères du Graal.
Perceval aussi va échouer, pour une raison qui découle
directement de la précédente. Perceval voit le cortège
du Graal, mais la politesse inculquée de sa mère l'empêche
de poser la question qui permettrait de libérer le Roi-Pécheur.
Le juge doit oser poser la question, même si le fait est inconnaissable
comme le Graal est protéiforme, il doit manifester le désir
de savoir. La Vérité est inconnaissable mais le Graal
guérit.
Le juge a une vocation qui dépasse l'égoïsme, qui
demande de se pencher sur les autres par amour. C'est une vocation parmi
d'autres, à laquelle on tend ou non. Ainsi Lancelot se voit exclu
de la Quête du Graal car il ne peut avoir accès à
cette sagesse : il ne sera jamais convié à assister aux
mystères du Graal. La raison en est simple : son Graal, à
lui, est Guenièvre (Comme le disent Jean Markale et Jacques Boullenger).
C'est une raison louable, mais ce n'est pas celle du juge.
Nous l'avons vu, l'office du juge est de rétablir l'équilibre
supposé par sa vocation de chevalier et sa recherche spirituelle
du Graal. C'est un ouvrage d'amour, tendant vers l'équilibre
retrouvé. Le chevalier qui trouve le Graal doit poser la bonne
question au Roi-Pécheur, de chercher à savoir quelle est
la peine qui afflige celui-ci. C'est ce que fait le juge... Sans plaignant,
il n'y aurait pas de juge....
Le juge relève l'homme, mais il a enfin pour but de racheter
l'injustice. A ce titre le thème du prix du sang est prépondérant
dans la Quête: le Graal est intimement lié au sang du Christ
versé pour son sacrifice par les hommes. On peut considérer
cela comme le préjudice. Or la redécouverte de la Coupe
qui a permis de recueillir son sang peut permettre de racheter la mort
du Christ. Balin frappe le Roi-Pécheur avec la même lance
que celle de Longinus, celle dont le sang perle perpétuellement.
Chrétien de Troyes, ne décrit pas le Graal mais sous-entend
l'idée du rachat par le sang. La pucelle qui accompagne Perceval
se saignera ainsi jusqu'à la mort pour soigner la châtelaine
victime d'une maladie horrible. Von Eschenbach fait pire et décrit
un Perceval exécutant les chevaliers défenseurs du château
en leur coupant la tête. Le sacrifice de ceux qui voulaient se
racheter est accompli; le bourreau s'est mis au rang de la victime et
l'équilibre est rétabli. Le rachat passe aussi par la
punition.
La découverte du Graal n'empêchera pas la chute du Royaume
d'Arthur, car la graine du mal n'aura pas pu être déplantée.
C'est le message du Graal: la perfection est inaccessible et demande
d'autres Quêtes. Toutefois la recherche à laquelle se livre
le Chevalier ou le juge est en soi un trésor qui vaut peut-être
plus que le Graal lui-même.
Plus encore que deux théories succsives
et se complétant, l'évolution de la chevalerie par le
Graal est l'adjonction des deux facettes d'une même réalité
juridique. Car: le christianisme n'apporte rien de nouveau. Il complète
par l'esprit ce que les Celtes ont remarqué dans la Nature, ou
ce qu'ils ont oublié d'y remarquer. Ainsi le principe de fidélité
des animaux quand la nécessité de reproduction ne prend
pas le dessus. Le message du Graal est déjà dans la Nature,
quand celle ci est animée par la main de Dieu. Le pourquoi de
la Nature, comme du droit, est dans le Graal.
ASPECT PRATIQUE du droit inspiré par la chevalerie: s'inscrivant
dans une philosophie du droit, il prône l'observation des lois
naturelles et la compréhension de ces lois. C'est peut-être
une des formes de droit les plus rationnelles que l'on puisse imaginer.
La Nature contient en elle-même des lois morales qui n'ont pas
besoin de théologie. Ce sont des lois dont l'efficacité
est garantie car elles participent à la constance de la nature,
seule entité en laquelle on peut réellement avoir confiance
(elle nous nourrit.)
Maintenant que notre droit moderne est réalisé matériellement,
il serait peut-être temps de lui donner un sens, une cohérence.
Un Graal.
On pourra me rétorquer que l'âge de la chevalerie est passé.
Non, pas son esprit ! S'il y en a ici qui se sentent des affinités
avec la chevalerie, il n'est pas trop tard pour retenir l'essentiel
de l'esprit chevaleresque: fraternité, justice, bonne foi.
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