L'auteur de cet
article est professeur de langue roumaine et vit à Craiova, ville
située dans l'Oltenia, une région de l'ancienne Valachie. Il écrit
de la science-fiction, a gagné de nombreux prix et a organisé quelques
clubs de science-fiction à Cernavoda, ville sur le Danube, où il
a été professeur durant quelques années, et à Craiova. Depuis quelque
temps, il réalise une page de science-fiction dans le journal Curierul
National. Le premier octobre, il a commencé le premier cours
de science-fiction dans une université roumaine, à l'Université
de Craiova. L'article suivant, paru dans la page de science-fiction
de Curierul National, présente de façon très succincte l'histoire
de la revue de science-fiction roumaine Colectia de povestiri
stiintifico-fantastice. Plus précisément, l'article fait référence
à la première partie de l'existence de cette revue, soit 466 numéros
allant de 1955 à 1974. Après 1990, la revue est réapparue sous le
nom de Anticipatia- Colectia de povestiri stiintifico-fantastice,
mais une histoire complète de cette revue figurera dans les numéros
suivants de A&V.
La revue roumaine Colectia de povestiri stiintifico-fantastice
(Collection des récits science fantastiques) est la première revue
de science-fiction ayant paru dans tous les pays de l'Est. L'histoire
de CPSF trouve ses racines en 1949, quand le journal Ziarul stiintelor
si calatoriilor (Le journal des sciences & voyages) est
devenu une publication pour les jeunes, soit Stiinta si tehnica
pentru tineret (Science & Vie pour les jeunes) d'après un
modèle soviétique, Tehnica Molodioja.
La naissance du CPSF est liée à l'organisation par Stiinta si
tehnica pentru tineret d'un concours des schite si nuvele
stiintifico-fantastice. (Histoires & nouvelles de science-fantastique).
Il convient ici de préciser qu'en Roumanie, la science-fiction américaine
a été intégrée à cette "science-fantastique", ce qui avait
l'avantage de conserver les initiales SF.
Le grand nombre de textes reçus a démontré le vif intérêt des jeunes
pour cette littérature et rendait acceptable l'idée d'une revue
de science-fiction. Celui qui est arrivé avec cette proposition,
Adrian Rogoz, a terminé second à ce premier concours. En collaboration
avec Virgil Ioanid, rédacteur en chef de Stiinta si tehnica pentru
tineret, ils éditèrent en octobre 1955 le premier numéro d'une
série de 466, série qui survécut jusqu'en avril 1974.
La nouvelle revue avait un format poche (A5) et 32 pages. A l'exception
de l'intervalle compris entre le premier mars 1957 et le 30 octobre
1958, où elle a connu une fréquence de parution trimensuelle, elle
a été bimensuelle, avec un tirage qui, dans les années 60, atteignit
35 000 exemplaires.
Dans les 230 premiers numéros ont été publiés des auteurs roumains
et russes, des textes dominés par l'exotisme ou de vraies histoires
policières ou historiques, sans lien avec la science-fiction. Par
la suite, la revue a ouvert ses pages aux auteurs occidentaux et
américains. Elle a publié des textes signés Dino Buzzati, Jorge
Luis Borges, Ambroise Pierce, Paul Anderson, Clifford D. Simak,
J.H. Rosny-Ainé, etc.
Ces 230 premiers numéros respectaient fidèlement les principes proposés
dans "le programme" présenté dans le deuxième de couverture
du premier numéro, soit la "poursuite des aventures extraordinaires
des héros qui, au prix de bien des difficultés, conquièrent les
montagnes inaccessibles, entrent dans les volcans ou volent dans
des navettes interstellaires. Nos lecteurs vivront en leur compagnie,
connaîtront la grandeur des idées créatrices et le pouvoir de la
pensée humaine. La "Colectia [...]" cherche à cultiver
chez ses lecteurs l'amour pour la science, le courage et l'ambition
nécessaire pour faire les grandes réalisations."
L'intérêt pour les créations nationales restera toujours le même
: preuve en est le rapport entre les auteurs roumains et les auteurs
étrangers publiés, soit deux contre un. Le grand mérite de la revue
est d'ailleurs d'avoir publié tous les grands écrivains de la "génération
d'or" de la littérature roumaine de science-fiction : Horia
Arama, George Anania, Romulus Barbulescu, Vladimir Colin, Ion Hobana,
Gh.. Sasarman, Radu Nor, etc.
Le numéro 140 offrit une nouvelle ouverture : les premières informations
sur le mode de perception de la "Colectia..." par les
lecteurs, ainsi que sur les clubs de science-fiction. Avec le temps,
l'aspect informatif devint plus accentué, en particulier sur la
science, avec des articles sur l'astronomie, une petite histoire
de l'astronautique, des articles sur les OVNIS, les robots, les
télécommunications, l'urbanisme des civilisations disparues et les
rencontres cosmiques, le tout avec un caractère informatif, précédé
d'une présentation biographique des écrivains. Furent également
publiés, à partir de 1970, des articles de synthèse sur la situation
internationale de la science-fiction, comme " Science-fiction-ul
in Italia "par Lino Aldani en 1971," Doua secole de literatura
stiintifico-fantastica poloneza " de Zbibniew Przyrowski en
1972, " Olanda, Belgia si fenomenul SF " d'Alex. Moronov
en 1973, etc.
Florin Manolescu dans son livre Literatura SF écrit : "Seul
la Colectia ...", notre magazine de science-fiction, a été
à la fois une revue de culture SF et, dans ses dernières années,
un bulletin informatif du fandom." |