Le
premier volume dune publication comme celle-ci requiert
sans doute quelques mots dintroduction pour expliquer sa
venue au monde, car le Fortéanisme nest guère
connu en France.
Ce néologisme vient de Charles Fort (1874-1932), un américain
qui consacra sa vie à rechercher dans la littérature
scientifique et journalistique des bibliothèques de New
York et de Londres tous les faits anomaliques que la science de
son époque rejetait ou ignorait, et ce dans tous les domaines.
Il en résulta quatre livres :
The Book of the Damned (1919), New Lands (1923), Lo ! (1931) et
Wild Talents (1932). Leur parution suscita un certain enthousiasme
chez des écrivains et intellectuels qui aboutit à
la création de la Fortean Society par Tiffany Thayer en
1931, dont Fort refusa la présidence car il ne voulait
pas être à la tête dun mouvement didées.
La société publia Doubt, première revue fortéenne
au monde. À partir de là, létude des
faits étranges et des idées bizarres et rejetées
se développa dans le monde anglo-saxon, trouvant un nouvel
essor avec lapparition des premières soucoupes
volantes en 1947 et le développement de la parapsychologie.
Des auteurs comme Vincent Gaddis et John Keel furent parmi les
pionniers de cette nouvelle discipline, dont les organes principaux
furent Fate Magazine et les nombreuses publications de Ray Palmer.
Aujourdhui, la grande revue du fortéanisme est le
Fortean Times de Londres, né de la passion de Bob Rickard,
qui a donné naissance il y a quelques années aux
remarquables Fortean Studies à parution annuelle.
Mais que recouvre ce terme de Fortéanisme ? Il englobe
un grand nombre de domaines différents qui vont de lufologie
à la cryptozoologie, en passant par la parapsychologie,
loccultisme, les conspirations, le folklore, la mythologie,
les sciences et cosmologies alternatives, les théories
archéologiques sur les civilisations disparues ou inconnues
etc
La liste est sans fin car les centres dintérêt
des fortéens sont aussi variés que divers. Leur
caractéristique principale est de ne pas être enfermés
dans un domaine particulier et dêtre ouverts à
toutes les idées, y compris les plus excentriques.
La France a été peu touchée par le fortéanisme
pour diverses raisons. La première est sans doute la barrière
de la langue Le Livre des Damnés a été
traduit en français en 1955 grâce à Jacques
Bergier, ce pionnier dont il faut saluer la mémoire et
linfluence, Lo ! Le Nouveau livre des Damnés ne paraîtra
quen 1981 et la difficulté de trouver les
diverses éditions publiées quasi-confidentiellement.
Une seconde est la spécialisation à outrance de
la plupart des auteurs français : lorsque lon est
un ufologue, on ne connaît pas la cryptozoologie ou la parapsychologie
et inversement. À lexception de Jacques Bergier qui
essaya de faire connaître les fortéens américains
et italiens en publiant dans les années 1970 quelques volumes
de traductions chez Albin Michel, dans la collection Les Chemins
de lImpossible, il ny a quasiment rien. Enfin, le
ridicule qui est attaché dans notre pays à tous
ces domaines hors norme constitue un obstacle puissant au développement
de ces études.
Depuis plusieurs années, au travers de nombreuses discussions
avec Joseph Altairac et Michel Meurger, je caressais le rêve
de publier en France une revue proprement fortéenne, à
côté des diverses revues ufologiques et parapsychologiques
qui existent, ayant un contenu non pas commercial comme celui
de certains magazines distribués en kiosque mais calqué
sur le modèle des Fortean Studies et de The Anomalist.
Le soutien enthousiaste de Philippe Marlin, président de
lAssociation Lil du Sphinx, et dun certain
nombre de chercheurs et amis français et étrangers,
a permis à ce projet daboutir et de constituer un
reflet du fortéanisme mondial contemporain. Vous tenez
le résultat entre vos mains.
Ce premier volume est dédié avec admiration et
affection à la mémoire dun grand chercheur,
qui nous quitté lannée dernière : Bernard
Heuvelmans, le père de la cryptozoologie et un esprit universel,
curieux de toutes choses. In memoriam.
Jean-Luc
Rivera
(Rédacteur en Chef)
Remerciements
:
Outre Philippe Marlin, je tiens à remercier pour ses conseils
précieux et son magnifique travail de mise en page Claire
Panier-Alix ; les différents auteurs qui ont contribué
à ce volume ; Marie-Thérèse de Brosses, Josiane
Kiefer, Joseph Altairac, Jean-Philippe Dain, Jacky Ferjault, Marc
Hallet et le professeur Tassilo von Töplitz pour leur aide
dans la traduction et la relecture des textes.